KINSHASA, le 22 septembre (IRIN)
- Le gouvernement d'union nationale de la République Démocratique du Congo
(RDC) a décidé de dépêcher une police mixte en Ituri, dans le Nord-Est
du pays où les combats entre groupes armés et les massacres de populations
civiles continuent, a annoncé samedi Azarias Ruberwa, l'un des vice-présidents
de la RDC, en charge de la commission politique, défense et sécurité.
"Pour arrêter l'idée que Bunia [le chef-lieu de l'Ituri] est sous protectorat [des Nations Unies], le gouvernement a décidé entre autres d'y envoyer une police mixte constituée d'éléments de la police de l'ancien gouvernement, du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), du Mouvement de libération du Congo (MLC) et des Mayi-Mayi," a-t-il déclaré.
Cette police, a-t-il poursuivi, sera opérationnelle d'ici le mois de décembre.
Trois millions de dollars seront nécessaires pour réunir les 3.035 hommes des principales anciennes parties belligérantes qui formeront cette brigade.
Le gouvernement a néanmoins déjà obtenu les promesses de financement de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement (BAD), a complété le vice-président.
La création de cette police mixte est, selon Azarias Ruberwa, une des priorités du gouvernement. Cette nouvelle brigade devra, en effet, remplacer les éléments de la MONUC qui assuraient le maintien de l'ordre public en Ituri. Elle travaillera, en revanche, de concert avec la Brigade Ituri, le nom des nouvelles forces de la MONUC déployées dans la région depuis le premier septembre.
Plus de 2.400 hommes de la Brigade Ituri opèrent déjà en Ituri. En vertu de la résolution 1493 du Conseil de sécurité des Nations Unies, le recours à la force, pour notamment protéger la population civile, est autorisé si les circonstances l'exigent.
L'ancien gouvernement avait envoyé à Bunia, au mois de mai dernier, un contingent de 500 policiers à la suite des affrontements entre les groupes armés. Ces éléments avaient cependant été rapatriés à Kinshasa à la demande de la MONUC. Ces policiers n'avaient, en effet, pas pu empêcher les massacres de près de 350 personnes. Ils étaient, par ailleurs, accusés d'avoir fourni munitions et appui à certains groupes armés dans la région.
Concernant l'envoi de la police mixte, la MONUC affirme n'avoir pas été officiellement avertie par le gouvernement.
"Nous ne savons pas dans quelle mesure notre intervention est attendue, mais nous serons d'accord pour apporter notre concours dans la mesure du possible... Il s'agit d'un gouvernement souverain qui peut décider comme il l'entend," a déclaré Hamadoun Toure, le porte-parole de la MONUC.
Cette brigade remplacera également en décembre prochain les 700 militaires ghanéens et tunisiens de la MONUC déployés à Kinshasa pour assurer la sécurité des acteurs des institutions transitoires. L'intervention des forces onusiennes avait été exigée à l'occasion du dialogue inter-congolais entre les différents belligérants en Afrique du Sud.
Azarias Ruberwa a cependant relevé la nécessité de procéder à l'installation d'un commandement intégré de la police à l'instar de ce qui avait été réalisée pour la nouvelle armée unifiée. Cette dernière est désormais dotée d'un état-major et d'un commandement commun depuis le début du mois de septembre.
Au terme de trois mois d'exercice du pouvoir, le gouvernement d'union nationale, a estimé Azarias Ruberwa, peut se prévaloir "d'un bilan suffisamment positif".
"Très peu de personnes croyaient en ce gouvernement. Mais, tout marche bien et presque sans conflit... Nous avons [notamment] réussi à concrétiser ce qui était un rêve il y a encore quelque temps: un état-major général et un commandement unique de l'armée," a affirmé le vice-président.
Le gouvernement d'union nationale regroupant les belligérants congolais a été installé le 30 juin dernier conformément aux prescriptions du dialogue inter-congolais. Il doit mettre fin à plus de quatre années de guerre et conduire la RDC à des élections générales à la fin de la période transitoire dans deux ans. Plus de trois millions et demi de personnes sont mortes durant cette guerre.
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