Un lent retour à la normalité est signalé ce matin à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo) après la panique suscitée la semaine dernière par la récente campagne militaire du Congrés national de défense du peuple (Cndp) du général dissident pro-rwandais Laurent Nkunda, qui dans son avancée était arrivé aux portes de la ville. "La vie commence à reprendre son cours dans le centre. De nombreux magasins ont rouvert et quelques écoles ont accueilli des élèves aujourd'hui. Le personnel international des organisations humanitaires qui avait fui de l'autre côté de la frontière va et vient entre Gisenyi (la ville jumelle de Goma située au Rwanda, séparée juste par la frontière) et Goma où il est revenu travailler pendant la journée. Les habitants locaux commencent à revenir eux aussi, mais sur le retour des civils la situation n'est pas très claire pour le moment car des flux de personnes sont signalées à l'entrée comme à la sortie de la ville", dit une source de la MISNA contactée à Goma où, hier, le gouverneur du Nord-Kivu a imposé un "couvre-feu nocturne" de 23h à 5h du matin, officialisant le couvre-feu informel observé ces derniers jours par les habitants qui étaient restés sur place. les informations relatives au retour des déplacés dans la zone de Rutshuru (à environ 70 kilomètres au nord de Goma, en proie la semaine dernière à d'intenses combats et désormais sous le contrôle du Cndp) sont également confuses ; d'aucuns considèrent ce retour comme "forcé". Dans cette même zone, un convoi humanitaire est arrivé ce matin, auquel ont surtout participé des bureaux des Nations Unies. En effet, la mission humanitaire a été désertée par presque toutes les organisations non gouvernementales en activité dans la région à cause de l'escorte militaire garantie par les casques bleus de la Mission de l'Onu au Congo (Monuc). Dans une telle situation, les dizaines de milliers de déplacés (un nombre précis n'est pas encore disponible) ne sont pas les seuls en difficulté ; l'ensemble des habitants de la région sont lourdement affectés par les récentes violences. Un des plus graves contrecoups de la crise armée de la semaine dernière - tandis que le cessez-le-feu tient encore malgré quelques escarmouches signalées à Nyanzale et dans la zone de Mwesso - est la forte augmentation des prix des biens de première néecessité, à commencer par la nourriture, dans le Nord comme dans le Sud-Kivu. Dans un contexte déjà difficile, certains prix ont même doublé en quelques jours seulement, précisent des sources locales, à cause de la disponibilité limitée de biens provoquée par le conflit mais aussi des spéculations de quelques commerçants. [MZ/VV][CO]