1. BESOINS PRIORITAIRES
La République Démocratique du Congo est touchée par de nombreuses crises récurrentes qui affectent environ 15millions de personnes, soit presque 20%de sa population1 . Les multiples violences et conflits, les épidémies, la malnutrition et éventuellement les catastrophes naturelles coûtent la vie à de nombreux Congolais, et privent des milliers d'autres de sécurité, de moyens de subsistance, de biens et de services de base. Les crises humanitaires récurrentes en RDC sont parmi les plus graves au monde depuis plusieurs années et les besoins humanitaires sont très considérables. Quatre types de crises humanitaires ont été jugées prioritaires par la communauté humanitaire pour 2015 sur la base de leur étendue, de leur récurrence, de leur sévérité et de leur impact sur la population. Les besoins identifiés selon cette approche sont les suivants :
1. Besoin de protection, de sécurité alimentaire et d’articles ménagers essentiels, d’accès aux services de base pour environ 6,5 millions de personnes dans les zones affectées par les violences et conflits armés:
Dans plusieurs provinces du pays, notamment à l’est, les violences et conflits armés affectent profondément la population civile qui est fréquemment victime de graves violations des droits humains y compris meurtres, actes de torture et viols, que ce soit en situations de conflit ou non. Ces abus répétés contraignent un grand nombre de personnes à fuir leur zone d’origine, soit suite à l’attaque de leur propre village, soit de façon préventive. Ils vivent en déplacement pendant des périodes dont la durée peut varier de quelques semaines à plusieurs années, en fonction de l’évolution de la situation. Ces violences et les déplacements de population entraînent une profonde dégradation des mécanismes de protection, des services sociaux de base, ainsi qu’une détérioration extrême des moyens de subsistance et d’articles ménagers essentiels, produisant ainsi des besoins humanitaires urgents pour la survie des populations dans ces zones. Le type de besoins, et conséquemment la réponse la plus apte, peut varier en fonction du type de violences ou conflit, la RDC abritant plusieurs phénomènes différents entre eux (comme on le verra au-dessous).
2. Prise en charge de la malnutrition pour presque 4 millions d’enfants, ainsi que femmes enceintes ou allaitantes et personnes vivant avec le VIH ou la tuberculose, dans les zones affectées par les crises nutritionnelles:
La malnutrition est une urgence silencieuse. Elle contribue à presque la moitié de la mortalité très élevée des enfants de moins de cinq ans chaque année (plus de 10% des enfants n’atteignent pas leur cinquième anniversaire). Dans certaines zones du pays, le taux de malnutrition aiguë globale (MAG) est supérieur à 15%, alors qu’il oscille entre 11% et 15% dans d’autres. Actuellement, les zones considérées prioritaires par la communauté humanitaire sont celles présentant un taux de MAG supérieur à 11% et/ou un taux de malnutrition aiguë sévère (MAS) supérieur à 2%2 . Les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que les personnes vivant avec le VIH ou la tuberculose, sont aussi atteintes. Les crises nutritionnelles sévères affectent des zones à travers l’ensemble du pays et ne sont pas nécessairement liées aux conflits ni aux déplacements de population.
3. Besoin en soins de santé et accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, ainsi que de sensibilisation et prévention, pour environ 11,75 millions de personnes à risque, dans les zones touchées par les épidémies:
Un grand nombre de maladies à potentiel épidémique sévissent en RDC: le choléra, la rougeole, la fièvre jaune, la fièvre typhoïde et la fièvre hémorragique. Les deux premières sont celles dont le pays souffre le plus en termes de cas suspects, soit 15 591 pour le choléra et 30 223 pour la rougeole en 2014 (de janvier à septembre), avec des taux de létalité de 1,68% et 1,12% respectivement sur la base des cas suspects rapportés3 . Ceci est dû aux dysfonctionnements du système de santé (aggravés dans les zones en conflit), à l’absence de sensibilisation et de prévention, ainsi qu’au faible accès à l’eau et à l’assainissement. Ces épidémies sont fréquemment aggravées par la difficulté d’accéder à la population affectée, surtout celle qui est en mouvement ou qui se trouve dans des zones enclavées et/ou insécurisées.
4. Besoin de renforcer la préparation et la capacité de réponse aux catastrophes naturelles:
Plusieurs zones de la RDC sont affectées de manière récurrente par les inondations, les fortes pluies et la sécheresse. Il existe également des risques importants de tremblements de terre et d’éruptions volcaniques dans plusieurs zones densément peuplées des provinces de l’est, ainsi qu’un manque de préparation aux désastres de la part des autorités et des communautés. Ces phénomènes n’ont eu qu’un impact très limité en 2014 (environ 25 000 personnes touchées de façon importante). Mais basé sur l’analyse des risques faite par les humanitaires et qui prend en compte les risques croissants dus au changement climatique, ils pourraient prendre une ampleur plus grande au cours des années à venir.
Les crises humanitaires de ces types se situent dans un contexte de crise structurelle et de pauvreté généralisée. Elles créent pourtant des besoins extrêmes aux populations déjà fragilisées par ce contexte de vulnérabilité structurelle.
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