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DR Congo

Situation humanitaire en RDC mars 2006

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CONTEXTE HUMANITAIRE GENERAL
Les opérations conjointes FARDC/MONUC en Ituri et au SudKivu ont eu pour conséquences, la réorganisation, le réarmement des milices, la multiplication des offensives, l'augmentation des exactions par des groupes armés sur les populations. Les humanitaires ont demandé de manière répétée leur implication effective dans la planification des opérations, en étroite collaboration avec la MONUC et les autorités congolaises. Par ailleurs, les partenaires ont déjà prouvé par le passé leurs capacités de plaidoyer pour obtenir des trêves et des couloirs humanitaires. Concernant le Katanga, suite à la demande du Coordonnateur Humanitaire, la MONUC va déployer environ casques bleus sudafricains à Mitwaba afin de manifester leur présence et favoriser la délivrance de l'action humanitaire dans la zone. Aucun mouvement de la part du 63 ème Brigade ne permet d'envisager leur retrait.

Le départ du général Dunia, l'arrestation du major Alexandre, haut responsable de la milice MayiMayi au Sud Kivu, la reddition potentielle du Chef de Guerre Gédéon au Katanga et l'arrestation de Thomas Lubanga, chef de la milice UPC, n'ont pas encore eu d'impact. La protection des civils à travers tout le pays demeure un défi majeur.

Sur le terrain, la réponse humanitaire reste inférieure aux besoins sur le terrain, le financement du Plan d'Action demeure en deçà de 30% sur les $ 681 millions demandés. La multiplication des exactions et des tracasseries dans le nord de l'Orientale, l'Ituri, le SudKivu et le Katanga a entraîné un grand nombre de déplacements de populations un accroissement des besoins(1). Les informations sur la LRA(2), les SPLA(3), les Mbororo à la frontière entre la RDC, la RCA et le Soudan, ainsi que les problèmes qu'ils suscitent, restent fragmentaires en raison de l'absence d'acteurs humanitaires dans la zone.

Les besoins sont en hausse dans le secteur de la sécurité alimentaire, notamment en Ituri, au SudKivu et dans le nord de l'Orientale, Le mois de mars a également été caractérisé par l'augmentation des problèmes de malnutrition dans toutes les provinces de l'est du pays. Dans le secteur de la santé, des épidémies de choléra, rougeole, coqueluche et gastroentérite persistent dûes, entre autres, à la faible couverture des humanitaires, le manque de sécurité, etc. D'autres maladies réapparaissent comme la peste, le tétanos, la rage.

APERCU PROVINCIAL

Ituri

Plus de 70.000 personnes, dont plus de 12.000 à Bunia, ont été déplacées suite aux fréquents combats opposant les FARDC et les milices, réunies sous la bannière du Mouvement Révolutionnaire Congolais (MRC), mais seuls 20% sont actuellement accessibles. Plus de 20.000 autres se sont réfugiées en Ouganda. Les partenaires humanitaires élaborent des plans d'urgence pour prévenir une telle catastrophe. L'accès est considérablement réduit et l'inquiétude est grande pour la protection des populations civiles - femmes et enfants en particulier. Minés par des problèmes de discipline, des salaires insuffisants, voire inexistants, une logistique absente et une carence en équipements et munitions, les FARDC perdent du terrain face à la réorganisation des milices.

NordKivu

La tempête violente du 8 mars 2006 a causé des dégâts importants dans la zone d'Oïcha et affecté tous les secteurs de la vie des habitants : structures de base - écoles et centres de santé - et maisons individuelles détruites totalement ou en partie. Des dizaines de milliers de personnes, résidents et déplacés confondus, se sont retrouvées brutalement privées d'un abri, de soins de santé et d'éducation.

Tous les territoires (Rutshuru, Masisi, Walikale, Beni et Lubero) et particulièrement la ville de Beni, sont toujours le théâtre d'exactions perpétrées contre les populations. Les FARDC (DEMIAP), les MayiMayi, les FDLR et les ADF/NALU en sont les habituels auteurs, alors que des FDLR viennent se réfugier dans la province devant la pression conjointe des FARDC et de la MONUC au SudKivu. Les autorités militaires ont effectué une inspection afin de vérifier les allégations relatives au mauvais comportement de leurs troupes envers les civils. Le remplacement de la 5 ème brigade par la 2 ème n'a pas résolu la question de l'insécurité dans le Rutshuru.

