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DR Congo

RD Congo : Situation de Goma - les députés attendent un plan de sortie de la crise

Par Médard Muyaya

Les députés se sont retrouvés en plénière hier mercredi 29 octobre dans la salle des Congrès du Palais du peuple. Un seul point figurait à l'ordre du jour, notamment l'examen de la situation sécuritaire qui prévaut au Nord-Kivu, plus exactement Goma. Plus de cent députés se sont inscrits pour la prise de parole. Malheureusement, le débat a été écourté suite à l'évolution dangereuse de la situation sur terrain en début d'après-midi.

L'atmosphère dans la salle était devenue brusquement maussade. Des nouvelles en provenance du front faisaient état des avancées significatives réalisées par les forces du CNDP avec la complicité des puissantes étrangères. L'opinion s'est finalement posé la question de savoir en quoi la présence de la Monuc était nécessaire en territoire congolais. C'est à ce titre que Vital Kamerhe a déclaré que si hier on pouvait douter de la complicité de certains pays étrangers dans ce qui se passe en RDC, aujourd'hui cela n'est plus à démontrer. On va jusqu'à se poser la question de savoir si le CNDP était devenu une super puissance vis-à-vis de la Monuc. Autrement dit, ces victoires militaires du CNDP mettent à nu le début de l'exécution du plan visant l'occupation de la partie Est du pays, a fustigé Vital Kamerhe. « Les chars rwandais ont commencé à tirer sur nos troupes. Nous devons dire clairement que quels que soient nos faiblesses internes, le Rwanda n'a pas droit de venir envahir le Congo », a fustigé le président de l'Assemblée nationale.

Dans la foulée, les députés ont tous reconnu que la situation humanitaire est catastrophique. Aujourd'hui, les camps des déplacés ont été attaqués et les réfugiés sont en débandade. Malgré le Programme Amani, le CNDP de Laurent Nkunda a d'autres préoccupations qu'il voudrait résoudre militairement. Tout porte à croire qu'avec le Programme Amani, on ne s'est pas adressé directement aux responsables impliqués dans la crise qui prévaut dans l'Est. Les députés ont donc plaidé pour une mobilisation générale.

«Il faut qu'on prenne des mesures au niveau interne pour favoriser une véritable union sacrée voire au niveau de l'armée. Ce n'est pas normal que de dignes fils du pays qui ont été formés dans différentes académies militaires soient des laissés-pour-compte et condamnés à l'oisiveté. Donc, la mobilisation doit concerner les patriotes », a martelé Vital Kamerhe. Avant d'ajouter qu'il faut prendre le taureau par les cornes par rapport à la situation qui prévaut à l'Est du pays. « Quand nous devons parler du pays à l'extérieur, nous devons taire nos divergences. Face au malheur qui vient de frapper nos populations à l'Est, c'est tout le monde qui est soumis aux affres de la guerre », a-t-il conseillé.

RECEVOIR LES CAHIERS DES CHARGES DU CNDP

Au volet politique, dans le cadre du Programme Amani ou alors un autre cadre à définir, il importe de recevoir les cahiers des charges du CNDP de Laurent Nkunda. Au volet diplomatique, tout le monde a mis en exergue le fait que ce n'est pas aujourd'hui qu'il faille modifier la carte géographique dans la région des Grands Lacs. Le voisin, on ne le choisit pas. Qu'on se rappelle le cas de l'Allemagne et de la France qui, hier, avaient versé dans la rivalité et sont devenues aujourd'hui de grandes puissantes au sein de l'Union européenne et marchent main dans la main avec leurs ennemis d'hier. Les députés ont exigé qu'on réorganise la CEPGL en vue de définir les intérêts communs

Au volet économique, le député Kikaya Bin Karubi a parlé des téléphones de sang. Avec netteté, il a indiqué que les appareils cellulaires sont fabriqués avec le coltan du Congo sans que cela profite au pays. Des mesures urgentes devaient donc être envisagées à tous les niveaux pour que le trafic de ce minerai soit réglementé.

Face à la situation dramatique à l'Est du pays, les députés ont demandé au Premier ministre de proposer un plan de sortie de la crise ce vendredi 31 octobre.

Au président de la République, la plénière demande de réussir une mobilisation générale en rencontrant d'autres forces vives de la Nation, notamment la Société civile, l'Opposition... Les députés ont fait savoir aux Nations unies que le mandat de la Monuc n'était pas suffisant.Le Conseil de sécurité doit condamner le Rwanda en le nommant et exiger un cessez-le-feu immédiatement. Que l'Union européenne achève son travail qu'il avait commencé. Les dispositions nécessaires doivent êtres prises et que le Congo privilégie la voie diplomatique. L'Union africaine doit prendre à bras-le-corps cette situation, ont estimé les députés, qui ont aussi indiqué à l'attention de la SADC que la RDC est à son énième agression. Il faut que la diplomatie agisse. Enfin, la population doit avoir une attitude de compassion envers les compatriotes de l'Est et évoluer dans un élan de solidarité et d'unité nationale.