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Situation humanitaire en RDC février 2006

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Contexte humanitaire général
La situation du mois de février a été peu différente de celle de janvier. En effet, les mêmes causes ont provoqué les mêmes effets : de l'Ituri au Katanga, en passant par le Sud-Kivu, les opérations militaires conjointes MONUC/FARDC ou unilatérales des FARDC (Katanga), voire seulement leur annonce, ont occasionné le déplacement d'un nombre élevé de personnes. Les conséquences humanitaires ont été désastreuses et tous les secteurs sont touchés : la sécurité alimentaire, l'eau et l'assainissement ont présenté des gaps dangereux pour les populations, s'ils n'étaient pas rapidement couverts. Protéger les déplacés et les populations locales est demeuré une préoccupation majeure.

Nord-Kivu : Sur l'axe Beni-Oicha-Erengeti, les déplacés et les populations locales ont fait l'objet d'exactions de la part des militaires FARDC : corvées et tracasseries diverses. Kibirizi reste une zone peu accessible en raison de l'insécurité qui y prévaut. Les bureaux de l'ONG Solidarités, au Nord-Kivu, ont été attaqués, mais les assaillants n'ont pu y pénétrer. OCHA a installé une antenne à Kayna afin de mieux coordonner l'assistance aux déplacés de la zone.

Sud-Kivu : Les opérations conjointes MONUC/FARDC ont contraint IMC à quitter la zone de Bunyakiri laissant la population sans assistance, excepté les soins de santé primaire grâce au soutien de cette ONG. Les habitants des hauts plateaux de Bunyakiri et Hombo se sont déplacés vers le nord à Kalehe et Minova. La sécheresse dans la plaine de la Ruzizi et ses conséquences sur la sécurité alimentaire ont conduit des groupes d'habitants à se réfugier au Burundi. La panne sur l'approvisionnement d'électricité à Uvira a entraîné l'arrêt de la distribution en eau et son cortège de problèmes. L'accès à la presqu'île d'Ubwari où sont réfugiés des populations déplacées reste délicat toujours en raison de considérations sécuritaires.

Katanga : Plusieurs ponts sont cassés sur la route de Mitwaba. Malgré ces contraintes, des vivres ont pu être acheminés et distribués aux déplacés. La sécheresse dans certaines zones ainsi que le renoncement à cultiver en raison des razzias répétées des différents groupes armés ont affecté la sécurité alimentaire. Les opérations de ratissage des FARDC dans la zone de Malemba Nkulu ont occasionné de nombreux déplacements de populations vers le sud en direction de Bukama et les îles Nyonga. La recherche du Chef Mayi-Mayi Gédéon, donné pour mort au début de l'année, a obligé les habitants de l'ouest, près de Katala et Kilumbe, à se déplacer également. Cependant, après cette campagne, les villageois ont entamé un retour timide afin de sauver la saison agricole. De nouveaux déplacés sont arrivés depuis janvier dans les Territoires de Kalemie, Manono et Moba en raison d'attaques de troupes Mayi-Mayi alliés à Gédéon. Ces personnes ont été accueillies dans des familles principalement composées de retournés, ce qui accentue l'état de vulnérabilité de ces ménages. La présence de mines, notamment dans le Territoire de Kabalo (nettoyage et destruction en cours par DCA), limite l'accès aux populations vulnérables et empêche aussi le retour des populations dans leurs villages d'origine.

Province Orientale : Des actions du LRA, en provenance du nord-est du Parc National de la Garamba, ont poussé quelque 5.000 personnes à quitter les zones de Dungu et Duru et à s'abriter dans les forêts de l'ouest. Devant cet embrasement soudain, l'IRC a décidé d'évacuer momentanément ses employés, privant de fait les populations d'assistance.

Ituri : des retours massifs ont été signalés dans le territoire de Djugu, dans plusieurs villages, suite à l'amélioration de la sécurité. L'axe Bunia-Mahagi a été accessible et sans tracasseries, excepté au niveau de Kpandroma où les militaires s'en prenaient aux populations civiles. Le territoire d'Irumu a également été accessible, sauf dans sa partie ouest où se sont réfugiés un chef milicien et ses troupes.

