Les conflits et la hausse des prix des denrées alimentaires font grimper la faim aiguë au niveau le plus élevé jamais enregistré en RDC, avec 28 millions de personnes - près d'un quart de la population totale de la RDC - confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, selon la dernière évaluation de la classification intégrée des phases (IPC) de la sécurité alimentaire, publiée le 27 mars 2025.
Contexte
Le conflit entre les acteurs armés non étatiques, notamment le Mouvement du 23 mars (M23), et les forces armées du gouvernement congolais (FARDC) s'est poursuivi sans relâche au cours des derniers mois, faisant plus de 7 000 morts rien qu'en 2025 et entraînant un nombre record de 7,8 millions de personnes déplacées à l'intérieur de la RDC et 103 000 personnes cherchant refuge dans les pays voisins (le Burundi enregistrant 70 000 nouveaux arrivants et l'Ouganda près de 29 000). Suite à l'ordre du M23 d'évacuer les camps de déplacés autour de Goma, près d'un million de personnes ont été forcées de retourner dans leurs villages, dont beaucoup ont été entièrement détruits.
Au cours des dernières semaines, le M23 a progressé vers l'ouest dans le Nord-Kivu et vers le sud dans le Sud-Kivu. L'annonce d'un cessez-le-feu sous médiation qatarie par les présidents de la RDC et du Rwanda à l'issue d'une réunion à Doha, au Qatar, le 18 mars 2025, n'a jusqu'à présent eu que peu d'effet. Contrairement à ce qui avait été annoncé, le M23 n'a pas retiré ses troupes de Walikale, au Nord-Kivu, tandis que les combats se poursuivent autour de Bukavu et d'Uvira, au Sud-Kivu.
Sécurité alimentaire : La dernière évaluation IPC (classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire) montre une nouvelle détérioration des besoins humanitaires en RDC, où le conflit et la hausse des prix des denrées alimentaires ont plongé 2,5 millions de personnes supplémentaires dans une situation d'insécurité alimentaire aiguë.
Un nombre impressionnant de 28 millions de personnes sont maintenant confrontées à une insécurité alimentaire aiguë - le nombre le plus élevé jamais enregistré en RDC - dont 3,9 millions de personnes à des niveaux d'urgence de la faim (IPC Phase 4).
Les personnes déplacées à l'intérieur du pays restent parmi les plus vulnérables.
Selon l'analyse actualisée, le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire aiguë est passé de 55 % à 61 %, dont 20 % en situation d'urgence (phase 4 de l'IPC). La situation est particulièrement grave dans les provinces orientales touchées par le conflit, où les familles ont perdu l'accès à leur bétail et à leurs moyens de subsistance. 10,3 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë (phase 3 de l'IPC et plus), dont 2,3 millions en situation d'urgence (phase 4 de l'IPC).
Santé : La situation sanitaire reste également très préoccupante, car le conflit en cours et les déplacements de population favorisent la propagation des maladies infectieuses tout en empêchant les tests et une réponse médicale efficace.
Entre janvier et la mi-mars 2025, 12 600 cas de choléra ont été détectés dans l'ensemble du pays, avec un taux de mortalité de 2 %. En outre, 15 200 cas de MPOX ont été confirmés en 2025, avec un taux de mortalité suspecté de 1,9 %.
Opérations du PAM
Après des interruptions localisées dues à des combats actifs dans les zones d'opérations, le PAM a repris l'aide alimentaire d'urgence dans le Nord et le Sud-Kivu à la mi-mars. Cependant, l'accès humanitaire reste un défi majeur, étant donné la fermeture continue des aéroports de Goma et de Kavumu. Les pillages d'entrepôts, les problèmes de liquidités dus à la fermeture des banques, ainsi que les restrictions à l'importation de denrées alimentaires constituent d'autres contraintes opérationnelles importantes.
Le PAM ajuste son intervention d'urgence et prévoit d'intensifier sa réponse en coordination avec ses partenaires. Le PAM vise à atteindre 6,4 millions de personnes en RDC en 2025.
UNHAS
En raison de la fermeture continue des aéroports de Goma et de Kavumu, le hub de l'UNHAS à l'est de la RDC a été temporairement relocalisé à Kalemie, reliant la capitale provinciale du Tanganyika à Kinshasa et Kananga. En raison d'un manque criant de carburant Jet A1, UNHAS a dû suspendre les vols inter-Kasaï.