"Un calme précaire règne en ville ; des soldats de l'armée et de la mission de l'Onu patrouillent dans les rues, mais personne ne sait vraiment à quoi s'attendre dans les prochaines heures", a dit Gavin Braschi, coordinateur de l'organisation non gouvernementale Vis près le Centre Don Bosco, contacté par la MISNA au lendemain d'une journée de violents combats entre rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (Cndp) sous commandement du général dissident pro-rwandais Laurent Nkunda et troupes de l'armée régulière aux portes de la ville. "Des violences et des pillages se sont vérifiés cette nuit - poursuit le coopérant - et ce matin, les routes sont semi-désertes et les magasins et les écoles sont restés fermés". Des sources locales font état de victimes, dont neuf civils, et de plusieurs blessés atteints par des balles perdues mais la situation est tellement chaotique qu'il n'est pas encore possible de dresser un bilan définitif des pertes, précise le quotidien Le Potentiel. Les quelques organisations humanitaires qui opèrent encore dans la ville - beaucoup d'entre elles ont annoncé la suspension de leurs activités tant que la situation ne se sera pas stabilisée - tentent de porter assistance aux personnes déplacées qui continuent d'arriver alors que la fuite des habitants semblerait avoir pris fin, "non pas parce qu'ils se sentent plus sûrs - commente Gavin Braschi - mais parce qu'ils ne savent plus où aller". Pendant ce temps, dans les zones théâtres de combats jusqu'à mercredi, comme Rutshuru et Kibumba, aucun tir ne retentit plus et le cessez-le-feu annoncé par les rebelles de Laurent Nkunda à l'issue d'une journée de violents affrontement semblerait être respecté. À Rutshuru, une missionnaire espagnole a été blessée par balle mercredi et a dû être amputée des deux jambes. De plus, la mise en place de corridors humanitaires vient d'être annoncée et permettra de porter secours à la population civile : jeudi matin, plusieurs Ong présentes dans la zone avaient accusé la mission de l'Onu (Monuc) d'empêcher des dizaines de milliers de sans-abri fuyant les violences d'entrer à Goma, les laissant pris au piège entre la ville et l'avancée des rebelles. Pendant ce temps, le Conseil pontifical Justice et Paix a diffusé un appel à la communauté internationale "pour qu'elle pèse de tout son poids dans la résolution de cette crise en veillant notamment au respect, par les belligérants, des différents Accords de paix qu'ils ont signés". Dans le communiqué, le cardinal Renato Raffaele Martino souligne l'importance d'une résolution de la crise "qui tienne en considération la paix et la sécurité de tous les habitants de la Région des Grands Lacs d'Afrique".