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DR Congo

RD Congo : UNHCR Bulletin d'informations no.1, Mars 2008

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Brèves

Rapatriement des réfugiés congolais

- Depuis le début de cette année, le HCR a organisé le rapatriement de réfugiés Congolais. Les retours ont essentiellement eu lieu dans la province de l'Equateur et au Sud Kivu.

- Le numéro des personnes déplaces a augmente de 60,000 additionnelle. Des affrontements du fin de la semaine du 19 Avril entre FARDC et FDLR a cause un deplacement de 1,700 personnes in Rutshuru, Nord Kivu.

- Sur invitation du gouvernement de la Rep. Dem. du Congo, il s'est tenue a Lumumbashi du 25 au 17 avril, la 4eme réunion de la Commission Tripartite en vue du rapatriement volontaire des réfugies congolais vivant en Zambie. La reprise de l'opération a été convenue pour le 2 mai, avec un objectif de rapatries pour la fin de l'année 19,336 personnes

- En RDC, plusieurs cas d'abus contre les déplacées sont regulierement rapportés, dont les violence physiques, les enlèvements, l'esclavage sexuel, la mutilation et le viol. Les statistiques du Fond de l'ONU pour la Population montrent que 3,060 cas de violence sexuelle, principalement contre les femmes, ont été rapportes au Nord Kivu en 2007 et 515 dans la province du Sud Kivu

Un retour et une reintegration durable

GOMA, République démocratique du Congo, 25 mars (UNHCR) - Il y a un an et demi, des soldats rebelles ont attaqué et pillé le petit village très peuplé de Ngungu, faisant fuir hommes, femmes et enfants. L'école du village, sa pharmacie, un centre de santé et des maisons en torchis ont été pillés, les cadres de portes et de fenêtres arrachés.

Une habitante de Ngungu effrayée, Rose Tchaba, se rappelle de ce pillage de la fin de 2006. Employée de pharmacie à l'époque, elle explique que Ngungu était un des premiers villages à tomber dans les mains du général rebelle Laurant Nkunda lors des affrontements ethniques dans la province du Nord Kivu en République démocratique du Congo(RDC), ravagée par la guerre. Vidé de ses habitants, le village de Ngungu présente la même image de destruction que d'autres villages ayant subi des attaques de rebelles.

« Je veux rentrer chez moi » dit Rose, qui est âgée de 30 ans, « mais les rebelles doivent partir d'abord ». Veuve, Rose a fui en décembre 2006, et fait partie des déplacés ayant trouvé refuge à Mugunga. Kataya Katire (61 ans) qui a fui les hostilités en novembre 2006, se fait l'échodes craintes de Rose. Rentré depuis à peine un mois, Kataya a du s'enfuir de nouveau en mars 2007. Cet homme âgé a donc juré qu'il ne retournera plus jamais à Ngungu.

Cependant, ces derniers temps, les turbulences ayant caractérisé cette province ravagée par la guerre semblent céder la place à la stabilité politique. Pendant les trois derniers mois, la province était remarquablement calme, un changement apprécié par les personnes déplacées internes (PDI) vivant dans des sites assistés.

Mais la paix reste toujours un rêve distant, car malgré l'accord formel de cessez-le-feu, des extorsions, violences sexuelles, pillages, enlèvements, travaux forcés, meurtres et od'après certaines allégations omême des massacres continuent à être commis par des éléments armés, parmi lesquels certains signataires de l'accord de Goma. Seize mois après son départ forcé du village, Rose est préoccupée à l'idée de trouver sa maison et ses terres vendues ou occupées. Elle est consciente que, même si les fusils se sont tus à Ngungu, les groupes armés n'ont pas répondu à l'appel de se rendre.

Les causes du conflit résident dans un amalgame de divisions ethniques historiques, d'anciens conflits fonciers, de pillages de ressources naturelles, et de groupes armés illégaux créant l'insécurité. Ainsi, les populations ont été enfermées dans un cycle de violences depuis 1993. Entre temps, le Gouvernement de la RDC, les agences humanitaires et les pays donateurs s'efforcent de fournir de l'assistance tout en cherchant à faire cesser la guerre.

Défis à surmonter

Un des énormes défis pour gagner la confiance des habitants de Ngungu est d'éloigner la menace des forces armées étrangères et locales empiétant dans les zones de retour. Après la conférence de paix, les Nations Unis ont dûment informé les groupes armés de poser leurs armes et se rendre aux autorités, peut-être dans une tentative d'écrire un nouveau chapitre pour la province troublée.