Maniema : Les zones de Kasese, Lubutu et Kabamabare restent toujours inaccessibles, d'où une présence humanitaire très limitée. Un nombre important de familles est retourné à Mungele (près de Lubutu), après avoir passé 40 ans dans la forêt de Silisa, dans le Parc National de la Maiko et demeure sans assistance. Les différents contingents présents dans les zones minières -- Libaku ya Suka (FARDC et ex-Simba), collectivité de Babira-Bakwama (Mayi-Mayi) et Salamabila (FARDC) -- exploitent ces ressources et exercent une forte pression sur les populations par des tracasseries de tout genre.

Le travail forcé de plus de 1.500 enfants âgés de 8 à 18 ans, a été signalé dans la zone minière de Salamabila. Les cas de violences sexuelles n'ont pas diminué et ont été régulièrement répertoriés dans toutes ces provinces.

La situation épidémiologique s'est peu modifiée, avec toujours le choléra en Province Orientale, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, à Kalémie et au Katanga (notamment le district du Tanganyika). Dans l'Orientale, Kalémie et Maniema, la méningite et la rougeole continuent de faire des victimes. Une évaluation effectuée par la commission sectorielle a fait état d'une statistique inquiétante : 80% de la population de Kisangani n'ont pas accès à l'eau potable. Dans le Maniema, la résurgence d'une épidémie de rougeole dans les zones de santé de Kindu et de Lubutu est confrontée à une rupture de la chaîne du froid due à une carence en pétrole pour alimenter les frigos. La Division Provinciale de la Santé a signalé des décès provoqués par un syndrome inconnu et caractérisé par des céphalées, de la fièvre et un malaise généralisé, dans les groupements de Balamba et Bambote depuis la fin de janvier. La malnutrition est restée inquiétante dans le District du Tanganyika, particulièrement dans les Territoires de Manono, de Kabalo et de Moba,

Contexte sécuritaire

Ituri : Tout le mois de février a servi de préparation aux troupes MONUC/FARDC qui ont engagé 7 bataillons dans une vaste offensive sur Tchey. Les populations menacées par les FARDC d'être considérées comme des miliciens si elles ne se déplaçaient pas, se sont dirigées massivement vers Aveba. L'opération conjointe est intervenue après plusieurs attaques des milices contre les FARDC.

Nord-Kivu : Des assaillants non formellement identifiés (FDLR, FARDC ou insurgés) rackettent régulièrement les voyageurs sur l'axe Rutshuru-Rwindi.

Sud-Kivu : la recrudescence de l'insécurité, avec même une attaque sur un convoi de la MONUC, a réduit l'accès humanitaire et, par conséquent, l'espace humanitaire. Les FDLR -- ont intensifié leurs activités dans la zone de Bunyakiri, sur la frontière entre les territoires de Walungu et de Kabare. Ils ont opéré également sur l'axe Tubimbi-Mwenga, avec des incursions (tueries, pillages, viols, enlèvements, corvées) et des attaques contre les FARDC. Des militaires de l'armée nationale ont pillé les populations à Luvungi dans le sud de la province.

Katanga : L'accès a constitué la plus grande contrainte dans le centre de la province en raison de la saison des pluies et des attaques Mayi-Mayi sur les véhicules le long de l'axe Likasi-Mufunga-Sampwe. Les populations, régulièrement victimes d'exactions de la part des FARDC ont souhaité le départ de ces troupes dont la présence remonte à 1997. L'arrivée de troupes FARDC et Mayi-Mayi pour le brassage est synonyme d'exactions sur la population. Partout dans le District du Tanganyika, les ex-combattants ont protesté par des manifestations et des troubles contre le retard de paiement de leurs filets de sécurité. Les miliciens Mayi-Mayi conservent leurs capacités de nuisance en attaquant et en incendiant des villages.

Province Orientale : A Kisangani, la tension est montée d'un cran avec l'apparition de batailles rangées entre groupes de jeunes.

Maniema : Des miliciens du groupe de Raija Mutomboki ont tenté une attaque sur Salamabila, mais ont été repoussés par le bataillon des FARDC déployé sur place. Des sources militaires officielles font état d'un mouvement d'un bataillon FDLR, du sud de la province vers le Katanga.

Les populations ont donc continué d'être victimes des exactions de la part des groupes armés durant le mois de Février. Les incursions dans les villages, les combats et les mouvements des groupes armés ont été les causes principales des déplacements de dizaines de milliers de populations. La plupart de ces IDP sont restés sans assistance en raison de l'insécurité qui empêche l'accès à leur site de refuge.

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