Engager des négociations avec les rebelles, un plan humanitaire pour la population civile, la réforme de l'armée et un dialogue en trois phases avec les protagonistes internes et externes de la crise au Nord-Kivu sont certains des points du Plan de sortie de crise dans l'est de la République démocratique du Congo présenté au lendemain de l'installation du nouveau gouvernement d'Adolphe Muzito par les députés du Parlement de Kinshasa. "Il faut négocier avec Laurent Nkunda" soutient le document, soulignant l'importance d'une "mobilisation générale, pas seulement pour le Kivu mais aussi pour l'Ituri, où les violences ont repris, ainsi que pour le Bas et Haut Uélé (nord-est), où les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du seigneur (Lra) sèment la désolation". D'après les députés, il y a besoin d'un "compromis" entre les positions de Kinshasa et celles des rebelles du Congrès national de défense du peuple (Cndp), guidés par le général dissident pro-rwandais Laurent Nkunda: "Le gouvernement doit accepter le dialogue politique et militaire avec le Cndp qui, à son tour, doit de nouveau adhérer au programme Amani et adopter le plan de désengagement stipulé par la mission de l'Onu au Congo (Monuc)". Le dialogue, selon le plan des députés, devra se faire en trois phases: militaire, politique et diplomatique; "les commandants de l'armée devront négocier un cessez-le-feu définitif qui sera suivi par un mécanisme conjoint de vérification", tandis que la phase du dialogue politique prévoit "une rencontre dans un lieu, même hors du Congo,auquel participeraient en plus des principaux protagonistes politiques des membres de la société civile et des organismes internationaux". Enfin, la phase "diplomatique" prévoit une évaluation du processus de Nairobi et "le début d'un processus de normalisation des rapports avec le Rwanda". D'autre part, les députés encouragent le nouveau gouvernement à adopter un programme de lutte contre la pauvreté (qualifiée une cause de fond de l'instabilité constante) dans la région - une des plus arriérées du pays - "en relançant la Communauté économique des pays des Grands Lacs qui regroupe le Congo, le Rwanda et le Burundi". Au cours de ces dernières heures, Nkunda a renouvelé la demande déjà avancée à plusieurs reprises ces derniers jours d'un "dialogue direct" avec les responsables du gouvernement de Kinshasa, qui toutefois ne semblent pas disponibles à une reprise des négociations en dehors du cadre du processus de paix en cours (Amani). Entre temps, au niveau international, aprés l'Afrique du Sud et la Tanzanie, le Nigeria a lui aussi demandé la convocation d'un sommet africain sur la crise dans l'est congolais, tandis que le président en exercice de l'Union africaine (UA), le tanzanien Jakaya Kikwete, s'est dit "très occupé" par la préparation d'une réunion d'urgence prévue la semaine prochaine à Nairobi. Le ministre des Affaires étrangères tanzanien Bernard Membe a confirmé que Kikwete s'est entretenu ces dernières heures, à plusieurs reprises, avec les présidents dela Rdc et du Rwanda, respectivement Joseph Kabila et Paul Kagame, en plus d'autres interlocuteurs, mais qu'aucune date n'a été fixée pour le moment. Selon la presse tanzanienne, Kikwete devrait rencontrer aujourd'hui deux délégations provenant de Kinshasa et Kigali. [AdL/VV][CO]