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DR Congo

Rapport de la mission inter cluster SKM - Hauts-Plateaux de Bijombo, Mikenge et Minembwe, 12 au 15 mai 2021

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Analyse contextuelle et facteurs de la violence

Eléments géographiques et ethnographiques

Les localités de Bijombo, de Mikenge et de Minembwe font partie de la région communément appelée « les Hauts-Plateaux Sud Sud-Kivu ». Il s’agit d’un espace géographique qui s’étend de la collectivité-chefferie des Bavira (à l’ouest du territoire d’Uvira), de la collectivité-secteur d’Itombwe (sud-ouest du territoire de Mwenga) et de la collectivité-secteur de Lulenge (à l’ouest du territoire de Fizi).

La zone de Bijombo est habité en majorité par l’ethnie Bafuliro, vivant des activités agricoles et d’élevage des bovins. L’ethnie Babembe est majoritaire dans Itombwe , et vit principalement de l’agriculture. D’autres ethnies, Banyamulenge au sud, Bafuliro et Banyindu qui vivent des activités agricoles et l’élevage des vaches, vivent également à Itombwe. La zone de Minembwe est habitée majoritairement par les Banyamulenge. Ces derniers ont pour principale activité l’élevage des vaches. Celles-ci migrent avec les bergers en saison sèche, à partir de mai jusqu’en septembre, plus au sud et à l’extrême ouest, à la recherche de zones de pâturages. Cette période de transhumance est généralement considérée comme sensible, en raison des incidents entre les bergers (parfois armés) et les agriculteurs et/ou groupes armés.

Quelques grandes agglomérations sont presque exclusivement habitées par une seule ethnie (cas de Minembwe, Mikenge, Bijombo, Kipupu), mais dans de nombreux villages de la région, les différentes ethnies ont toujours vécu côte à côte.

Historique et facteurs de la persistance de la violence

Bien avant 2019, des conflits d’ampleurs diverses existent entre les communautés dans les Hauts-Plateaux. Des tensions opposent notamment les éleveurs et les agriculteurs autour du pâturage. Plus globalement, les questions de chefferie, de perception de taxes (dont la taxation et la réglementation des marchés, des mines et des mouvements de bétail), de propriété foncière et les conflits liés à la transhumance, en dépit de l’immixtion des groupes armés, étaient plus ou moins gérés au niveau local.

En février 2019, le climat de cohabitation s’est considérablement détérioré dans la zone d’Itombwe à la suite de l’enlèvement et l’assassinat du chef de village Ndahoberwa (Kawaza, de l’ethnie Banyindu) par le leader du groupe armé Ngumino . Cet incident fut le point de départ d’un nouvel épisode de violences marqué par des attaques armées et assassinats ciblés de chefs coutumiers dans les Hauts Plateaux d’Itombwe. Le 12 septembre 2019, le chef coutumier Bafuliro (Muninga) est tué dans le village Ruchima par des présumés miliciens Ngumino. En octobre 2019, le chef coutumier Banyindu du village Rubanda (Jacques Runika) est tué par les miliciens Ngumino. Les représailles des groupes armés Maï-Maï2 n’ont pas tardé.

Ces violences se sont étendues dans les Hauts-Plateaux de Minembwe et de Bijombo. Des attaques de villages, des meurtres de civils, des pillages du bétail se sont multipliés de part et d’autre des communautés. Des dizaines de milliers de civils ont été ainsi contraints de fuir leurs villages vers des zones de relative accalmie, notamment à Bijombo centre, Minembwe, Mikenge, Nakiele, Kanguli, Mukera, Fizi, Baraka, Nundu, Mboko et Uvira.