"Les Nations Unies disent que toutes les personnes sont nées libres et égales dans leur dignité et leurs droits, mais notre dignité et nos droits sont violés chaque jour avec presque aucun cri de protestation. Est-ce que nous ne méritons pas la protection ? Est-ce que nous ne sommes pas égaux aux autres ?" : tel est le cri de désespoir lancé par des associations locales et membres de la société civile congolaise dans une lettre transmise au Conseil de sécurité de l'Onu "et aux dirigeants internationaux". Il ne s'agit que de l'une des nombreuses voix qui s'élèvent pour dénoncer la situation de la province orientale du Nord-Kivu, où ont repris depuis fin août les combats et les violences entre combattants du nouveau seigneur de guerre Laurent Nkunda, l'armée congolaise et autres forces de natures et origines variées. "Il est grand temps - s'insurgent les associations congolaises - que le gouvernement et la communauté internationale protègent les populations civiles victimes des atrocités de combat", un conflit que décrit également "Condition-critical.org", le nouveau site en ligne de Médecins sans Frontières. Au cours des dernières semaines, les visites et les rencontres diplomatiques se sont multipliées pour souligner la nécessité de respecter les accords de paix, dont le dernier avait été conclu en janvier à Goma entre l'armée congolaise et les principaux groupes armés du Nord-Kivu : des efforts importants, selon la lettre envoyée au Conseil de sécurité, mais insuffisants pour mettre fin à une guerre qui sévit dans l'Est du Congo depuis 30 ans. Le document des associations congolaises indiquent que la Monuc, mission locale des Nations Unies, "assiste, impuissante, à toutes les atrocités commises par les groupes et les forces armés". Les difficultés des opérations de maintien de la paix et les limites mêmes du mandat des casques bleus sont invoquées par toutes les voix en faveur de la paix : dans l'appel "Paix pour le Kivu", plus de 250 organisations non gouvernementales italiennes sollicitent "la requalification et le renforcement de la Monuc, qui plus est avec un engagement direct de l'Union européenne, de manière à ce que la mission puisse réellement protéger la population et arrêter les auteurs des crimes en cours". Le texte souligne notamment la nécessité de lutter contre le commerce illégal de matières premières en provenance de la République Démocratique du Congo, "véritable cause de la guerre". C'est précisément sur cette réalité, la réalité d'une guerre alimentée par le vol, que s'axent les témoignages du monde religieux et missionnaire. "Cette guerre - écrivait début novembre Mgr Francois-Xavier Maroy Rusengo - s'est révélée une guerre régionale et internationale de prédateurs. La gestion difficile des ambitions politiques des acteurs congolais ne représente qu'un épiphénomène (...) Pour l'or, les diamants ou le coltan, d'entières populations sont décimées, leurs habitations occupées ou incendiées par des bandes armées congolaises souvent clairement soutenues par des armées étrangères, avec des ramifications internationales encore plus étendues que ce que l'on pourrait imaginer". Nimedia, le site multimédia du mensuel Nigrizia, propose pour sa part la vidéo d'une conversation en portugais qui révèle la présence au Nord-Kivu de militaires angolais indéterminés. La Conférence épiscopale du Congo a quant à elle récemment confié qu'elle craignait "que ces guerres récurrentes dans la région de l'Est et du Nord-est ne deviennent un paravent pour couvrir le pillage des ressources naturelles". Dans plusieurs interviews à de grands médias internationaux, Laurent Nkunda a pour sa part exigé l'annulation de contrats milliardaires conclus entre Kinshasa et des sociétés chinoises. (VG/CN) [CO]