La RDC, pays continent et premier foyer de peuplement de l’Afrique Centrale avec une population estimée à 84 millions d’habitants en 2018, soit 69% de la population totale de la région, accuse de nombreux reculs économiques, démocratiques et sociaux, et cela, malgré ses richesses minières, pétrolières et forestières notamment. L’instabilité sécuritaire qui perdure complexifie encore davantage la situation. Dans ce contexte, les élections de 2018 et la transition politique pacifique du pouvoir qui y a été associée ont ouvert la voie à la stabilisation politique, la croissance économique et aux progrès sociaux.
La RDC est un pays fragile compte tenu de la faiblesse de ses institutions et du niveau important de corruption et d’impunité. L’Etat reste aussi centralisé et a des difficultés à assurer sa présence sur l’immensité du territoire. Ces limites l’empêchent aussi de faire face à l’ensemble des conflits récurrents en particulier à l’Est du pays, qui engendrent des mouvements massifs de population.
Les sources de fragilité sont aussi liées à la pauvreté de la population et à l’insécurité alimentaire (15,5 millions de personnes en 2019).
Malgré les grandes richesses du pays, celui-ci a pris beaucoup de retard dans la diversification de ses activités économiques. Le secteur minier continue d’être le moteur de la croissance économique qui est très insuffisamment inclusive et peu génératrice d’effets sur l’amélioration du bien-être des populations.
Les diagnostics établis par le Bilan Commun de Pays (CCA) en 2019 et l’exercice d’Analyse Rapide Intégrée (RIA) réalisé en 2016 pour les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), ont permis de conclure que les trajectoires des ODD de la RDC s’orientent sur une pente ascendante, qui permettra de relever les défis de gouvernance, paix, sécurité et d’inclusion économique, sociale et territoriale.
Cependant plusieurs contraintes et lacunes freinent la mise en place des ODD, notamment dans les domaines de la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire. Certains ODD ne sont ainsi pas reflétés dans l’élaboration des politiques sectorielles (constat quasiment systématique pour l’ODD 5 sur le genre). La coordination entre les acteurs dans les différents secteurs reste faible, limitant par là-même l’harmonisation des documents programmatiques, la mutualisation des approches et des moyens dans une vision commune de résultats collectifs significatifs.
La RDC s’est dotée d’un plan quinquennal de développement pour la période 2019-2023 qui se réfère à l’Etude Prospective de la RDC à l’horizon 2040 visant à ce que « en 25 ans, les potentiels des secteurs extractifs et agricoles de la RDC auront été mis en valeur, dans l’optique de construire une économie diversifiée à croissance inclusive et à revenu intermédiaire ». Le Plan quinquennal a bien intégré les principales préoccupations des ODD et la vision de l’Afrique 2063. Ce plan a retenu cinq piliers stratégiques :
• Valorisation du capital humain, développement social et culturel
• Renforcement de la bonne gouvernance, restauration de l’Etat et consolidation de la paix
• Consolidation de la croissance économique, diversification et transformation de l’économie.
• Aménagement du territoire, reconstruction et modernisation des infrastructures
• Environnement et développement durable équilibré
Sur la base de la vision stratégique de l’Equipe Pays des Nations Unies (EP) pour l’UNSDCF, dégagée à partir des orientations de plusieurs référentiels comme l’Agenda 2030 relatif aux ODD, les conclusions du Bilan Commun de Pays 2019, les leçons apprises de la mise en œuvre de l’UNDAF 2013-2019, et les axes stratégiques du Plan Quinquennal de Développement 2019-2023, l’assistance du SNU en RDC pour la période 2020-2024 se focalisera sur trois axes stratégiques :
• Consolidation de la paix, respect des droits humains, protection des civils, cohésion sociale et démocratie
• Croissance économique inclusive, développement agricole, capture du dividende démographique, protection et gestion durable des ressources naturelles
• Accès aux services sociaux de base et assistance humanitaire
L’UNSDCF devra contribuer, d’ici 2024, à créer les meilleures conditions pour la mise en œuvre des ODD. A travers lui, le SNU visera à ce que les populations pauvres et vulnérables améliorent leurs revenus, leur sécurité alimentaire et bénéficient de l’accès aux services sociaux de base grâce à de nouvelles politiques publiques et une gouvernance efficace porteuse d’effets sur la paix, la cohésion sociale, la protection de l’enfant et de la femme contre toutes les formes de violence et de discrimination.
Au niveau de l’axe 1, le SNU contribuera à la résolution des principaux problèmes identifiés à travers trois effets : i) réduction de la violence, des conflits armés et amélioration de la sécurité des personnes, ii) garantie de droits économiques, sociaux, culturels, etc, iii) meilleurs accès à la justice et au développement des capacités de veille de la société civile.
Pour l’axe 2, la contribution attendue du SNU sera réalisée à travers trois effets : i) promotion d’une croissance inclusive, ii) développement d’un système de protection sociale inclusive et iii) amélioration de la gestion durable des ressources naturelles.
