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DR Congo

République démocratique du Congo : Plan de réponse humanitaire 2024 (février 2024)

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Contexte et impact de la crise

En 2023, la RDC a continué à faire face à des défis humanitaires persistants liés à l'insécurité croissante dans certaines régions, et des problèmes structurels ancrés exacerbant les besoins humanitaires. Ainsi, la forte dégradation de la situation humanitaire en 2023 a eu des conséquences néfastes pour des millions de personnes, en particulier à l’est du pays.

L'insécurité alimentaire sévère touche plus de 25,4 millions de personnes (Phase 3 de l'IPC ou plus), dont 3,5 millions sont en situation d'urgence alimentaire (Phase 4 de l'IPC).

Dans les zones à forts besoins humanitaires, on compte notamment plus de 802 000 enfants en situation de malnutrition aiguë sévère (MAS), 2,1 millions d’enfants en situation de malnutrition aiguë modérée (MAM) et 1,1 millions de femmes enceintes et femmes allaitantes (FEFA) souffrant de malnutrition aigüe. À la date du 30 novembre 2023, plus de 9,9 millions de personnes sont en situation de déplacement, dont 525 000 réfugiés, 6,46 millions de personnes déplacées internes (PDI), et 2,96 millions de retournés1 , faisant de la crise de déplacement en RDC l’une des plus graves et plus importantes au monde et, la deuxième en Afrique juste derrière le Soudan.

Le pays est touché par plusieurs épidémies, notamment de choléra, rougeole, paludisme et variole du singe. Concernant l’épidémie de choléra, la RDC a été en 2023 le 1er bassin de transmission en Afrique de l’Ouest et centrale avec plus de 50 000 cas suspects et 470 décès, soit 82% de tous les cas notifiés. Il s’agit de la pire situation dans le pays depuis 2017, largement due à l’introduction et la propagation de la maladie dans les sites de personnes déplacées au NordKivu. Plus de 60% des cas suspects sont des enfants.

Quant à l’épidémie de rougeole, elle impacte durement les populations notamment les enfants. La transmission a plus que doublé en 2023 dépassant les 320 000 cas (contre 146 000 en 2022). Les décès ont plus que triplé passant de 1 800 en 2022 à plus de 6 000 en 2023.

Les aléas climatiques engendrent des catastrophes qui continuent de toucher durement les populations vulnérables. Environ 2,1 millions de personnes ont été affectées par les inondations pluviales et fluviales qui ont touché 18 provinces du pays, y compris la ville de Kinshasa entre novembre 2023 et janvier 2024. Ces inondations ont détruit ou endommagé des infrastructures (98 000 maisons, 1 530 écoles, 267 structures de santé) et causé la mort de 300 personnes.

Ce Plan de réponse humanitaire (HRP) 2024 a été élaboré dans un contexte critique pour la RDC notamment sur le plan politique. Le Président sortant Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans à la suite des élections présidentielles, législatives et provinciales de décembre 2023 marquées par une campagne électorale et des élections relativement calmes en dépit de quelques incidents violents localisés et la prolongation des votes dans certains endroits. Cependant et, en raison de l’insécurité, les élections n’ont pas pu se tenir dans les territoires de Masisi et de Rutshuru (NordKivu) et dans le territoire de Kwamouth dans la province de Maï-Ndombe. De façon générale, les personnes déplacées n’ont pas pu exercer leur droit de vote.