La communauté humanitaire continue de plaider pour la protection des populations civiles et a obtenu le remplacement de certaines troupes ou d'officiers responsables d'exactions sur les populations. Les participants au programme DDR, dont les activités se poursuivent pourtant, se plaignent de leurs mauvaises conditions à telle enseigne que les EAFGA(4) ont également manifesté à Mangina et Beni. Des mesures ont été prises sous l'impulsion des autorités militaires afin de régler définitivement le conflit autour des limites du Parc National des Virunga et du respect de l'environnement. 10.000 familles ont été ainsi expulsées du parc, augmentant d'autant le nombre d'assistés. Les autorités civiles et militaires ont accepté de permettre l'accès des champs aux déplacés sur l'axe Erengeti à certaines conditions.

Un véhicule d'AAA a été pillé sur la route LuofuMiriki et le personnel d'OXFAMGB à Kirumba a été menacé la nuit par des inconnus armés. La pression sécuritaire a contraint MSFF à redéployer de manière temporaire son équipe de Kanyabayonga à Kayna. Les tronçons RwindiKiwanja, RwindiKanyabayonga, le sud de Lubero sont inaccessibles. Un nombre important de soldats de la 5 ème brigade dans les territoires de Beni et Lubero, de la 84 ème brigade à Nyabiondo, de la 83 ème dans le territoire de Walikale refusent le brassage et ne veulent pas quitter leur zone respective. Un risque de conflits ethniques reste réel avec la distribution de tracts appelant les Hutu à s'opposer aux Nande. Il est également fait état du recrutement de nouvelles forces et d'enfants soldats. Selon de nombreuses sources, les MayiMayi ont réarmé des exEAFGA issus des centres de regroupement de Bingi et Kimbulu, au sud de Lubero.

SudKivu

A la fin du mois, les FDLR ont repris leurs anciennes positions de Mangaa, Ikingi, et Chibiroro et les FARDC se sont repliées sur Kambagete.

Dans le territoire de Mwenga, les FARDC ont conservé le contrôle de l'axe repris au FDLR au début de l'année, malgré les attaques répétées des rebelles Hutu, toujours présents dans les collines et forêts de la zone. L'opposition entre les deux forces a entraîné la fuite des populations vers Mwenga. Une recrudescence d'exactions des FDLR est également signalée à l'ouest du territoire de Walungu. Plusieurs sources ont rapporté la décapitation d'une femme par des FDLR aux environs de Luntukulu. En réponse, la population aurait tué deux enfants issus de viols commis par des combattants FDLR. Par crainte de représailles les habitants auraient déserté les villages.

Le Major Alexandre (MayiMayi) a été arrêté dans le territoire de Shabunda et transféré à Bukavu, mais ses troupes continuent de commettre des exactions sur les civils.

Dans la collectivité de Wakango I, un groupe sécessionniste est apparu dans la localité d'IkangaKasanza avec le soutien des FDLR et réclame la création d'une collectivité secteur. Un villageois s'est autoproclamé Chef de secteur administratif avec l'aide des FDLR, qui leur auraient fourni des armes en échange d'or.

Dans la zone d'Uvira et Fizi, le refus du gouvernement d'ériger Minembwe en territoire et la menace consécutive du RCD de se désengager du processus électoral n'a pas donné lieu à des manifestations violentes, malgré le risque potentiel engendré par des décisions politiques au niveau de l'Assemblée Nationale à Kinshasa.

Katanga

Seules trois ONG internationales sont présentes actuellement dans les triangles : MSFB à Mitwaba, MSFH à Dubie et ACF à Malemba Nkulu. Conformément aux recommandations de la mission ICVA/IDD, une antenne et une maison humanitaires seront ouvertes, respectivement à Mitwaba et Dubie.

