Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

DR Congo + 1 more

RD Congo (Dungu, Province Orientale) : Rapport de situation, 05 novembre 2008

  • Attaque de la LRA contre la cité de Dungu le 1er et le 2 novembre

- Dungu vidée de sa population

- Retrait des acteurs humanitaires de la cité, accès difficile aux populations déplacées

Contexte politique et sécuritaire

Attaques et exactions

Depuis le 17 septembre, dans le territoire de Dungu (district du Haut-Uele) situé en Province Orientale au Nord-est de la République Démocratique du Congo, des civils ont été victimes de violences perpétrées par des hommes armés soupçonnés d'être des rebelles ougandais de l'Armée de résistance du seigneur (LRA). Des attaques et exactions (tueries, pillages, enlèvements) se sont multipliées contre les populations civiles dans plusieurs villages dont notamment ceux de Bangadi, Kana, Napopo, Li-Mayi, Nduga, Kpaika, Duru et Dungu. Ces attaques ont causé des pertes en vies humaines (au moins 20 morts, parmi les civils, depuis le 19 octobre) et le nombre de personnes enlevées ne cesse d'augmenter dont plus de 150 enfants.

Au cours des dernières semaines, en vue de se protéger de la LRA, on a également observé un activisme croissant de groupes d'autodéfense dans la cité de Dungu, ainsi que dans les localités de Ngilima et de Bangadi.

Attaque sur Dungu les 1er et 2 novembre

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, une centaine d'hommes armés se sont infiltrés par pirogues au coeur de la ville de Dungu. La veille, ils avaient d'abord attaqué les villages de Nagonyo (20 km N de Dungu), Kakalika (13 km N de Dungu) et Nakofo (14 km N de Dungu), provoquant un très grand mouvement de population vers la cité de Dungu. A partir de quatre heures du matin, ils ont attaqué les positions FARDC. Les éléments rebelles se sont retirés vers la fin de la matinée en amenant une cinquantaine de personnes dont au moins 30 enfants pour la plupart des filles. Au moins un civil a été tué dans les affrontements. Le 2 novembre dans l'après-midi, il y a eu un autre accrochage entre FARDC et LRA dans un quartier au nord de Dungu mais les FARDC ont réussi à mettre en déroute le groupe de la LRA. Le 3 novembre, 12 otages qui avaient été enlevés le 1er novembre ont été retrouvés à 12 km à l'est de Dungu sur la route de Faradje.

Départ des acteurs humanitaires

Suite à la première attaque sur Dungu, le personnel de plusieurs ONG internationales a été contraint de quitter la ville, soit par voie terrestre, soit par voie aérienne ; 4 humanitaires des Nations unies ont été secourus par la MONUC et amener au camp de la MONUC. Ces acteurs n'ont toujours pas pu regagner Dungu à cause de l'insécurité qui persiste.

Accessibilité et espace humanitaire

Mis à part l'inaccessibilité actuelle de Dungu, l'espace humanitaire dans le territoire de Dungu demeure très réduit par d'autres facteurs.

- La non sécurisation de la route Dungu-Duru-Bitima rend impossible cet accès aux humanitaires ainsi qu'à l'acheminement de l'assistance humanitaire par voie terrestre devant provenir du Sud-Soudan et/ou de l'Ouganda via Yambio (Sud-Soudan)-Bitima (RDC).

- La non-sécurisation de la route Dungu-Ngilima-Bangadi ne permet pas non plus aux humanitaires de se rendre à Ngilima et Bangadi pour des évaluations préalables à toute assistance.

- De plus, le mauvais état physique des routes vers le sud empêche les humanitaires de s'y déployer pour des évaluations. Seuls les vélos et motos sont utilisés pour atteindre les localités du sud en saison des pluies.

Mouvements de populations

Les exactions perpétrées dans différents villages ont causé des déplacements massifs de populations. Une vaste région de 10 000 km=B2, allant de la limite ouest du Parc national de la Garamba à la limite ouest du groupement Mbomu (200 km) et de la frontière avec le Soudan à la route Dungu-Ngilima-Bangadi (50 km) a été dépeuplée.

- Avant l'attaque sur Dungu, les estimations faisaient état de 25 826 déplacés (soit 5 166 ménages), sans compter les milliers de déplacés qui étaient arrivés à Dungu par l'axe nord le 31 octobre.

