KINSHASA, 28 janvier (IRIN) - La
population indigène du district d'Ituri dans la Province Orientale, au
nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a appelé le gouvernement
de Kinshasa à créer un tribunal pénal pour traduire en justice les personnes
accusées de crimes à leur encontre, y compris le meurtre et le cannibalisme.
"Nous sommes ici pour exiger des
autorités de ce pays qu'elles créent un tribunal," a indiqué à IRIN
Abengandula Baloi, responsable de la délégation des populations indigènes
-communément appelées pygmées - de l'Ituri arrivée à Kinshasa depuis jeudi
dernier.
Les cinq délégués ont lancé leur appel à l'issue d'un séminaire des droits de l'homme pour les pygmées qui s'est tenu du 20 au 25 janvier dans la capitale. L'un des délégués pygmées, Nzoki Amzati, a affirmé qu'il avait été témoin d'actes de cannibalisme commis par des soldats du Mouvement de libération du Congo (MLC).
"Je rentrais des champs et j'ai eu le temps de me cacher dans les buissons, d'o=F9 j'ai pu voir des membres de ma famille tués et mangés par des soldats de Jean-Pierre Bemba [chef de file du MLC]," a raconté M. Amzati, qui réside à Teturi, près de la ville de Mambasa o=F9 la majorité des massacres a eu lieu.
Depuis ma cachette, j'ai vu des soldats arracher le coeur d'un enfant puis le manger après l'avoir fait rôtir sur un feu," a-t-il ajouté.
La délégation des pygmées d'Ituri faisait partie d'une trentaine de pygmées venue participer au séminaire des droits de l'homme organisé par deux ONG, la Fondation Ipakala et le Centre international de défense des droits de Batwa. Huit pygmées assistant au séminaire venaient du Congo voisin tandis que les 22 autres délégués étaient originaires de la RDC, des provinces de Bandundu, Katanga et Orientale.
Les organisateurs du séminaire ont informé les pygmées sur le droit humanitaire international, notamment sur la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Charte africaine sur les droits de l'homme et des peuples.
"Nous exigeons une politique de protection en faveur des pygmées, car il est inconcevable qu'il existe une politique de protection pour les animaux de la forêt et non pour les pygmées, qui sont des êtres humains au même titre que nous," a plaidé Prosper Nobirabo, l'un des organisateurs du séminaire.
La mission de l'ONU en RDC, la MONUC, a confirmé le 15 janvier que des groupes rebelles du nord-est du pays avaient commis des actes de cannibalisme. La MONUC a indiqué avoir reçu des témoignages faisant état d'actes de cannibalisme et d'actes de contrainte au cannibalisme par des soldats des forces du MLC et de son allié, le RCD-National, à Mambasa et Mangina, respectivement à 50 km et à 70 km au nord-ouest de Beni.
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