Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

DR Congo + 1 more

RD Congo : Le rendez-vous de Goma privilégie le dialogue

Par Le Potentiel

De hauts responsables de la RDC et du Rwanda se sont réunis dimanche à Goma pour établir un «groupe permanent de suivi» des engagements pris récemment par les deux voisins en faveur de la stabilité régionale. Cette rencontre s'est tenue en présence de représentants des Etats-Unis, de l'Union européenne, de l'Union africaine, des Nations unies et d'ambassadeurs de plusieurs pays européens en poste à Kinshasa. La voie du dialogue est apparemment privilégiée entre le gouvernement et le dissident Nkunda.

Pas de doute, la situation à l'Est de la RDC est à un tournant décisif. La rencontre diplomatique du dimanche 16 décembre à Goma, est révélatrice à plus d'un titre. Tenue en présence de représentants des Etats-Unis, de l'Union européenne, de l'Union africaine, des Nations unies et d'ambassadeurs de plusieurs pays européens, la réunion de Goma avait pour but de rendre officielle la création d'un groupe de suivi des engagements pris récemment lors de réunions à Nairobi puis à Addis Abeba.

«Le gouvernement congolais réaffirme son engagement sur les points arrêtés (lors de la rencontre du 9 novembre) à Nairobi», a déclaré le ministre congolais des Affaires étrangères Antipas Mbusa Nyamwisi, en ouvrant les débats. Le Rwanda est représenté par Richard Sezibera, l'envoyé spécial de Kigali pour la région des Grands Lacs africains, qui a souligné le «réchauffement» des relations avec Kinshasa tout en indiquant que cette rencontre intervenait à un «moment critique» pour la sécurité régionale.

LE FRONT S'EST STABILISE

Au cours des précédentes rencontres, Kinshasa s'est engagé à traquer les rebelles hutus rwandais et a présenté un plan militaire pour les neutraliser, tandis que Kigali s'est engagé à s'abstenir de tout soutien à la milice du dissident Laurent Nkunda.

La réunion de Goma, capitale du Nord-Kivu, se tient dans un contexte explosif. La semaine dernière, les troupes insurgées ralliées à l'ex-général Nkunda (4.000 rebelles) ont infligé de cinglants revers aux Forces armées de la République démocratique du Congo, FARDC (25.000 hommes de troupes), reprenant le contrôle de toutes les positions qu'elles occupaient dans cette province il y a plus de trois mois.

Le front s'est stabilisé le 11 décembre autour de Sake (30 km au nord-ouest de Goma), une cité désormais défendue par des Casques bleus. «Samedi après-midi, les dissidents se sont retirés de la position qu'ils occupaient sur la colline abritant les antennes de téléphonie surplombant la cité», a déclaré Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Monuc au Nord-Kivu. On sait que la Monuc a prévenu qu'elle ouvrirait le feu en cas de tentative de progression des insurgés à Sake mais aussi à Rutshuru et Goma.

Fort de ses victoires militaires, Nkunda a exigé l'ouverture de négociations avec Kinshasa sur la base de ses principales revendications: la traque des rebelles hutus rwandais - dont certains ont participé au génocide de 1994 au Rwanda, essentiellement dirigé contre les Tutsis - et le retour des quelque 46.000 Congolais (surtout Tutsis) réfugiés depuis plus de 10 ans au Rwanda.

LA MONUC SE FELICITE

La Monuc «se félicite de ce recul des dissidents, qu'elle interprète comme un pas important en vue de la sécurisation de la ville de Sake, et comme un geste illustrant la compréhension des dissidents de la peur des habitants de Sake de se retrouver piégés dans des combats». La Mission «formule le vif espoir que cette mesure sera rapidement suivie d'autres gestes des belligérants».

Les Etats-Unis ont à plusieurs reprises appelé Nkunda à rendre les armes et à s'exiler pour éviter un bain de sang au Nord-Kivu.

Dans le même temps, ils ont plaidé à Addis Abeba pour «un renforcement rapide des institutions de sécurité en RDC», dans le cadre de la lutte contre les ex-Forces armées rwandaises (FAR) et Interahamwe (miliciens extrémistes hutus), actuellement regroupés au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

C'est ici le lieu de dire, haut et fort, que le contexte est favorable au dialogue prôné par tous les principaux partenaires de la RDC. Mais pour que cette entreprise ait plus de succès, il faudrait que la question ne soit pas traitée en cercle retreint, c'est-à-dire exclusivement entre les différentes composantes ethniques du Grand Kivu, comme l'a proposé le récent Conseil des ministres.

Considérant la nouvelle donne, qu'est l'intervention de la communauté internationale, il est judicieux de susciter un débat national autour de la question. Différentes structures de l'Etat - Sénat, Assemblée nationale, services de sécurité - auront un mot à dire et des propositions pertinentes pour la sortie de la crise.

Cela éviterait l'effort de guerre qui amenuise la chance de concrétisation des 5 chantiers du chef de l'Etat. Et accroît le scepticisme de la population quant à la matérialisation des promesses électorales du président Joseph Kabila.