Isangi, le 16 avril 2010(caritasdev.cd) : plusieurs localités du Territoire d'Isangi, District de la Tshopo, en Province Orientale, sont frappées par les inondations, causées par une montée des eaux du fleuve Congo et de ses affluents, observée au début du mois d'avril à Kisangani et dans d'autres villages situés le long du fleuve. Alertés par les Autorités locales, Caritas Isangi et la Croix-Rouge de la RDC, des acteurs humanitaires ont effectué une mission d'évaluation du 05 au 07 avril dernier pour vérifier les informations transmises et évaluer la situation humanitaire des populations affectées, rapporte caritasdev.cd
Deux morts déplorés, manque d'eau potable, toilettes et champs inondées...
Le rapport de la mission renseigne que les localités visitées, comme Yandjali (1.906 habitants) et de Yambasi (1.906 habitants) sont complètement inondés, y compris les postes de santé et les écoles. Les membres de la mission n'ont pas pu descendre du speed boat (bateau rapide) à Yandjali où le niveau d'eau dans le village était estimé à environs 1,5 mètres. A Yambasi, la mission a d'abord transité du speed boat dans une pirogue à pagaie pour arriver dans le village. C'est d'ailleurs grâce aux bottes prêtées par les habitants de ce village que les membres de la mission ont pu effectuer leurs visites.
Les populations de ces villages ne se sont pas déplacées. Elles se sont construits des étalages (pilotis) sur les eaux dans des maisons inondées ou en plein air pour celles dont les maisons se sont écroulées ou en voie d'écroulement .ces constructions sur pilotis au-dessus des eaux constituent un modus développé par ces populations riveraines pour faire face aux inondations en attendant la baisse du niveau des eaux.
Mais, cette technique architecturale n'est pas sans risque. Ainsi, à Yandjali, un bébé dormant sur un étalage est tombé dans l'eau et a été retrouvé mort par sa mère. A Yambasi, une jeune fille de 12 ans a été trouvée morte, noyée, alors qu'elle était allée puiser de l'eau le long du fleuve.
En outre, la mission a relevé le risque de très grande épidémie compte tenu du manque d'eau potable et de mauvaises conditions d'hygiène et d'assainissement. En effet, les toilettes familiales et celles des institutions d'intérêt public (écoles, structures sanitaires) sont complètement inondées. Les populations défèquent dans les eaux d'inondations mélangées aux eaux du fleuve qui est aussi utilisé pour des besoins domestiques. Les villages de Yandjali et Yambasi n'avaient pas d'ouvrages aménagés d'eau avant l'inondation.
Quant au logement, il apparaît difficile d'envisager une construction d'abris d'urgence avec le niveau actuel d'eau. Plusieurs sources concordantes affirment que ces populations n'admettent pas l'idée d'un déplacement temporaire en attendant la baisse d'eaux, avis partagé par les personnes affectées interviewées par les membres de la mission.
En matière de sécurité alimentaire, des champs de riz pluvial et de manioc sont inondés dans le localités de Yambasi,Yatamba et d'autres villages. A Yatamba, la mission a constaté que certains paysans ont arraché précocement le manioc. Partant d'une moyenne de 0.5 ha cultivée par ménage, les sources locales estiment que près de 140 ha de champs seraient inondées à Yambasi alors que le chef du village de Yatamba rapporte que 55 champs sont inondées dans son villages. Vu le niveau des eaux, la mission n'a pas pu évaluer la superficie des champs inondés.
La basse cour n'existe presque pas et les élevages des ruminants manquent de pâturages. Le marché de Yandjali comme ceux des autres villages sont inondés. Pareil pour les écoles de Yatamba et Yandjali, même si leurs bâtiments tiennent encore. La reprise des cours après les vacances de pâques est d'ores et déjà retardée.
Renforcer la surveillance épidémiologique
Plusieurs recommandations ont été formulées à l'issue de cette mission conjointe. Sur le plan de l'eau, hygiène et assainissement, la mission a recommandé un appui d'urgence au traitement d'eau à Yambasi, Yandjali, Yalikina, Yaongowa, Yasangandjia et Yælomba (cluster Wash) ; le curage des ouvrages d'eau existants dès que le niveau des eaux baisse (cluster Wash) et la construction des ouvrages d'eau potable à Yambasi, Yandjali et d'autres villages sévèrement inondés.
En ce qui concerne la santé, il est recommandé de renforcer la surveillance épidémiologique. Le Médecin Inspecteur Provincial devrait instruire les Médecins chef de santé sur les zones concernées inondées afin de transmettre les données par aire sanitaire (DPS) et donner des instructions claires sur l'utilisation des kits basiques remis au Bureau Central de la Zone de Santé(comité provincial de crise).
Par rapport à la sécurité alimentaire, la Mission a émis le vœu de refaire une évaluation approfondie dès que le niveau des eaux baisse, et suivre la situation nutritionnelle dans les zones affectées.
Pour rappel, cette situation désastreuse a incité le Ministre provincial de la Santé et Affaires Humanitaires à convoquer une réunion d'urgence le jeudi 01 avril 10 en vue d'informer les partenaires humanitaires sur les dégâts causés par les inondations. C'est ainsi que l'envoi d'une mission conjointe a été décidé. Elle a compté 7 personnes: Dr Etienne Mahangaiko Lembo (UNICEF), Dr Philippe Libande (Division Provinciale de la Santé), Michel Lokonda (FAO), Emmanuel Bofoe (Caritas/Allemagne), Dr Dieudonné (MCZ/Isangi), Sr Marie-Madeleine Bofoe (Caritas/Isangi) et Jacques Ajaruvwa Wathum (OCHA).
A part les localités où les formations sanitaires ont été inondées, telles que la zone de santé de Yanomami (aire de santé Yaokasanga), Yanyango (aire de santé losase), Yandjali (aire de santé yaelomba), yatamba et yalekama (aire de santé yalikina), la mission a également visité au passage les villages de Yasanga,yekila,ilambi,yalolongi et Ifiti et la Zone de Santé de Yalucha et Lotokila. Dans son rapport parvenu à caritasdev.cd, la Mission remercie
Sincèrement toute la population des villages sinistrés qui, en dépit des conditions très difficiles, les ont bien accueillis et leurs ont prêté des pirogues et des bottes pour leur faciliter le travail. Sa gratitude s'adresse aussi à la communauté des sœurs de la sagesse d'Isangi, à travers son responsable, Sœur Marie-Madeleine Bofoe, pour son hospitalité et son soutien logistique à la mission. La Mission exprime enfin sa reconnaissance à l'Antenne OMS/Kisangani pour son soutien logistique, particulièrement la mise à sa disposition son speed boat (bateau rapide). 071/2010
Par Sandra Mbombo K. et GM Kamandji