
TEMOIGNAGE – L’infection à VIH est encore méconnue dans certaines parties de la République Démocratique du Congo (RDC). Les femmes séropositives ignorant leur statut sérologique, transmettent le VIH à leurs nouveau-nés qui décèdent parfois avant leur premier anniversaire. Grâce à une prise en charge appropriée, Joséphine, 38 ans, séropositive, a fini par mettre au monde ses deux enfants séronégatifs aujourd’hui en bonne santé. Découvrons son histoire.
Une ignorance qui tue
« Je me suis mariée en 1997. Pendant neuf ans de mariage, j’ai fait deux fausses couches et mes quatre premiers enfants sont morts avant leur premier anniversaire. J’habitais à Bunagana, avec mon mari. J’ai appris qu’au centre de santé de Rugari (environ 25 km de Bunagana) les femmes enceintes étaient bien prises en charge. J’ai pris le risque de voyager tellement je souhaitais avoir un enfant en bonne santé.
Quand on m’a appris que je suis séropositive, j’étais effondrée, très déçue. On m’a dit que c’est le VIH qui tuait mes enfants. Je suis retournée chez moi à Bunagana. Je n’ai rien dit à mon mari car j’avais peur de sa réaction. Quelques mois plus tard, je suis tombée enceinte. Je n’avais pas d’autre choix que de retourner ici à Rugari. L’infirmière m’avait dit que si j’arrive aux Consultations prénatales (CPN) au début de la grossesse, on pourra sauver mon enfant du VIH. Je voyageais chaque mois pour venir aux CPN et prendre mes médicaments antirétroviraux ici à Rugari. Entre temps, en apprenant que je suis séropositive, mon mari m’a quittée. Au troisième trimestre de ma grossesse, j’ai déménagé de Bunagana pour venir habiter à Rugari afin d’être proche du centre de santé.
Mon premier enfant né sans VIH
C’est grâce aux soins reçus que mon enfant est né sans le VIH. Je l’ai allaité de façon exclusive pendant six, après lesquels je l’ai sevré. C’est ce que l’on m’a conseillé de faire. Il a grandi en bonne santé. Mon mari est revenu après avoir appris que notre enfant est en bonne santé. Deux ans après, mon deuxième enfant est né. Il est aussi séronégatif. Ils ont chacun 10 et 8 ans aujourd’hui. Mon mari n’a jamais accepté de faire le test de VIH ; il est malheureusement décédé.
Je suis reconnaissante pour tout ce qui a été fait pour moi et mes enfants. Le counseling m’a aidé à m’accepter. Je reçois gratuitement les médicaments et parais comme toute personne saine. J’ai perdu beaucoup d’enfants par ignorance de mon statut sérologique. Mais grâce la prise en charge, mes deux enfants sont en vie et en bonne santé. »
Consultations prénatales des couples pour dépister le VIH
C’est depuis 2004 que le centre de santé de Rugari, en territoire de Rushuru, Nord-Kivu, a commencé, avec l’appui de l’UNICEF, le programme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME). Une femme enceinte est reçue en CPN chaque mois pour le suivi de sa grossesse et reçoit les médicaments et vaccins appropriés qui protègent l’enfant dans son sein. A partir de 2011, l’approche CPN-Papa a été instaurée pour une meilleure prise en charge du couple surtout en cas de VIH positif.
« Les femmes enceintes ont déjà compris le bienfait de se faire dépister le VIH dès le premier trimestre de la grossesse. Au début de ce projet, les hommes n’accompagnaient pas leurs femmes aux CPN. Mais depuis que nous avions exigé la présence du père pour recevoir les femmes enceintes aux CPN, les hommes accompagnent leurs femmes et acceptent aussi de se faire dépister le VIH » a déclaré Séverine Masika, chargée du Programme PTME au centre de santé de Rugari.
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