New York/Genève, 23 avril 2025 - La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles en période de conflit, Mme Pramila Patten, le Sous-Secrétaire général et Directeur exécutif adjoint pour la gestion du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Andrew Saberton, et la Haute-Commissaire assistante chargée de la protection au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Mme Ruvendrini Menikdiwela, tirent la sonnette d'alarme sur l'impact dévastateur qu’a le conflit prolongé dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en particulier sur les femmes et les enfants, et expriment leur vive inquiétude face aux risques croissants de violence sexuelle liée au conflit.
Les récentes offensives et les attaques accrues menées par des groupes armés non étatiques dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu depuis le début de l'année 2025 ont contribué à une augmentation considérable des violences sexuelles liées au conflit. Les sites où vivaient les personnes déplacées à l'intérieur du pays ont été détruits et les civils ont été déplacés de force vers des zones dépourvues de protection ou de soutien adéquat, augmentant ainsi les risques de violence.
Le pillage des approvisionnements et la restriction de l'accès humanitaire ont aggravé la situation des survivant.e.s de violences sexuelles liées au conflit, tandis que l'insécurité s'étend aux pays voisins, les réfugiés congolais ayant un besoin urgent d'aide humanitaire, y compris d'un soutien sanitaire et psychologique.
La RDC compte un nombre record de plus de 7,8 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, tandis que 1,1 million de Congolais supplémentaires, qui ont fui des années de violence, sont accueillis par les pays voisins.
Les Hauts-fonctionnaires de l'ONU avertissent que la violence sexuelle est largement et systématiquement utilisée par les parties au conflit, y compris contre les femmes et les enfants, comme tactique de guerre pour terroriser et punir les populations civiles. Les incidents de violence sexuelle sont très peu signalés par crainte de la stigmatisation, des risques de représailles et de l'insuffisance des services et de l'aide humanitaire. Cette horrible tendance s'inscrit également dans un contexte plus large de violations graves à l'encontre des enfants, notamment le recrutement et l'utilisation, l'enlèvement et d'autres formes de violence. "Dans le contexte de cette crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, les conditions de vie des femmes et des enfants continuent de se détériorer. Leur vie est suspendue à d'innombrables jours d'attente d'actions plus fortes de la part de la communauté internationale", ont déclaré les Responsables de l'ONU.
Plus de la moitié des réfugiés qui ont fui la RDC vers les pays voisins sont des enfants; beaucoup d'entre eux sont susceptibles d'avoir subi des violences graves, y compris des violences sexuelles. Leur situation est exacerbée par des conditions d'accueil difficiles dans les pays d'asile, en grande partie dues à l'impact de la réduction du financement de l'aide humanitaire. Les Responsables des Nations unies appellent toutes les parties à mettre en œuvre la résolution 2773 (2025) du Conseil de sécurité et à prendre des mesures urgentes pour cesser et prévenir toute forme de violence sexuelle liée au conflit, tout en assurant la protection et l'accès rapide aux services pour les survivant.e.s, en maintenant des politiques de portes ouvertes pour les personnes déplacées de force en provenance de la RDC, et en respectant leurs obligations en vertu du droit international. L'accès des survivant.e.s aux traitements, notamment aux soins médicaux, aux services de santé sexuelle et reproductive, à la gestion des cas et aux services de santé mentale, ainsi qu'aux services de protection vitaux, est limité.
Les services sont également affectés par les hostilités, y compris les attaques directes sur les hôpitaux ainsi que les pénuries de fournitures médicales, y compris les kits de prophylaxie post-exposition (PPE) qui sauvent des vies. "Nous demandons instamment à toutes les parties de garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave aux personnes dans le besoin, en particulier aux enfants et aux victimes de violences sexuelles. Nous appelons également à une action urgente pour renforcer la responsabilité, mettre en œuvre des réponses sensibles au genre et centrées sur l'enfant, rétablir l'aide vitale et soutenir le plan humanitaire pour aider les survivant.e.s de la violence sexuelle liée au conflit à retrouver leur santé et leur dignité", ont conclu les Responsables de l'ONU.
Pour les demandes des médias concernant le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, veuillez contacter Mme Géraldine Boezio (+1 917 367 3306 / geraldine.boezio@un.org)
Pour les demandes des médias concernant le Bureau de la Représentante spéciale sur les enfants et les conflits armés, veuillez contacter Mme Fabienne Vinet (+1 646-537-5066 / vinet@un.org)
Pour les demandes des médias concernant l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), veuillez contacter Mme Eujin Byun (+41 79 747 8719 / byun@unhcr.org)
Pour les demandes des médias concernant le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), veuillez contacter Mme Selinde Dulckeit (+1 646 410 3963 / dulckeit@unfpa.org)
Informations générales: Avant que les récentes hostilités n’éclatent, le pays était déjà en passe d'enregistrer des niveaux records de violations graves à l'encontre des enfants, y compris de violences sexuelles. Depuis au moins cinq ans, la RDC est le pays qui enregistre le plus grand nombre d'incidents vérifiés de violence sexuelle dans les conflits, parmi toutes les situations inscrites à l'agenda enfants et les conflits armés. La RDC est couverte par les rapports annuels du Secrétaire général sur les violences sexuelles liées aux conflits, qui sont compilés par le Bureau de la RSSG sur les violences sexuelles en conflit depuis 2012. La RDC reste également le pays qui enregistre le plus grand nombre de cas de violences sexuelles liées aux conflits vérifiés par l'ONU, année après année.