RD Congo/Nord-Kivu : Entre manifestations et ville fantôme
Près de 200 femmes vêtues de noir ont défilé
vendredi matin à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu (dans l'Est de la République
Démocratique du Congo) pour protester contre le conflit en œuvre depuis
de longs mois et en signe de deuil pour dénoncer les récents graves épisodes
de violence, comme le massacre de Kiwanja, indiquent des sources contactées
par la MISNA à Goma, avant de préciser que le cortège, "pacifique
et silencieux", a serpenté dans les rues du centre et sur l'avenue
centrale qui mène au siège du gouvernorat et que les femmes brandissaient
des pancartes accusant le Cndp (Congrès national pour la défense du peuple)
de Laurent Nkunda de nombreuses violences et violations des droits de l'homme.
Le cortège s'est achevé par une cérémonie interreligieuse de prière en
souvenir des victimes laissées par la guerre dans son sillage. La société
civile a également manifesté à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale,
et sollicité publiquement la fin des hostilités dans l'Est du pays, se
référant au Nord-Kivu mais aussi à la zone de Dungu, où les incursions
des rebelles ougandais de l'Armée de résistance du seigneur (Lra) ont repris
depuis plusieurs semaines. Pendant ce temps, des sources de la MISNA contactées
à Goma indiquent que la situation est tranquille dans le Nord : "Aucun
nouveau combat n'a été signalé. Même l'avancée des hommes de Laurent Nkunda
vers le Nord (en direction de Kanyabayonga, Ndlr) advient sans coup férir,
car les militaires réguliers prennent la fuite avant que les rebelles n'arrivent",
explique notre source, précisant par ailleurs que la circulation a repris
sur la route qui mène de Goma à Rutshuru, grande agglomération située à
90 kilomètres environ plus au nord, sous contrôle du Cndp et récent épicentre
des combats. Par ailleurs, un calme précaire règne à Rutshuru, ville fantôme,
la population dépendant désormais entièrement des aides humanitaires dans
la mesure où toutes les activités de la ville sont paralysées. Les écoles,
les marchés et la plupart des magasins sont en effet toujours fermés, suite
aux derniers pillages à grande échelle, et les agriculteurs n'ont pas pu
reprendre leur travail aux champs du fait de l'insécurité qui règne dans
toute la zone. Pendant ce temps, les polémiques entre les organisations
humanitaires et les Nations Unies se multiplient suite à la décision de
celles-ci d'évacuer, à partir de la semaine prochaine, près de 60.000 personnes
du camp de réfugiés de Kibati (dans la banlieue de Goma) dans une autre
structure située sur la route reliant Goma à Sake, au nord-ouest du chef-lieu
du Nord-Kivu. Les critiques principales se réfèrent au niveau de sécurité
précaire de la nouvelle destination des réfugiés (théâtre il y a quelques
temps d'une autre offensive militaire du Cndp) et au fait que la plupart
des sans-abri se sont déjà dits défavorables à leur transfert. (MZ/CN)
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