Le Conseil de Sécurité a, le 19 décembre 2023, renouvelé le mandat de la MONUSCO pour un an avec la résolution S/RES/2717 (2023), avec pour priorités de protéger les populations civiles et de soutenir la stabilisation et le renforcement des institutions étatiques en RDC, ainsi que les réformes majeures de gouvernance et de sécurité. En réponse à la demande du gouvernement de la RDC pour un retrait progressif, responsable et accéléré de la MONUSCO, le Conseil a également pris « bonne note » du plan de désengagement complet de la Mission comprenant trois phases distinctes et successives, que le Gouvernement congolais et l’ONU lui ont soumis en Novembre. Le Conseil a décidé que la Mission retirera ses forces du Sud-Kivu fin avril 2024, limitant son mandat aux provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri à partir de mai 2024 jusqu'à la fin du mandat actuel, pour « un transfert harmonieux et responsable de ses tâches aux autorités congolaises » « en mettant particulièrement l’accent sur la protection des civils, le transfert de connaissances et de données et le renforcement des capacités ». Le processus de transition des Nations Unies est concomitant au désengagement de la MONUSCO. En effet, le transfert des tâches de la Mission à l’Etat congolais se déroule avec l’appui des Agences, Fonds et Programmes des Nations Unies et les partenaires, selon leurs mandats et moyens respectifs. En raison du retrait de la Mission, un processus de reconfiguration des Nations Unies en RDC est en cours afin d’assurer la consolidation des avancées et répondre aux besoins émergents.
En matière sécuritaire, les affrontements violents entre divers groupes armés non-étatiques et les forces de défense et sécurité congolaises se sont intensifiés au cours de 2023, notamment au niveau des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.

Entre le 21 septembre et le 24 novembre, la MONUSCO a enregistré 716 incidents de sécurité en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. 137 personnes civiles auraient été tuées, dont au moins 60 femmes et 50 enfants, et 229 autres auraient été blessées, dont au moins 13 femmes et 21 enfants. Cette instabilité sécuritaire a provoqué le déplacement de plus de 300 000 personnes en Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu, entre les mois de septembre et novembre 2023. À l’ouest du pays, le conflit intercommunautaire entre les Teke et les Yaka, découlant de litiges fonciers, et de différends concernant l’accès au pouvoir et aux institutions, s’est étendu de la province de Maï-Ndombe aux zones rurales de Kinshasa, y compris la commune de Maluku et les provinces de Kwilu, Kwango et Kongo-Central. À Kisangani, dans la province de la Tshopo, le conflit intercommunautaire opposant les Lengola et les Mbole sur fonds de questions foncières s’est aussi aggravé depuis octobre. 4 553 violations et atteintes aux droits de l’homme ont été documentés par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) entre janvier et octobre 2023, dont 85% commises dans des zones de conflit armé, soulignant la nécessité de renforcer la protection des groupes les plus vulnérables. La RDC comptabilise aussi le plus grand nombre de violations graves vérifiées contre des enfants dans le monde (3 400 violations graves vérifiées en 2022). Au cours du premier semestre 2023, ces violations avaient augmenté de 41%. La crise de protection en RDC est donc critique nécessitant une réponse à la hauteur.

Au niveau régional, des efforts se sont poursuivis pour coordonner et harmoniser les initiatives de paix dans l’est de la RDC. Si le Gouvernement de la RDC a annoncé le non-renouvèlement de la mission de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) (dont le mandat a expiré le 8 décembre 2023), il a autorisé le déploiement de la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) (SAMIDRC) effective depuis le 15 décembre 2023, dans un contexte tendu entre la République démocratique du Congo et le Rwanda ponctué par des accusations mutuelles d’utilisation de groupes armés comme supplétifs et une augmentation des incidents transfrontaliers, tandis que les processus de Nairobi et de Luanda s’enlisent. Les efforts pour mettre en œuvre les décisions convenues dans le cadre des processus de paix de Luanda et de Nairobi se sont poursuivis, quoique à un rythme ralenti, concomitant avec la reprise des combats entre le M23 et les FARDC.

Sur le plan humanitaire le « l’IASC system-wide Scale-up » déclaré le 16 juin 2023 pour les provinces de l’Ituri,
Nord-Kivu et Sud-Kivu a pris fin en le 31 décembre 2023.

Cet élargissement du mécanisme d’urgence a facilité l’expansion des capacités opérationnelles, permettant aux organisations humanitaires d’atteindre près de 3,9 millions de personnes, soit 77% des 5,1 millions de personnes dans le besoin ciblées. Néanmoins, les conflits armés, les restrictions de mouvement du fait des manifestations et des barrières illégales, ainsi que les actes de violence à l’encontre des biens et du personnel humanitaires, ont continué à entraver sérieusement l’accès à l’aide humanitaire.

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