Kinshasa - 7 novembre 2008 - Une équipe multidisciplinaire de la MONUC a effectué ce jour, à Kiwanja, localité située à 2 km de la cité de Rutshuru (65 km au Nord de Goma), une première mission d'établissement des faits suite aux nombreux rapports reçus faisant état de plusieurs morts de civils dans cette localité au cours et après les combats qui y ont opposés le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et des éléments Mayi Mayi du mouvement des patriotes résistants congolais (PARECO), entre le 4 et le 6 novembre 2008.
Sur place, l'équipe de la MONUC n'a observé aucune présence de combattants Mayi Mayi. Elle a par contre vu des éléments du CNDP armés. La ville était largement désertée, et quelque 5000 déplacés avaient trouvé refuge autour de la base mobile opérationnelle de la MONUC à Kiwanja qui compte 138 Casques bleus.
Au cours de sa mission, l'équipe de la MONUC a reçu des rapports crédibles de morts d'un nombre important de civils survenus au cours et au lendemain des combats. Des témoins ont décrit des incidents au cours desquels des civils ont perdu la vie, tant le 4 novembre, lorsque les éléments PARECO ont tenté de reprendre le contrôle de la ville de Kiwanja aux mains du CNDP, qu'au cours de la contre offensive du CNDP qui a entraîné le retrait des éléments PARECO, le 5 novembre. Le nombre des civils morts au cours de ces combats n'a pas pu être établi avec certitude.
L'équipe a également reçu des rapports crédibles selon lesquels, juste après que les forces Mayi Mayi aient abandonnées la ville aux mains du CNDP le 5 novembre, des civils auraient été ciblés dans des attaques de représailles. La MONUC a visité 11 sites de tombes communes, qui contiendraient selon les témoins 26 corps, des combattants et des civils. Certaines sources ont donné des chiffres plus élevés de victimes civiles mais qui restent à vérifier.
Ces informations ne sont que les résultats d'une mission préliminaire d'établissement des faits, et nécessitent une investigation approfondie. A l'heure actuelle, il est impossible de déterminer le nombre exact de morts civils au cours de ces événements. Cependant, il est clair que des violations graves des droits de l'Homme et du droit humanitaire international ont été commises à Kiwanja, entre le 4 et le 6 novembre. L'équipe a été informée par les Casques bleus et de nombreux témoins que certains des combattants portaient des vêtements civils.
Entre le 4 et le 6 novembre, les Casques bleus de la base de Kiwanja ont continué à patrouiller, et ce, en dépit des combats à l'arme lourde entre les belligérants. Le 4 novembre, les patrouilles de la MONUC ont évacué 15 membres du personnel des Nations Unies et d'autres acteurs humanitaires piégés dans les combats, et ont lancé des recherches pour retrouver plusieurs civils portés disparus, dont certains étaient pris en otage. En tentant d'approcher les troupes Mai Mai pour entamer une médiation, les Casques bleus ont été pris sous le feu de ces derniers, et ont dû ouvrir le feu, en légitime défense. Les échanges de tirs à l'arme lourde entre les belligérants ont forcé les troupes de la MONUC à se replier dans leur base, où ils ont positionné leurs véhicules blindés pour protéger les déplacés qui s'étaient rassemblés autour de leur position. La base des Casques bleus fut la cible des tirs croisés des belligérants y compris à l'arme lourde avec des impacts directs.
Les Casques bleus continuent à ce jour de mener des patrouilles quotidiennes, dans la cité de Kiwanja et ses environs. Depuis le 5 novembre, 10 patrouilles de 15 à 20 Casques bleus chacune sont menées chaque jour. Trois patrouilles ont également été dépêchées vers Mabenga, Ruwindi, et Kinyandoni.