Carmine Camerini / MONUC
Louise Arbour s’est rendue aujourd’hui 17 mai 2007 à Bunia pour une brève visite de quelques heures. La délégation du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de Genève qui comprenait aussi le Directeur du bureau des droits de l’homme de la MONUC, M. Fernando Castanon a pu rencontrer entre autre les organisations locales des droits de l'Homme, les ONGs internationales qui appuient la réhabilitation de la Justice en Ituri ainsi que les autorités locales de la Justice civile et militaire.
La Haut Commissaire a tenu à préciser que dans le domaine de la justice, la réussite de toute initiative nécessite forcement du partenariat et de la coopération du gouvernement. Ainsi, elle a fait part de ses préoccupations pour ce qui concerne l’impact de l’action sur la justice. En effet elle voit le risque de se concentrer sur «un programme de réhabilitation du système judiciaire coûteux, très bureaucratique avec beaucoup exigences administratives car c’est une entreprise tellement à long terme que la population aurait raison de perdre l’espoir». Or, pour mieux servir la population il faudrait des mesures ayant un impact à court ou moyen terme. Dans cette perspective, elle suggère de prendre en considération et développer d’autres moyens de résolution pacifique des conflits, plus proches par exemple des réalités culturelles contingentes.
Elle a également indiqué que «les besoins en matière de droit pénal ne doivent pas faire occulter les besoins liés au droit foncier et au droit de la famille», et cela toujours dans l’objectif de la prévention des conflits qui pourraient naître de ces lacunes du système.
S’agissant du projet de grande envergure de cartographier en RDC les graves violations du droit humanitaire international dans la décennie qui va du 1993 au 2003 qui précède la compétence de la Cours pénale internationale, la Haute Commissaire aux droits de l’homme a expliqué «qu’il s’agit de faire la vérité pour définir un tableau crédible sur les événements de l’histoire récente du pays». Il servira entre autre selon ses mots « de document de référence pour empêcher tout révisionnisme ».
Cette initiative devrait aussi permettre le dédommagement des victimes et la prise en charge des coupables par la justice. L’objectif est aussi d’envisager l’exclusion de toute charge publique ou administrative des éléments responsables. Ce projet de 6-8 mois devrait donc avoir un impact dans le court et moyen terme. A ce propos, elle a affirmé avoir déjà eu le soutien du Secrétaire général des Nations unies Ban-Ki Moon et du Président Joseph Kabila.
Enfin, la Haute Commissaire aux droits de l’homme a réitéré sa ferme détermination à lutter contre la violence faite aux femmes. Elle a ainsi assuré son auditoire que «cette préoccupation sera au centre de ma prochaine intervention auprès du Conseil de sécurité des Nations unies ». Plus généralement, quand on parle des violations des droits humaines la première préoccupation est l’accompagnement des victimes. A plus long terme Mme Louise Arbour suggère de mettre en place des initiatives ciblée de dissuasion et avancer en même temps de manière prioritaire dans l’affirmation de responsabilité pénale.