KINSHASA, 4 février 2009 (IRIN) - Conséquence de l'opération militaire menée conjointement par la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda pour déloger les milices armées de la province du Nord-Kivu, les combattants sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à souhaiter être rapatriés, selon le président congolais Joseph Kabila.
« La bonne nouvelle, c'est que depuis le début de l'opération au Nord-Kivu, plus de 1 200 combattants des FDLR [Forces démocratiques pour la libération du Rwanda] doivent retourner au Rwanda », a déclaré M. Kabila à la presse, à Kinshasa, le 31 janvier.
La Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) ne participe pas aux opérations militaires, mais elle a promis de soutenir le rapatriement volontaire des combattants par le biais d'un programme de désarmement, de démobilisation, de rapatriement et de réinsertion (DDRR) lancé en 2002.
En janvier, au moins 200 combattants ont été rapatriés, a indiqué Bruno Donnat, responsable de la section DDRR de la MONUC, le 2 février, contre 70 seulement sur la même période, en janvier 2008.
La MONUC a ouvert cinq centres d'aide aux personnes souhaitant être rapatriées. D'après M. Kabila, la province du Nord-Kivu compte environ 5 000 combattants, appartenant à différents groupes armés, notamment aux FDLR, composées de miliciens dont certains ont pris part au génocide rwandais de 1994.
Mainmise sur le bastion des FDLR
L'opération a été lancée le 20 janvier. La semaine dernière, les deux armées ont déclaré avoir pris le contrôle de Munzenze, ancien bastion des FDLR. Cette localité se trouve dans le parc national des Virunga, à Rutshuru.
Au moins 83 armes à feu ainsi qu'une grande quantité de munitions de différents calibres ont été saisies, ont-elles déclaré dans un communiqué daté du 31 janvier.
Depuis le lancement de l'opération, a expliqué le capitaine Olivier Hamuli, porte-parole, une vingtaine de combattants hutus rwandais, essentiellement membres des FDLR, ont été tués.
« A mon humble avis, le résultat devrait être un retour à la paix et à la stabilité dans la province du Nord-Kivu, et le début de la reconstruction dans les deux Kivu », a déclaré M. Kabila.
L'opération conjointe contre les combattants hutus, ainsi que l'offensive contre les rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), menée de concert avec les armées de l'Ouganda et du Sud-Soudan dans le nord-est, « ne devraient pas se poursuivre au-delà du mois de février », a-t-il assuré.
La LRA est active dans certaines régions du nord-est de la RDC. Elle a lancé dernièrement plusieurs attaques contre la population civile, faisant des centaines de morts, selon Human Rights Watch.
La CPI
Les associations de défense des droits humains exigent que Bosco Ntaganda, leader du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), soit traduit devant la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre des crimes de guerre dont il s'est rendu coupable ; interrogé à ce sujet, le président a déclaré qu'il préférait assurer la paix et la stabilité dans l'est.
La CPI a inculpé Bosco Ntaganda pour divers crimes commis dans la région de l'Ituri (nord-est).
« Le choix est le suivant : soit le livrer ?à la CPI?, soit assurer la paix et la sécurité pour nos populations de l'est. Pour moi, le choix est clair ?...? nous optons pour la stabilité et la sécurité de notre population », a déclaré M. Kabila.
Le Président a néanmoins estimé que Laurent Nkunda, ancien chef du CNDP, devrait être livré aux autorités congolaises. M. Nkunda a été arrêté au Rwanda le 22 janvier, quelques jours après le lancement de l'opération contre les miliciens hutus rwandais.
D'après le gouvernement, le CNDP a accepté la démobilisation de certains de ses membres, qui doivent être intégrés à l'armée.
Le mouvement a également conclu un accord verbal par lequel il s'engage à libérer tous les enfants qu'il compte dans ses rangs, selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance.
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