Camine Camerini/Monuc
Une réunion des Chefferies et des Chefs des Secteurs de l'Ituri, s'est tenue au Quartier général de la MONUC le 21 juin 2005. La rencontre organisée à un moment crucial pour l'avenir de l'Ituri avait pour objectif de rapprocher les pouvoirs traditionnels des autorités nationales. Elle a été présidée par Mme Dominique Mc Adams, Directrice du bureau de la MONUC à Bunia et co-présidée par les autorités du district.
Les interventions ont porté notamment sur le rôle et les responsabilités des chefs coutumiers en ce qui concerne le processus de pacification, le désarmement et les élections. Représentants d'une partie du pouvoir, le rôle et les responsabilités des pouvoirs traditionnels sont aujourd'hui d'autant plus importants que l'Ituri est à un carrefour historique. D'un côté, la guerre en Ituri a été à la base de morcellement du pouvoir, alors que de l'autre côté, grâce au Programme nationale désarmement, démobilisation et réinsertion (PNDDR) et au processus électoral, elle a une chance historique de sortir de la période de l'après-guerre.
Ainsi, les Chefs coutumiers sont garants de la paix et doivent s'occuper du désarmement et de la réinsertion. Ils doivent apprendre à leurs communautés les horreurs de la guerre, montrer le courage de dénoncer les violences, et éviter toute complicité avec ceux qui ne veulent pas la paix. Si la prolifération des armes a permis les pires violations des droits humains, comme l'a dit le chef de bureau de la MONUC/Bunia, Dominique MC Adam dans son allocution «...il faut désarmer son cour avant de désarmer sa main...» Aussi, faut-il éviter la méthode de la vengeance et recourir aux voies de la justice. Or, vu que les Chefs traditionnels représentent une partie de la justice, ils sont aussi appelés à l'appliquer de manière neutre, équitable et impartiale.
Dans tous les pays il y a une histoire de résistance. Ainsi, dans le cadre du processus de désarmement, il faut qu'ils se désolidarisent avec les réfractaires et les récalcitrants, car la paix se fait par ceux qui veulent la paix. De même, dans cet esprit et objectif de paix, ils doivent encourager la coopération transfrontalière.
Pour ce qui concerne le rôle des Chefs coutumiers dans ce rendez-vous historique des élections, un appel leur a été lancé pour qu'ils prêtent main forte au processus électoral, en vue d'empêcher que personne ne soit privé du droit de vote. En effet, il y a des endroits inaccessibles et des villageois déplacés.
Or, s'il est vrai que c'est du devoir du gouvernement et de la Commission Electorale Indépendante (CEI) de résoudre ces problèmes, il appartient surtout à la population dans son ensemble, dans son envie et son courage, d'aller voter et défier toutes les difficultés, y compris celles liées à la sécurité et à la menace des miliciens. C'est le sens à donner à ce double rendez-vous historique avec la paix et la démocratie que le peuple congolais en général, et les Ituriennes et Ituriens en particulier sont appelés à ne pas rater.
Déclaration
Pour exprimer leur volonté politique d'agir dans cette direction, les 46 Chefs traditionnels présents ont publié une déclaration commune dans laquelle ils s'engagent à soutenir les autorités légales et légitimes établies, ainsi que les processus de pacification, de désarmement et les élections. De même, une forte condamnation contre toute forme de violence contre la MONUC, la population, les autorités locales et les organisations humanitaires a été exprimée. Par conséquent, les chefs traditionnels ont également condamné avec fermeté l'enlèvement de l'Administrateur du territoire d'Irumu, Denis Zitono Bagota, et du chef de la chefferie de Walendu-Bindi, Akobi Tshomi Katirogo Edouard, pris en otage le 9 juin 2005 par des miliciens du mouvement dissout FRPI et pas encore libérés jusqu'à ce jour.