A la demande de M. JeanMarie Guehenno, Soussecrétaire des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, le départ officiellement annoncé de la 63 ème brigade de Mitwaba pour le camp de brassage de Kamina devrait soulager la population civile de la zone, mais les opérations de ratissage combinées à ce mouvement font renaître de sérieuses craintes sur la protection des habitants. Toutefois aucun mouvement n'a été enregistré à la fin du mois. Le chef MayiMayi Gédéon, donné pour mort, a fait connaître son intention de se rendre aux troupes de la MONUC, mais les FARDC présents à Mitwaba ont fermé l'aéroport aux Casques Bleus au motif que ces derniers ne les avaient pas consultés pour l'exécution de cette opération. La reddition effective de Gédéon pourrait faire sortir de la forêt un grand nombre de personnes et augmenter sensiblement le nombre de déplacés. Cet acte devrait diminuer le niveau de conflictualité.

Les FARDC ont forcé les populations civiles des villages situés dans les environs de Malemba Nkulu à les accompagner à Mitwaba et les utilisent pour assurer le transport des biens, la cuisine et des corvées diverses. Ces militaires ont fermé des écoles afin de mieux recruter des enfants pour différentes tâches logistique et domestiques. Le déploiement des FARDC à Kilumbe a incité les populations à un retour timide, en prévision du calendrier agricole qui débute en août.

Province Orientale

Kisangani a été ce mois le théâtre de nombreux affrontements : ces derniers on opposé des groupes de jeunes, des rixes entre adhérents des partis politiques concurrents, les manifestations inopinées des étudiants, des tensions entre le GSSP et les casques bleus sénégalais suite à un incident pendant lequel un soldat sénégalais a été blessé par balle, la désertion de combattants MayiMayi des centres d'orientation et de brassage, des soulèvements des militaires à cause des dysfonctionnements du DDR, et les révoltes ainsi que l'évasion de détenus de la prison d'Osio représentent chacun un risque potentiel de dérapage dont les effets peuvent avoir de sérieuses conséquences humanitaires.

Les foyers de tension se multiplient en particulier au nord dans les districts du Haut et BasUele : la LRA ougandaise, la SPLA soudanaise, des pasteurs Mbororo centrafricains, des braconniers libyens et des chefs congolais font subir aux populations des exactions et les incitent à se déplacer. A l'est de Kisangani, les groupes MayiMayi, partisans et opposants au brassage, s'affrontent entre Bafwasende et Opienge. A l'ouest, dans la zone d'Opala et au sud, du côté d'Ubundu, les MayiMayi font la loi sur des civils dépouillés, violés et corvéables à merci. En réponse, la MONUC a installé un team siteà Ango, dans le BasUele.

Après des incursions opérées par la LRA au Sud Soudan, les populations de Dungu ont préféré se déplacer vers Dugu, dans le district du HautUele, afin d'éviter de probables représailles de la SPLA. En outre, les déclarations du président Museveni de poursuivre la LRA sur le territoire congolais participe à la tension suscitée par la présence de ces groupes armés dans le nord de la RDC. Finalement des nombreuses perturbations dans l'approvisionnement de l'électricité à Kisangani pourraient avoir une incidence sur le bon fonctionnement des structures de santé, ainsi que sur la sécurité dès la tombée de la nuit.

Maniema

Une vive tension est née à Kabambare entre la milice locale Raia Batomboki et les FDLR récemment installés sur la frontière entre le SudKivu et le Maniema. Selon plusieurs sources, les habitants ont décidé de chasser tous les Rwandais de la zone afin qu'ils retournent dans leur pays. Les bureaux de l'OMS et d'OCHA ont fait l'objet d'une tentative d'effraction, mais les malfaiteurs n'ont pas réussi à y pénétrer. Le départ de Mungele d'une quarantaine d'exSimba pour le centre de brassage de Kindu devrait soulager les populations de l'est du territoire de Lubutu. La MONUC a pris toutes les dispositions sécuritaires autour d'un UXO découvert à l'aéroport de Kindu.

Notes

(1) Le Mécanisme de Réponse Rapide (RRM) a assisté près de 90.000 personnes par mois depuis le début de l'année

(2) Armée de Résistance du Seigneur, mouvement rebelle actif dans le nord de l'Ouganda depuis 1986

(3) Armée Populaire de Libération du Soudan

(4) Enfants associés aux forces et groupes armés

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