Ayant entendu les témoignages de souffrances et visité les sites de PDI dans la province, les fonctionnaires des Nations Unies sont convaincus d'une paix durable pour des retours durables. Soutenues par les casques bleus des Nations Unies, les forces Congolaises ont pu stabiliser certaines régions et essayé de réduire la circulation d'armes, mais l'insécurité persistante, le viol, et l'enrôlement forcé d'enfants dans les groupes armés, restent une énorme menace.

Le gouvernement a poursuivi différentes autres voies pour mettre fin à la violence. Il l'a démontré à la Conférence de paix en janvier dernier, poursuivant des négociations politiques et diplomatiques pour trouver une solution au conflit. Cependant, lorsque les conditions seront favorables au retour, la garantie de l'état de droit doit être une obligation plutôt qu'une option. « A cet égard, la question de la violence sexuelle à grande échelle dans ce pays révèle un déraillement profond des agents de police et de ceux qui doivent faire respecter la loi » observe Carole Vignaud, chargée de protection pour l'agence de réfugiés à Goma.

Tout en ayant eu la chance d'avoir pu s'enfuir, dix-huit mois plus tard Rose est accablée de tristesse pour son mari, brutalement assassiné. « Je peux retourner sur mes terres et dans ma maison. Mais une femme peut-elle oublier l'humiliation du viol ou la perte du mari aimé ? » sanglote Rose. Face à l'augmentation des violences sexuelles, la question se pose de savoir comment les communautés déplacées retrouveront la sécurité et la dignité dans des régions o=F9 il n'existe ni état de droit, ni système de police crédible.

En RDC, les média crédibles sont rares, limités aux principaux centres urbains ; souvent il n'existe même pas de media. Ce vide d'informations perpétue en partie la violence et la pauvreté, dans la mesure o=F9 les gens propagent des rumeurs. L'absence de media signifie que les changements importants dans le pays et les décisions du gouvernement n'atteignent pas les communautés cibles.

Par conséquent, l'échange d'informations pouvant améliorer les relations entre communautés et leurs dirigeants manque totalement. L'absence de media signifie aussi l'absence d'une plateforme de débat publique sur les problématiques concernant les habitants, notamment parmi les communautés vivant dans des zones encore récemment conflictuelles.

Retour et réintégration

Selon les experts, la fin du déplacement n'est pas automatique mais exige, au niveau du gouvernement et des acteurs humanitaires, la compréhension que leurs tâches deviendront progressivement plus complexes. Ils doivent donc mettre l'accent sur l'analyse critique des besoins spécifiques des personnes déplacées après leur retour.

Le Nord Kivu est une demie province petite, mais suffisamment dotée. Les autorités estiment que le nombre d'habitants dépasse de loin les 6 millions, y compris 800'000 personnes déplacées. En effet, une personne sur sept a été déplacée et requiert de l'assistance. Le poids de la pauvreté, exacerbée par le conflit et les extorsions de la part de groups armés, constitue un autre facteur qui pèse sur la qualité des retours.

Rose, toutefois, n'a pas besoin de grand-chose pour rentrer « redonnez nous la paix, pour me permettre de reconstruire ma vie. Il me faut un kit de labourage et des semences pour planter, afin de pouvoir soutenir ma famille comme avant. »

Coordination

Bien que les programmes d'autonomie économique intègrent les problématiques foncières et de nationalité, le besoin de reconstruire des réseaux d'appui, à travers le développement d'infrastructures, s'avère crucial. Ceci exigera une présence humanitaire accrue non seulement pour le monitoring de la protection, mais aussi pour fournir des réponses en temps voulu et en fonction des besoins.

Dans les sites de PDI, les habitants déplacés de Ngungu reçoivent des couvertures, ustensiles de cuisine, moustiquaires imprégnées et bâches en plastique pour des abris de base. A part les distributions d'aide alimentaire et non alimentaire, des activités de génération de revenus ont été mises en place, ciblant les personnes aux besoins spéciaux.

Les ONG autour des centres de déplacés fournissent de l'eau potable ainsi que des services médicaux et d'éducation, mais ces services sont rares dans les zones de retour. Il serait crucial d'identifier le rôle de chaque acteur dans ce processus afin d'atteindre la qualité de retour désirée. A la clé de tout cela se trouve la coordination effective entre le gouvernement et les agences humanitaires.

Selon la Coordinatrice Séverine Moisy du Norwegian Refugee Council, partenaire du HCR dans le cadre de la protection, « il faudra beaucoup de temps avant que les humanitaires n'établissent des services sociaux de base ». Elle ajoute que, une fois ces services établis, ce sera aussi le moment pour les acteurs humanitaires de dire « au revoir » (les noms dans cet article ont été changés).

Par David Nthengwe a Nord Kivu