Au niveau de l’axe 3, compte tenu de la vulnérabilité multidimensionnelle des populations rurales et urbaines en particulier en matière de sécurité alimentaire, de malnutrition des enfants, du nombre des personnes déplacées et de l’absence d’un système de protection sociale inclusive, le SNU contribuera à la résolution de ces problèmes à travers deux effets : i) l’accès équitable de qualité et durable surtout pour les populations les plus vulnérables et ii) l’assistance des populations affectées par les situations d’urgence.
La réalisation des effets passe notamment par la mise en avant et le renforcement des synergies d’action de l’ensemble des entités des Nations Unies, grâce aux nouvelles approches stratégiques comme le Nexus et le développement de programmes intégrés. L’identification de sources d’investissements, le renforcement des capacités et l’appui-conseil sont autant d’exemples d’autres mesures qui seront prises pour atteindre ces effets.
L’objectif général est que le SNU contribue efficacement à la réalisation des ODD tout en mettant en avant les synergies des actions entre toutes les entités des Nations Unies grâce aux nouvelles approches stratégiques comme le Nexus et le développement de programmes intégrés à forts impacts sur la réduction de l’insécurité humaine dans ses multiples dimensions (juridiques, civiques, économiques, etc.), la consolidation de la paix, l’autonomisation des femmes et des jeunes ainsi que l’amélioration de la qualité de la gouvernance nationale, provinciale et locale.
L'UNSDCF, dans sa mise en oeuvre et son suivi, veillera à respecter l'approche intégrée selon les principes suivants :
Leadership national selon les différents niveaux d’intervention en mettant, d’une part, les communautés au centre de tous les processus de dialogue et de prise de décisions les concernant et, d’autre part, en permettant aux autorités provinciales et à l’Etat au niveau central d’assumer pleinement leurs responsabilités dans la consolidation de la paix, la sécurité, le développement et la coordination efficace des politiques publiques ;
Une approche intégrée et des effets catalyseurs visant une intégration approfondie entre la MONUSCO et l’EP à travers des programmes conjoints et une concertation améliorée en vue de l’atteinte d’objectifs communs dans une optique de transition de la Mission ;
Ciblage, en définissant clairement les zones d’intervention et les secteurs prioritaires en prenant en compte les facteurs clés de la fragilité de l’Etat, la vulnérabilité des populations pauvres, les causes profondes de conflits mettant en danger la paix et le développement des zones d’intervention.
L’ancrage des actions sur les problématiques développementales de fond visant la contribution du SNU au processus de transformation socio-économique de la RDC avec un potentiel d’effets catalyseurs sur la lutte contre la pauvreté, la contribution à la création d’emplois décents et l’approfondissement de l’approche du développement durable ;
La prise en compte de l’approche Nexus dans les référentiels stratégiques et programmatiques de la RDC comme la matrice des cibles prioritaires des ODD permettant ainsi à tous les acteurs du développement de s’inscrire dans une stratégie nationale novatrice fondée sur la bonne articulation et intégration des actions humanitaires, du développement et de consolidation de la paix.
Au niveau de la mise en œuvre de l’UNSDCF et selon les nouvelles directives, l’EP veillera à l’application des principes suivants au niveau programmatique, de mise en œuvre et de suivi :
Ne laisser personne de côté, principe qui reconnait que chaque personne compte et mérite d’avoir droit à l’égalité des chances, indépendamment de son revenu, son sexe, son âge, son origine ethnique, son handicap et son lieu d’habitation.
Droits humains, mettant un accent particulier sur les questions liées aux débiteurs d’obligations et aux détenteurs de droits.
Genre et équité, du fait que les femmes sont victimes d’inégalité, d’exclusion et de violences, subissant plusieurs privations dont les plus importantes portent sur leur droit à la dignité à bénéficier de leurs droits (civils, économiques, etc.) et à accéder aux opportunités économiques au même niveau que les hommes.
Résilience, visant les capacités des populations et des institutions à faire face aux crises et chocs, à se relever et s’adapter face aux changements à travers des réponses intégrées et multisectorielles qui renforcent à la fois le capital humain, le capital naturel et le capital social.
Redevabilité, dans l’esprit du principe de responsabilité mutuelle du SNU et du Gouvernement à travers le comité national conjoint de pilotage de l’UNSDCF.
La mise en œuvre de l’UNSDCF mettra en perspective la question de l’optimisation des interventions. La réalisation des résultats suppose, au niveau des partenaires nationaux, une optimisation des interventions en matière de i) appropriation et leadership national, ii) engagement dans des programmes ambitieux en faveur des populations vulnérables, iii) amélioration de la planification stratégique et programmatique et iv) instauration d’un dialogue autour de l’efficacité de l’aide. Pour le SNU, l’optimisation nécessitera i) le renforcement de l’intégration et de la coordination, entre autres, à travers les mécanismes existants de coordination ainsi que des forums mis en place pour faciliter la transition de la MONUSCO, la programmation et la mise en œuvre conjointe basée sur les avantages de chaque agence du SNU, ii) l’élargissement du partenariat entre le Gouvernement, la société civile, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers, iii) le développement des capacités et iv) la promotion de l’innovation.