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DR Congo

RDC : apaisement relatif après les engagements de Goma

Déo Namujimbo

Une semaine après la clôture de la Conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement du Nord et du Sud-Kivu, les objectifs semblent se concrétiser. Mais beaucoup de zones d'ombre persistent, notamment sur la réelle mise en application de l'acte d'engagement. Reportage à Goma et à Bukavu.

Réunis depuis le 28 janvier à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu à l'est de la République démocratique du Congo, les chefs et porte-parole d'une dizaine de milices et groupes armés venus de tout l'est du pays se concertent sur les moyens de rendre effectifs leurs engagements pris à l'issue de la récente Conférence de paix, sécurité et développement de ces deux provinces sinistrées par les guerres. Pour rappel, dans l'acte d'engagement signé le 23 janvier à Goma, il est stipulé que " toutes les troupes doivent cesser les hostilités sur tous les terrains militaires, se joindre à l'intégration dans l'armée régulière ou à la réinsertion dans la vie civile, et s'engager à arrêter tout acte de violence ou de discrimination à l'endroit des populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants (...). ".

"Nous sommes venus à Goma pour montrer notre réelle détermination à rechercher la paix en déposant les armes comme promis, mais aussi pour étudier avec le gouvernement et la communauté internationale les modalités de mise en application des accords de Goma, déclare Bikoy Mukongo, chef de la milice Maï-Maï Kifuafua, opérationnelle sur l'axe Walikale. Tout le monde est fatigué de la guerre, nous en sommes conscients plus que quiconque, et nos revendications ont été prises en compte au-delà de nos propres attentes".

De fait, pendant plusieurs jours après le 23 janvier, contrairement aux trois dernières années, aucun affrontement majeur n'a été signalé entre l'armée et les groupes armés, aucun village n'a été attaqué. " Qui pouvait s'imaginer qu'en quelques jours nous pouvions retrouver la quiétude et la tranquillité qui nous ont tant fait défaut si longtemps ?, s'étonne le commerçant Léonard Polepole qui revient d'une de ses longues - et jusque-là périlleuses - tournées de Butembo à Uvira, soit près de 600 km, de l'extrême nord du Nord-Kivu à l'extrême sud du Sud-Kivu . On peut enfin circuler avec son argent et ses marchandises sans crainte d'être au mieux dévalisé, au pire assassiné. Pourvu que cela dure ... ".

Trop beau pour durer ?

Justement, cela semble trop beau pour durer, si l'on en croit bon nombre d'observateurs qui trouvent que les décisions prises à l'issue de la Conférence n'ont pas été assez explicites sur certains points, notamment les mesures à prendre en cas de rupture des engagements pris. "Tel que je connais les chefs de guerre, se désole Jean-Marie Hamisi de la société civile de Katana, je ne serais pas étonné que demain d'autres reprennent les armes, tuent, volent, pillent et violent pour qu'en fin de compte ils imposent l'organisation d'autres conférences à l'issue desquelles ils obtiendront des grades dans l'armée ou de hautes fonctions dans la politique et l'administration ".

Comme pour lui donner raison, la 10ème région militaire a mis la main le 29 janvier, à Lubarika, dans la plaine de la Ruzizi frontalière avec le Rwanda et le Burundi, au Sud-Kivu., sur un ancien militaire et 12 de ses officiers surpris en pleine campagne de recrutement de jeunes pour donner un nouveau souffle à la milice « Brigade Alupanda ». Cela pendant que l'on attend toujours la libération de 14 officiers des Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc) kidnappés sur les hauteurs d'Uvira le jour même de la clôture de la Conférence de paix par les soldats dissidents banyamulenge (tutsi congolais) qui les auraient emportés dans les hauts-plateaux de Minembwe pour s'en servir comme instructeurs. A n'y rien comprendre quand on considère que ces « insurgés », qu'on dit proches de l'ancien vice-président du pays Azarias Ruberwa, sont ceux-là même qui, plus même que le CNDP de Laurent Nkunda, ont clamé le plus haut et le plus fort à Goma leur volonté de déposer les armes séance tenante pour rejoindre les rangs de l'armée régulière.

D'autre part, au moins 10 rebelles du Front de Résistance Patriotique en Ituri (FPRI) ont été tués le 29 janvier également à Tcheyi, une ville située à 100 km au sud de Bunia, la principale ville d'Ituri, lors d'opérations de l'armée régulière. Des milliers de civils ont fui la région, selon des sources militaires et humanitaires.