Évolution de la situation humanitaire en 2022
La République Démocratique du Congo (RDC) demeure confrontée, depuis plus de deux décennies, à une des crises humanitaires les plus complexes et sévères au monde, surtout dans sa partie est. Au courant de l’année 2022, la complexité de la crise n’a fait que croître, aggravée par des nombreux facteurs, tels que la persistance des conflits armés et intercommunautaires, les catastrophes liées aux aléas naturels dans certaines régions, les épidémies meurtrières comme la Maladie à virus Ebola, la rougeole, le choléra, le paludisme et la COVID-19, l’insécurité alimentaire et les défaillances structurelles sur l’ensemble du pays.
La crise humanitaire en RDC est analysée à travers cinq impacts majeurs : les mouvements de population, l’insécurité alimentaire aiguë, la malnutrition aiguë, les épidémies et les problématiques de protection.
Mouvements de population
Les attaques et affrontements armés persistants à l’Est, les conflits fonciers et intercommunautaires dans des nombreuses parties du pays ainsi que les désastres naturels ont continué à causer des mouvements de population. En 2022, la RDC a compté 5,7 millions de personnes déplacées internes, parmi elles, 2,1 millions se sont déplacées entre janvier et décembre 2022. Au cours de la même période, environ 1,9 million de personnes sont retournées dans leurs milieux d’origine ou se sont réinstallées ailleurs. Les provinces de l’Est sont les plus affectées par ces mouvements de population, il s’agit principalement du Nord-Kivu, de l’Ituri, du Sud-Kivu et du Tanganyika. Dans la province du Maï-Ndombe, à l’ouest du pays, une nouvelle crise a émergé, avec des affrontements intercommunautaires violents dans le territoire de Kwamouth depuis le mois de juin 2022. Les provinces voisines de Kwilu et Kwango sont également affectées. La RDC héberge également 521 082 réfugiés et demandeurs d’asile des pays voisins, localisées dans 17 provinces.
Insécurité alimentaire
En 2022, le nombre de personnes en insécurité alimentaire aigüe en RDC est estimé à 26,4 millions pour la période de juillet à décembre 2022, soit plus de 26% de la population analysée. Cette insécurité alimentaire est le résultat de plusieurs facteurs, notamment la pauvreté généralisée, les conflits et déplacements de population, l’insécurité dans certaines zones, les chocs sur les activités agricoles, les niveaux élevés des prix et le manque d‘infrastructures de base.
Malnutrition
La situation nutritionnelle en RDC est restée alarmante au cours de l’année 2022. Sur les 519 zones de santé que compte le pays, la situation nutritionnelle de 242 était jugée urgente (soit 47% du pays). Les zones les plus affectées étaient essentiellement dans les provinces de Kwango, Equateur, Haut-Uele, Ituri, Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Kongo Central, Kwango, Maniema, Sankuru, Sud-Kivu, Tanganyika. Les facteurs contribuant à la malnutrition aiguë sont les mauvaises pratiques alimentaires, l’insécurité alimentaire, les maladies, le faible accès aux soins de santé, à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement.
Épidémies
La RDC continue à être touchée par des maladies à potentiel épidémique qui causent de nombreux décès chez les populations vulnérables et ont aussi un impact notable sur la situation socio-économique des ménages, renforçant les problématiques humanitaires déjà existantes, comme l’insécurité alimentaire ou la malnutrition.
L’année 2022 a été marquée par deux épidémies successives de la Maladie à virus Ebola (MVE), dans la province de l’Équateur (du 23 avril au 3 juillet 2022) et au Nord-Kivu (du 22 août au 27 septembre 2022). En Equateur, 5 cas dont 5 décès ont été notifiés dans la zone de santé de Mbandaka, et au Nord-Kivu, dans la zone de santé de Beni un cas également décédé a été notifié.
Comme toutes les années depuis août 2010, en 2022, la RDC a connu une résurgence des épidémies de rougeole à travers toutes les 26 provinces du pays. Au total de 146 359 cas dont 1 846 décès (1,3% de létalité) ont été notifiés dans 225 zones de santé sur les 519 que compte le pays. Les provinces ayant eu au moins 80% de leurs zones de santé en épidémie de rougeole en 2022 sont le Tanganyika (100%), la Lomami (100%), le Kasaï Oriental (95%), le Sud-Ubangi (94%) et le Haut-Katanga (94%).
Au 31 décembre 2022, 17 866 cas de choléra ont été confirmés, avec 299 décès dans 17 des provinces du pays. Les flambées d’épidémies de grande ampleur ont été notées dans cinq provinces : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Sankuru, le Tanganyika et le Haut-Lomami.
Problématiques de protection
Des nombreuses violations des droits humains et du droit international humanitaire ont continué d’être constatées en 2022, en particulier dans les zones de conflits et violences armées dans l’est du pays. De janvier à septembre 2022, 68 248 violations et incidents de protection ont été rapportés par les acteurs du monitoring de protection. Les violations de droit à la vie, à la liberté, à l'intégrité physique et les VBG sont ceux majoritairement rapportées. La recrudescence des violences basées sur le genre (VBG) et des violations graves des droits de l’enfant a continué à être observée.
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