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DR Congo

Rapport à mi-parcours du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo (S/2023/990)

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Résumé

Les provinces de l’est de la République démocratique du Congo et la province du Maï-Ndombe ont connu des épisodes de violence intense. La poursuite des violences armées et des tensions politiques a mis à mal l’organisation des prochaines élections générales prévues le 20 décembre 2023. Le Groupe d’experts se dit toujours préoccupé par le fait que les élections pourraient déclencher de nouvelles violences.

La crise humanitaire a continué de se détériorer, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Maï-Ndombe. Le pays compte près 7 millions de personnes déplacées, le nombre le plus élevé jamais enregistré en République démocratique du Congo et l’une des plus grandes crises de déplacement interne au monde.

Le conflit armé dans la province du Maï-Ndombe s’est étendu aux provinces voisines, y compris à la province de Kinshasa, faisant des centaines de morts parmi les civils et détruisant des centaines de villages, d’écoles et de centres médicaux. Les communautés Téké et Yaka sont restées armées et mobilisées. Les combattants Mobondo capturés ou qui se sont rendus ont été enrôlés dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), entraînés et envoyés au Nord-Kivu pour combattre le Mouvement du 23 mars (M23).

Dans la province de l’Ituri, les dialogues intercommunautaires visant à enrayer la violence endémique ont échoué. Le groupe armé Coopérative pour le développement du Congo/Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (CODECO-URDPC) a multiplié les attaques contre les civils, notamment dans les camps de personnes déplacées. Le groupe armé Zaïre, toujours opposé à toute initiative de paix, a continué à armer et à former ses combattants.

Au Nord-Kivu et en Ituri, les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé visé par des sanctions, ont continué de pâtir de l’intensification de l’opération Shuja. Cependant, ils résistent, adaptant leurs stratégies et tactiques, notamment en multipliant les attaques en Ouganda.

Dans le cadre de la « libération » des territoires sous l’emprise des groupes armés « étrangers », tels que le M23, les groupes armés congolais se sont mis sous la bannière des Wazalendo ou « vrais patriotes » pour gagner en légitimité et mieux se positionner en cas d’éventuelle intégration dans les FARDC.

Au Nord-Kivu, toutes les parties au conflit ont violé l’accord de cessez-le-feu. La nouvelle coalition de groupes armés appuyés par le Gouvernement, les Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), a déclenché une flambée de violence. De violents combats ont repris entre le M23, soutenu par la Force de défense rwandaise (Rwanda Defence Force – RDF), et les FARDC, soutenues par les VDP, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des sociétés militaires privées et la Force de défense nationale du Burundi (FDNB). Des civils appartenant à toutes les communautés se sont retrouvés dans la ligne de mire des différentes parties au conflit, exposés à des représailles et contraints de fuir. Les deux côtés ont commis des bombardements aveugles, des enlèvements et des assassinats ciblés.

Les forces spéciales de la Garde républicaine ont tué plus de 57 manifestants non armés à Goma, à la suite de rumeurs selon lesquelles ils avaient été infiltrés par le M23.

Au Sud-Kivu, la crise du M23 a eu un impact sur la dynamique des groupes armés, en particulier dans les territoires au nord. Les groupes armés ont tenté de tirer parti de leur statut de « Wazalendo » pour recruter davantage, étendre leur influence et mener des activités criminelles. Des combattants de plusieurs factions Raïa Mutomboki et Maï-Maï Kirikicho ont rejoint le Nord-Kivu pour combattre le M23. Par ailleurs, la collaboration entre les Twirwaneho et le M23 a été confirmée.

Les groupes armés et les réseaux criminels ont continué d’exploiter et de vendre des ressources naturelles. À Rubaya, les groupes armés Wazalendo contrôlaient des sites situés dans les grands périmètres d’exploitation, compromettant ainsi la chaîne d’approvisionnement en étain, tantale et tungstène. L’interdiction d’exploitation imposée par le Gouvernement congolais n’a pas été respectée et la chaîne d’approvisionnement a été contaminée par des minerais dont l’exploitation profitait à ces groupes Wazalendo.

La société Primera Gold DRC a continué à faire gonfler les exportations officielles d’or de la République démocratique du Congo. Toutefois, elle a manqué gravement à son devoir de précaution, notamment en ce qui concerne l’origine de l’or commercialisé.

Ce mépris des autorités minières pourrait avoir des conséquences sur la lutte contre la contrebande de l’or, qui s’est poursuivie, notamment grâce au préfinancement lié au blanchiment d’argent par des individus et des réseaux régionaux ou internationaux.