Ce rapport est produit par OCHA RDC en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 3 au 8 février 2025.
FAITS SAILLANTS
• Un calme précaire règne à Goma, reprise graduelle des activités socioéconomiques
• Un important mouvement de retour de personnes déplacées est observé dans les territoires de Masisi, de Rutshuru et de Nyiragongo
• Situation sanitaire préoccupante à Goma, avec un afflux continu de blessés et une augmentation des cas de VBG rapportés
• Les affrontements armés se poursuivent dans le Sud-Kivu, des déplacements massifs de population vers Katana et Bukavu
NORD-KIVU
APERÇU DE LA SITUATION DANS LA VILLE DE GOMA
La situation sécuritaire à Goma est relativement calme et on observe un redémarrage progressif des activités socio-économiques. Le trafic routier a repris sur les axes Goma-Rutshuru et Goma-SakeMinova, facilitant l'approvisionnement de la ville en produits alimentaires. Plusieurs organisations humanitaires ont repris leurs activités dans la ville. En revanche, les écoles et les universités restent fermées à Goma et dans ses environs.
Par ailleurs, la situation sécuritaire en dehors de la ville de Goma et le reste de la province du Nord-Kivu est encore préoccupante. Des actes de criminalité et des incidents de violence ciblée perpétrés par des hommes armés sont rapportés quotidiennement. Le 5 février, trois travailleurs humanitaires de l'ONG HEKS/EPER, ont été assassinés par des hommes en armes dans le village de Kabirangiriro, au NordKivu. Des cas de vols de véhicules ciblant notamment des structures de l’Etat et des ONG sont toujours rapportés.
Depuis le 22 janvier, l'accès à l'électricité à Goma est fortement perturbé en raison des affrontements en cours dans le Sud-Kivu, qui ont endommagé la ligne haute tension reliant Bukavu à Goma. Cette coupure a gravement impacté les établissements de santé, empêchant le fonctionnement des équipements médicaux essentiels dans les structures desservies par la Société Nationale d’Électricité (SNEL). De plus, cette situation a des répercussions sur l'approvisionnement en eau de la ville. Plusieurs quartiers restent privés d’accès à l'eau potable, obligeant les familles à puiser directement dans le lac Kivu, augmentant ainsi le risque de maladies hydriques, notamment le choléra. Cette pratique expose la population à des risques sanitaires accrus, augmentant la probabilité d'une flambée de choléra.
Selon l'OMS, au moins 3 082 blessés ont été admis dans diverses structures de santé de Goma entre le 26 janvier et le 7 février. Les établissements de santé et les morgues sont saturés. Au 5 février, la CroixRouge de la RDC rapporte avoir enterré plus de 2 000 corps, tandis que 900 restent en attente dans des morgues déjà saturées.
L'OMS a également alerté sur une augmentation préoccupante des viols et autres violences basées sur le genre (VBG) perpétrés par des hommes armés lors des affrontements. Les structures de protection rapportent 45 cas de viol parmi les personnes déplacées, dont 21 survivantes de viols collectifs admises dans deux hôpitaux de Goma. De plus, la coupure d'électricité a interrompu la distribution d’eau potable, obligeant les habitants à puiser directement dans le lac Kivu pour leurs besoins en eau. De nouveaux cas de choléra ont été signalés à Goma et dans ses environs.
Selon les acteurs humanitaires du secteur de la santé, la situation du choléra à Goma et dans les zones périphériques reste préoccupante. Dans la semaine du 3 au 9 février, une augmentation de cas de choléra a été observée dans l'aire de santé de Buhimba, avec 70 cas de choléra notifiés en une semaine près du site de déplacés de Bulengo. Au moins 80 % des cas de choléra signalés dans la province du Nord-Kivu proviennent des sites de déplacés. Le démantèlement de nombreux sites complique la situation en raison de la dispersion des déplacés et de la suspension des activités de surveillance épidémiologique à la suite des récents affrontements.
L'aéroport international de Goma reste fermé, impactant gravement les opérations humanitaires. Dans un communiqué de presse publié le 4 février, le Coordonnateur humanitaire a appelé à sa réouverture, essentielle pour l'évacuation des blessés graves, l'acheminement des intrants médicaux et l'arrivée de renforts humanitaires. Le trafic lacustre entre les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu est également suspendu.
Les acteurs humanitaires poursuivent l’évaluation des pertes liées aux pillages de leurs entrepôts et examinent les moyens de reconstituer les stocks. La ville de Goma, en tant que hub logistique pour l’ensemble de l’Est du pays, joue un rôle central dans l’acheminement de l’aide humanitaire, rendant ces pertes particulièrement préoccupantes pour l’ensemble de la réponse régionale.
Des acteurs humanitaires ont constaté des retours spontanés de personnes déplacées vers leurs lieux d'origine. Au 4 février, un important mouvement de retour a été observé dans le territoire de Masisi, avec plus de 42 600 personnes (7 100 ménages) retournées dans les aires de santé de Sake, Kaduki, Kimoka,
Kihindo et Shasha. Selon des sources humanitaires, ces retours représentent au moins 40 % des ménages qui étaient en déplacement.
Dans les zones de retour, plusieurs structures sanitaires pillées sont non fonctionnelles depuis plus d’un an, sans stocks de médicaments, ni mobilier. L'électricité fait également défaut. De nombreuses maisons et latrines ont été détruites par des incendies ou des bombardements, et le système de distribution d’eau potable a été gravement endommagé. Les écoles restent fermées. Selon les acteurs du secteur de l’éducation, au moins 214 écoles sont fermées depuis plus d’un an à dans le Nord-Kivu, en raison de leur occupation par des personnes déplacées, soit à cause de leur utilisation par des groupes armés. Cette situation projette d'énormes besoins en éducation d’urgence dans les zones de retour.
L'accès à la nourriture est très limité pour les familles retournées. Elles ne disposent ni de réserves alimentaires ni des moyens d’acheter de la nourriture. La quasi-totalité des cultures et réserves alimentaires ont été pillées par les groupes armés, plongeant les retournés dans une grande précarité.
Dans le territoire de Nyiragongo, au moins 32 600 personnes déplacées ont regagné leurs localités d’origine dans les aires de santé de Kasisi, Buhumba et Kingarame. Ces retours soulignent la nécessité de renforcer la résilience communautaire dans des domaines prioritaires, notamment l’accès à l’eau, la réhabilitation des abris et la reconstruction des logements endommagés, la protection, l’éducation et la relance agricole.
Selon de récentes évaluations des mouvements de population dans la ville de Goma, au moins 60 % des personnes déplacées de Goma sont encore dans la ville et aux alentours. Les acteurs humanitaires prévoient de réaliser des enquêtes sur les intentions de retour afin de mieux comprendre la dynamique des mouvements de population, et de s’assurer que les retours sont volontaires, sûrs et dignes.
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