Le Lac Tanganyika est l'une des merveilles du monde. A lui seul, il contient environ 17% de l'eau douce de surface de la planète et est le plus ancien et le plus profond des lacs du continent africain. En bordure de 4 pays – le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie et la Zambie – il représente une source de revenus et d’approvisionnement en eau indispensable pour plus de 10 millions de personnes.
UN HAUT LIEU DE BIODIVERSITÉ
Le lac est un refuge pour plus de 700 espèces de poisson qui n’existent nulle part ailleurs sur la planète. Les magnifiques parcs nationaux et réserves naturelles qui l'entourent sont d’importance mondiale pour la protection de la vie sauvage et sont parmi les derniers habitats naturels pour de nombreuses familles de chimpanzés et de gorilles.
FACTEURS DE DÉCLIN
La région a été le théâtre de nombreux épisodes de violence extrême, avec des conséquences humanitaires dévastatrices. La pauvreté est omniprésente et la dégradation de l’environnement s'accélère. Le bassin du lac est de plus en plus vulnérable aux activités humaines comme la déforestation, l’agriculture intensive, la pêche non réglementée, l’exploitation minière et la pollution croissante.
Le changement climatique et l’augmentation rapide de la population de la région (entre 2 et 3% par an, soit un des taux les plus élevés de la planète) intensifient ces menaces contre l’écosystème.
PHASES D’INTERVENTION
Depuis le début des années 90, le PNUD, avec le soutien financier du Fond pour l’environnement mondial (FEM), soutient les 4 gouvernements avec un objectif : assurer de manière conjointe la gestion, la protection et l’exploitation des ressources du Lac Tanganyika et de son bassin.
Le projet a permis de promouvoir des pratiques agricoles durables, de planter 2 millions d'arbres pour lutter contre l'érosion et la déforestation, et de créer de nouvelles activités lucratives pour les communautés locales.
ENGAGER LES COMMUNAUTES
A Uvira, en RD Congo, la population riveraine du lac a été formée à la confection de foyers améliorés réalisés à partir de matériaux locaux. Une association locale a ensuite lancé sa propre entreprise de fabrication de poêles. En Tanzanie, la promotion de ce type de foyers a permis de réduire par 3 la consommation mensuelle de bois, passant ainsi de 15m3 à 5m3.
Au coeur de ces différents projets, l'implication des communautés locales, en particulier des femmes, et leur participation aux prises de décision ont permis un soutien et une appropriation très fortes.
Partout dans les 4 pays riverains du lac, les communautés développent de nouvelles techniques plus respectueuses de l’environnement : construction d’étangs pour les poissons, élevage de volailles et culture de riz ou encore de maïs.
En Zambie, Sebi Nafukwe a bénéficié d’un petit emprunt pour lui permettre d'abandonner la pêche et de diversifier ses activités. Cela lui a permis d'augmenter ses revenus, de 150 à 5 000 dollars par an.
Dans le même temps, la plantation d'arbres sur les berges du lac a permis de réguler la sédimentation liée aux effets de l’érosion. La sédimentation pollue l’eau, empêche la végétation de pousser et tue les poissons. Depuis le début du projet, le taux de sédimentation du Lac Tanganyika est passé de 159 tonnes à 115 tonnes par jour autour de la rivière Lufubu, là où 2 des 11 villages participants en Zambie sont situés.
Pour réduire la pollution de l’eau, le Burundi a quant à lui développé une politique lui permettant d’assurer un suivi des normes de qualité de l'eau. A Bujumbura, la capitale, un premier investissement pour le traitement des eaux usées avant leur arrivée dans le lac a permis d’augmenter le volume d’eau traité de 6 000 m3 à 11 000 m3.
QU'EN EST-IL DU FUTUR ?
L’action conjointe de ces 4 pays a permis la création de l’Autorité du Lac Tanganyika en 2008.
Depuis, l’organisation inter-gouvernementale a été renforcée par un programme d’actions stratégiques, afin d’anticiper les défis posés par le changement climatique ou l’invasion d'espèces non-indigènes. Quatre plans nationaux d’action, un pour chaque pays, ont également été mis en place, afin de lier les priorités transfrontalières aux objectifs nationaux.