par Hamadoun Touré
A l'issue de leur dernier Sommet consultatif
de Dar Es-Salaam, les 9 et 10 février 2003, les Chefs d'Etat de la République
Démocratique du Congo et de l'Ouganda avaient défini un nouveau calendrier
de mise en oeuvre de l'Accord de Luanda du 6 septembre 2002. Le 14 février
2003, une réunion ministérielle regroupant des représentants de la RDC,
de l'Ouganda, de l'Angola et de la MONUC s'est tenue à Luanda en vue
de procéder à l'élaboration des modalités pratiques de la mise en place
de cette Commission de Pacification de l'Ituri.
Il est à noter que depuis la signature de l'Accord de Luanda, le 6 septembre 2002, la MONUC n'a épargné aucun effort pour contribuer activement à la pacification de l'Ituri. C'est dans cette optique que de multiples initiatives ont été engagées avec toutes les parties concernées pour les amener à cesser les hostilités pour oeuvrer à la mise en place de la Commission de Pacification ainsi que le rétablissement d'une autorité administrative acceptée de tous. A cet effet, la MONUC a établi des contacts avec les représentants des communautés de base et des forces sociales, y compris les groupes armés actifs en Ituri, afin de les inciter à rechercher une trêve locale et instaurer ainsi un climat d'apaisement propice à l'aboutissement des efforts de pacification et de normalisation de la situation dans cette contrée ensanglantée de la République Démocratique du Congo.
La MONUC se réjouit que sa proposition consistant à organiser une cérémonie de signature d'un accord de cessation des hostilités par tous les protagonistes ait été approuvée par la réunion ministérielle de Luanda, en prélude au lancement effectif de la Commission de Pacification de l'Ituri, prévue le 25 février 2003.
Néanmoins, le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la RDC regrette profondément de constater que, le jour même où se tenait la réunion ministérielle de Luanda, le 14 février, l'Union des Patriotes Congolais (UPC) de Thomas Lubanga publiait un communiqué de presse faisant état du rôle prétendument partisan de la MONUC et remettant en cause la participation d'autres groupes de l'Ituri dans le processus de pacification de l'Ituri. Le communiqué de l'UPC exprime aussi des doutes sur la bonne foi de l'Ouganda et du gouvernement de la RDC. Le Représentant spécial déplore les griefs injustifiés contre la mission onusienne, qui n'est pas signataire de l'Accord de Luanda et ne saurait en aucun cas être accusée de partialité.
Le Représentant spécial constate en particulier que la décision de l'UPC d'empêcher la participation de certains acteurs de la crise en Ituri aux efforts de cessation des hostilités et de pacification aura inéluctablement pour conséquence d'entraîner le report de la cérémonie de signature d'un accord de cessation des hostilités qui devait avoir lieu le 19 février 2003 à Bunia. Les objections de l'UPC auront aussi pour effet de compromettre gravement le lancement de la Commission de Pacification à la date prévue.
Face aux obstacles persistants, la MONUC a eu des consultations avec les parties à l'Accord de Luanda et il a été décidé de suspendre provisoirement le calendrier d'application de l'Accord de Luanda, tel qu'amendé à Dar Es-Salaam et à Luanda afin de se donner le temps nécessaire pour procéder aux contacts appropriés en vue de la poursuite du processus de pacification. Toutefois, le Représentant spécial du Secrétaire Général exhorte l'UPC à renoncer au blocage des efforts en vue de la signature d'un accord de cessation des hostilités et le lancement de la Commission de Pacification. Il en appelle à toutes les autres parties impliquées de près ou de loin dans la situation en Ituri à s'abstenir de toute initiative de nature à compromettre davantage les efforts de pacification de cette région, meurtrie par le climat d'insécurité ainsi que les souffrances effroyables de la population.