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DR Congo

RD Congo : Goma - timide retour au calme

Goma, le 30 octobre 2008 (caritasdev.cd) : Après la journée agitée d'hier, les activités n'ont toujours pas repris à Goma ce jeudi matin. L'on y note toutefois une reprise timide de la circulation des piétons, qui a tendance à augmenter. Des taxi-motos sont visibles, certains portant des militaires comme passagers. Certaines familles des militaires ayant fui la veille, regagnent les camps, rapporte caritasdev.cd.

Le décrochage mercredi des Forces Armées de la RDC (FARDC) des positions qu'elles tenaient pour protéger Goma, et leur entrée dans la ville a créé un vent de panique général au sein de la population. Certains ont franchi la frontière vers Gisenyi, la ville rwandaise voisine, d'autres vers Bukavu. 9 civils tués, 3 blessés, 3 filles violées, et plusieurs habitations, boutiques, magasins et restaurant pillés par des hommes armés, tel est le bilan de l'insécurité la nuit dernière dans la ville de Goma, rapporté par radiookapi.net. Mais, ce matin, la ville s'est réveillée timidement après une nuit complètement agitée.

Ce décrochage des forces loyalistes a tout de même permis d'éviter un bain de sang ou de règlement des comptes dans une ville d'un million et demi d'habitants, mais qui en heberge au moins 700 mille.

Deux quartiers ont été sérieusement touchés par ces pillages. Il s'agit de Katindo et Ndosho, signale une source contactée par caritasdev.cd. Six personnes auraient même été tuée dans une même famille au quartier Kasika. Mais, il n'y a pas de dégâts spéciaux dans la ville.

C'est dans ce contexte que le Congrès National pour la défense du peuple (CNDP) a annoncé, mercredi en début de soirée un "cessez-le-feu unilatéral" pour "ne pas paniquer la population de Goma", a indiqué son Porte-parole Bertrand Bisimwa. Le CNDP demande également à la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc) de s'assurer que Goma "ne sera pas pillée [et] que ses habitants ne seront pas l'objet d'exactions de la part des forces de la coalition gouvernementale en débandade", indique un communiqué reçu par l'AFP à Kinshasa.

Situation humanitaire préoccupante

Environ quarante-cinq mille personnes poussées par les combats entre l'armée et le CNDP ont fui dans la panique le camp de déplacés de Kibati pour se diriger vers Goma."Les gens sont en débandade et la cité paniquée", a affirmé à l'AFP le gouverneur de la ville, Julien Paluku, alors que des habitants de Goma ont commencé à fuir la ville pour rejoindre le Sud-Kivu et le Rwanda voisin. Les forces armées de la RDC ont elles aussi abandonné la capitale provinciale. Pendant ce temps, les militaires fuyards avaient commencé à mettre au pillage les quartiers populeux tandis que quelques militaires non fuyards tentaient de faire des patrouilles avec la Monuc, ajoute la Libre Belgique.

Ce jeudi matin, aucun camp des déplacés n'est visible à Goma. Ces déplacés auront choisi de rester dans des familles d'accueil. « S'il n'y a pas détérioration de la situation sécuritaire, il y a moyen d'envisager une évaluation initiale de la situation à partir de demain vendredi », a indiqué un Responsable de Caritas Goma.

Entre temps, à Rutshuru et Kiwanja, localités déjà tombées entre les mains de la rébellion, le CNDP invite la population au calme et interdit toute création de nouveaux camps de déplacés. Environ 20% de population sont sur place à Kiwanja, 40% à Rutshuru. Le reste se serait dirigé à Kanyabayonga et à Ishasa. Les équipes des Agences humanitaires bloquées à Ruthsuru ont été évacuées en partie sur Beni.

Caritas Butembo-Beni signale l'arrivée massive des déplacés en provenance de Rutshuru. Elle indique que l'identification des bénéficiaires de EA 33/2008 (Appel d'Urgence lancé par Caritas Internationalis en faveur de 15.000 ménages déplacés dans le Nord-Kivu) touche à sa fin. A distribution de l'aide humanitaire pourrait commencer de manière progressive à partrir de la semaine prochaine suivant les moyens obtenus.

Réactions à travers le monde

La bataille diplomatique internationale est active pour ramener la paix dans l'Est de la RDC. Des appels au respect des accords lancés aux parties belligérantes, des émissaires envoyés, en tout cas la communauté internationale s'active au sujet de la situation dans l'est du pays, indique radiookapi.net

Certainement, la Communauté internationale est en action. Ce jeudi, l'émissaire du gouvernement américain arrive à Kinshasa. Jendayi Frazer, secrétaire adjointe américaine aux affaires africaines vient s'entretenir avec les autorités congolaises. De Nairobi où elle était mercredi, elle a prévenu que les rebelles de Laurent Nkunda ne devaient pas entrer dans la ville de Goma.

Un autre émissaire c'est celui de l'Union européenne qui lui, est arrivé mercredi soir. Louis Michel, commissaire européen au développement est en visite d'urgence destinée à évaluer les besoins humanitaires provoqués par les combats.Toujours mercredi, le premier ministre britannique Gordon Brown a appelé les présidents rwandais et congolais à se rencontrer en urgence.

Ban Ki-Moon n'est pas resté indifférent. Le secrétaire général de l'Onu a annoncé, mercredi, avoir envoyé en RDC le sous-secrétaire général chargé du maintien de la Paix et au Rwanda le sous-secrétaire général pour les affaires politiques chargé de l'Afrique pour exhorter les deux chefs d'Etat à se réconcilier et calmer la situation à leur frontière.

De Brazzaville, neufs chefs d'Etat africains ainsi que le premier ministre tchadien ont appelé aussi hier dans une déclaration commune à une cessation des hostilités dans l'Est de la RDC.

La France pour sa part a suggéré à l'UE l'envoi rapide de militaires européens au Nord-Kivu. Une proposition qui n'a pas eu l'assentiment des autres nations européennes qui estiment que pour l'instant la priorité est aux efforts diplomatiques pour régler la crise dans l'est de la RDC.

« J'ai l'intention d'aller voir le président rwandais Paul Kagame. Je pars à Kigali d'ici la fin de la semaine pour discuter de la situation dans l'Est du Congo. Le seul qui peut stopper Nkunda, c'est Kagame », a déclaré pour sa part Karel De Gutch, Ministre belge des Affaires Etrangères, au cours d'un entretien publié jeudi 30 octobre 2008 par Libre Belgique. Le commandement de la Monuc a présenté sa démission et a indiqué que l'armée congolaise était inexistante. On a un vrai problème militaire, puisque la Monuc est censée aider une armée congolaise défaillante Je le dis depuis des années. « Je pense donc qu'une action militaire européenne a du sens. Elle doit être calibrée et ne doit pas se substituer à la Monuc. L'action militaire doit être ciblée et de courte durée afin de remettre de l'ordre dans cette région entre Goma et Rutshuru. Il faut ouvrir des corridors humanitaires et faire respecter un cessez-le-feu. Je pense que c'est possible si les Européens se mettent d'accord entre eux »,a conclu le chef de la diplomatie belge, pensant à deux à trois mille hommes bien équipés.