Avant-propos du Coordonnateur humanitaire
L’année 2020 a été une année particulièrement difficile pour la population de la République démocratique du Congo (RDC). Les conflits armés, les épidémies, les catastrophes naturelles ainsi que l’impact socio-économique de la COVID-19 ont considérablement exacerbé les vulnérabilités déjà existantes dans un contexte marqué par un manque criant d’accès aux services essentiels pour une grande majorité de la population. La RDC, le plus grand pays d'Afrique subsaharienne et le troisième le plus peuplé, avec une population estimée à 103 millions, demeure confrontée à l'une des crises humanitaires les plus graves au monde.
Depuis mon arrivée en RDC, j’ai été témoin des souffrances d’une population qui fait face depuis plus de vingt-cinq ans à une crise humanitaire aigüe et complexe. La RDC enregistre le deuxième plus grand nombre de personnes déplacées après la Syrie (5,2 millions) et 1,4 million de personnes retournées. Elle accueille également plus de 527 000 réfugiés. Selon l’analyse IPC, il est estimé que près de 19,6 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire sévère et aiguë en 2021.
Plus de 3,4 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. La COVID-19 a aggravé la situation en perturbant les chaines d’approvisionnement, l'accès aux marchés et les activités humanitaires.
La communauté humanitaire est restée très active en 2020. Ensemble avec les autorités de la RDC, nous nous sommes tous mobilisés pour répondre aux besoins identifiés dans la mesure de nos capacités.
Grâce à ces efforts conjoints, nous avons réussi à apporter une assistance multisectorielle à plus de six millions de personnes dans le besoin et à mettre fin à deux épidémies de la maladie à virus Ebola, dans un contexte opérationnel pourtant difficile.
L’accès humanitaire, qu’il soit physique ou sécuritaire, demeure une contrainte majeure pour les acteurs de terrain pour atteindre les populations les plus vulnérables. Cette année, les attaques contre le personnel et les biens humanitaires ont augmenté de manière significative. Je suis préoccupé par les menaces sécuritaires qui pèsent sur ceux qui interviennent au plus près des personnes dans le besoin. Enfin, la pandémie de COVID-19 qui touche la RDC et le reste du monde nous a demandé d’adapter notre réponse et notre mode opérationnel très vite.
Malheureusement, nos analyses indiquent que le pays devra continuer à faire face à des besoins humanitaires très aigus aussi en 2021. Il ressort de l’analyse conjointe que 19,6 millions de personnes auront besoin d’une assistance humanitaire en 2021, soit quatre millions de plus qu’en 2020. Cette augmentation est due notamment à l'intensification des conflits à l’Est du pays, qui poussent des centaines de milliers de ménages à se déplacer, à la détérioration de la sécurité alimentaire et à l’impact du COVID-19 sur les conditions de vie des ménages. Les problématiques structurelles et la crise humanitaire continueront de limiter l'accès des populations aux biens et services essentiels, ce qui aura un impact négatif sur leurs mécanismes d'adaptation et leurs capacités de résilience.
En 2021, notre stratégie de réponse humanitaire, en soutien aux autorités congolaises, s’articulera autour de deux objectifs clés : la réponse aux besoins vitaux des personnes affectées par la crise et l’amélioration de leurs conditions de vie. L’assistance visera à sauver des vies et à préserver la dignité humaine tout en assurant un accès aux services de base aux communautés. La protection et la redevabilité envers les populations affectées seront placées au cœur de nos interventions. La méthodologie intersectorielle de ciblage a été renforcée et la communauté humanitaire se concentrera sur les zones géographiques où la population est affectée par plusieurs impacts humanitaires, et ceci afin de garantir que les besoins les plus aigus soient traités en priorité. En 2021, la communauté humanitaire aura besoin au total de 1,98 milliard de dollars pour cibler 9,6 millions de personnes les plus vulnérables.
Dans le cadre de l’approche nexus humanitaire – développement – paix, nous continuerons de renforcer les liens avec les actions de développement et de consolidation de la paix financées par d’autres mécanismes que le Plan de réponse humanitaire, afin de maximiser la complémentarité de nos interventions et des financements. En effet, la communauté humanitaire ne peut résoudre à elle seule les causes structurelles et sous-jacentes de la crise humanitaire. Il est donc essentiel que les synergies entre les acteurs humanitaires, de développement et de consolidation de la paix continuent d’être promues afin d’accompagner la population congolaise sur le plus long terme, réduire les vulnérabilités et ne laisser personne de côté.
J’adresse ma profonde reconnaissance au Gouvernement congolais, aux communautés locales, aux ONG et aux partenaires nationaux et internationaux, ainsi qu’aux bailleurs de fonds, pour leur engagement et soutien constant aux efforts visant à fournir une assistance vitale et une protection aux congolaises et congolais les plus vulnérables. En 2021, les femmes, les enfants et les hommes en situation de vulnérabilité en RDC auront besoin de la générosité renouvelée des donateurs ainsi que des efforts continus de chacun afin de continuer à répondre ensemble efficacement à leurs besoins humanitaires les plus pressants.
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