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RDC: Une ONG affirme que le conflit est international, et non seulement local

NAIROBI, le 8 juillet (IRIN) - Les combats dans le district de l'Ituri, au nord-est de la République du Congo (RDC), sont décrits à tort comme une rivalité ethnique locale, alors qu'ils représentent en réalité une bataille constante pour le pouvoir aux échelons national et international, affirme l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW) dans un nouveau rapport rendu public mardi.
Ce rapport de 57 pages, intitulé «Couvert de sang : Violence ciblée contre certaines ethnies au nord-est de la RDC», démontre que les combattants de la région de l'Ituri ont massacré, en raison de leur appartenance ethnique, au moins 5 000 civils au cours de la dernière année.

Mais, révèle HRW, ces combattants sont armés et reçoivent souvent leurs ordres des gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l'Ouganda.

«Les accords entre les gouvernements ne servent pas à grand-chose quand les armées gouvernementales se contentent d'écouler leurs armes à des milices locales. La crise au Congo ne pourra pas être résolue sans que l'on s'attaque à tous les échelons du conflit», a déclaré Alison Des Forges, conseillère à la division Afrique de Human Rights Watch.

«La majorité de la population en Ituri n'est ni hema, ni lendu, les deux ethnies dont les milices sont responsables d'une grande partie des violences actuelles. Mais tous les habitants de l'Ituri ont été forcés de choisir un camp et ils subissent des attaques parce qu'on les croit associés soit aux groupes hema, soit aux groupes lendu», explique HRW.

Durant les derniers mois, les défenseurs des droits de l'homme n'ont pas pu accéder aux zones rurales de l'Ituri, ni n'ont été en mesure de fournir des informations sur des massacres spécifiques de civils. Mais le rapport de Human Rights Watch apporte des informations tangibles, entre autres, sur un massacre de civils survenu à Nyakunde au début de septembre 2002, au cours duquel des combattants lendu ont tué environ 1 200 personnes de l'ethnie hema et de groupes apparentés.

«Durant une période de dix jours, les meurtriers ont fait sortir les gens de chez eux de force, assassinant même des patients dans leur lit dans un hôpital dirigé par des missionnaires. Le massacre de Nyakunde a fait beaucoup plus de victimes que ce l'on croyait savoir», a aussi indiqué l'organisme.

«Les morts violentes sont maintenant devenues un phénomène quotidien en Ituri» et il est arrivé que «les meurtriers aient recours au cannibalisme pour terroriser les gens qu'ils veulent contrôler», d'ajouter Mme Des Forges.

Le rapport accuse tous les groupes armés de recruter des enfants pour le service militaire, dont certains âgés de sept ans seulement.

Les milices ont contraint environ un demi-million de personnes à quitter leurs domiciles. Elles ont ensuite pillé et brûlé leurs demeures. Pour affaiblir leurs ennemis, les diverses milices ont empêché la distribution de nourriture ou d'autres formes d'aide humanitaire aux déplacés et autres personnes dans le besoin, augmentant ainsi le nombre des décès causés par la guerre, signale aussi le rapport. Ce dernier précise en outre qu'au cours des derniers mois, dans une trentaine de cas, des travailleurs humanitaires ont été victimes de menaces, de voies de fait et d'expulsions.

En septembre prochain, la Mission d'observation de l'ONU en RDC, qui doit être renforcée de plusieurs milliers de soldats, demeurera la seule force internationale encore présente dans le pays. Le Conseil de sécurité de l'ONU se prononcera bientôt sur l'envergure et le mandat de cette force.

«Le Conseil de sécurité doit s'assurer que les civils de Bunia et d'ailleurs seront protégés après le départ de la force intérimaire. Ils [les membres du Conseil] doivent fournir les forces de maintien de la paix et le mandat nécessaires pour empêcher que surviennent d'autres massacres ethniques», a aussi plaidé Mme Des Forges.

[Le rapport est disponible sur http://www.hrw.org/french/centralafrica]

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