- Des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs villages et se réfugier soit vers la partie sud du territoire, principalement dans la ville de Dungu, et les localités de Ngilima (45 km NO de Dungu) et Bangadi (125 km NO de Dungu), soit dans le territoire de Niangara ou encore au Sud-Soudan (5000 selon le HCR Sud-Soudan).

- L'attaque sur Dungu a provoqué le déplacement de toute la population de la ville (=B1 57 000 habitants), en plus des 6000 déplacés qui venaient d'être identifiés par Solidarités/RRM et d'environ 5000 déplacés qui venaient d'entrer dans la ville la veille en provenance de l'axe nord. Cette population s'est majoritairement concentrée dans une zone entre 10 et 35 km au sud de Dungu en attendant la suite des évènements. Des retours timides auraient été remarqués depuis le lundi 3.

Besoins à combler et réponse humanitaire

Avant l'attaque sur Dungu, la plupart des déplacés à Dungu se trouvaient dans des familles d'accueil qui éprouvaient des difficultés pour la prise en charge alimentaire des déplacés. Les denrées alimentaires se faisaient déjà rares à Dungu puisque la route de Bangadi (grenier du territoire) reste difficilement praticable et désormais peu sûre.

Une ONG humanitaire a entrepris une évaluation multisectorielle au niveau de la ville de Dungu, afin de donner aux humanitaires une image globale sur les besoins des déplacés, basés sur des critères de vulnérabilité, dans différents secteurs (Abris et biens non alimentaires, Eau et assainissement, Education d'urgence, Santé, Sécurité alimentaire).

Suite à cette évaluation, les organisations humanitaires, dont plusieurs ONG et des agences des Nations unies, se sont mises en place (MSF-Suisse, SOLIDARITES, MEDAIR, PAM, LWF, CARITAS). Au moment de l'attaque sur la ville, ils n'attendaient plus que l'acheminement à Dungu de l'assistance pour commencer à intervenir, sauf pour MSF-Suisse et MEDAIR qui avaient déjà acheminé sur place des intrants.

Parmi les activités qui étaient en cours, on signale :

- Santé : l'ONGI MEDAIR-Isiro avait remis des lots de médicaments au profit des huit centres de santé du territoire de Dungu. De plus, l'ONGI LWF entendait lancer la construction de 300 latrines familiales au profit des zones de santé de Dungu et Doruma.

- Santé : MSF-Suisse avait reçu un fret humanitaire composé de médicaments, d'équipement de chaîne de froid pour la vaccination et des intrants pour la mise sur pied d'une clinique mobile, pour l'approvisionnement en eau, et pour faire une distribution de biens non alimentaires en faveur des déplacés de Bangadi, Ngilima et environs. Cependant, une partie de la population de Bangadi aura déjà fait mouvement sur Niangara, inaccessible par route à partir de Dungu, suite aux récentes attaques de la LRA aux environs de Bangadi.

- Protection : UNICEF a mis sur pied quatre sous clusters : NFI et Watsan avec Caritas comme point focal, Education avec APEC comme point focal assisté d'AIDER et Protection de l'enfance avec CDJP comme point focal. MEDAIR fait office de point focal Santé. D'autre part, une formation avait déjà été organisée en octobre par le HCR, avec la collaboration de UNICEF et OCHA, aux quelques 500 officiers FARDC afin de les sensibiliser aux Principes humanitaires, aux Principes directeurs sur les déplacés, au Droit international humanitaire, à la protection de l'enfance et à la nouvelle loi sur les violences sexuelles.

Pour plus d'informations, visitez le site humanitaire : http://www.rdc-humanitaire.net

Carte: RD Congo: Province Orientale - District du haut Uélé - Territoire de Dungu - Déplacements de population suite aux attaques de la LRA (au 04 Nov 2008)

Contacts:

- Jean-Charles Dupin, Chef de Bureau OCHA à Bunia, dupin@un.org, Tél. : +243 819 820 364

- Noel Tsekouras, Desk Officer OCHA New York, tsekouras@un.org, Tél.: + 1 917 367 93 67

- Christophe Illemassene, Public Information Manager, illemassene@un.org, Tél.: +243 819 889 195

- Ivo Brandau, Chargé d'information OCHA-RDC, brandau@un.org, Tél. : + 243 815 142 956

Disclaimer

UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs
To learn more about OCHA's activities, please visit https://www.unocha.org/.