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DR Congo

Province du Katanga : Dans le « triangle de la mort » la crise humanitaire s’amplifie

Kinshasa, le 26/01/2012 (caritasdev.cd) : Le retour de Kyungu Mutanda alias Gédéon dans le « triangle de la mort » continue à tourmenter la population civile, selon des sources diocésaines. Ces dernières indiquent que la crise humanitaire s’amplifie, que l’incertitude monte et qu’il devient quasiment impossible de donner le chiffre exact des déplacés, rapporte caritasdev.cd

Les sources diocésaines ayant livré ces informations ont poursuivi en ces termes. « On n’est certainement pas loin de 18 000 sinistrés. Il y en a qui se cachent en brousse. Les sites de regroupement de la population en détresse s’étendent désormais sur quatre territoires du Katanga: Pweto (Kikomo, Kabola, Katendeji, Kasongo-Mwana, Manda, Kamazanga, Mumpulu, Lukona, Mwino, Kabangu, Kampangwe, Kitondwa et Mishiko), Mitwaba (Mitwaba cité, Kasengeshi, Nkonga, Watupempe et Kintya), Malemba (Nambya, Kipya, Kansonge et Kalamba), Manono (Kabusonji, Shamwana et Monga). L’assistance humanitaire tarde. Nous nous savons plus où donner de la tête.

La tension est montée d’un cran le dimanche 15 janvier à Kisele, un grand village de près de six à sept mille habitants, situé à 105 kilomètres à l’est de Mitwaba. Une rumeur attestant l’arrivée imminente des forces loyalistes en provenance de Mitwaba pour traquer Gédéon et ses hommes a semé la panique au sein de la population. En un clin d’œil, ce village s’est vidé de ses habitants. Quelques heures plus tard, par effet d’entraînement, les gens de Katolo, Kabambe et Kakoji ont suivi le mouvement. Ces quatre villages s’ajoutent ainsi à la liste funeste de nombreux autres abandonnés par leurs habitants quelques semaines avant.

Redoutant un possible affrontement armé et connaissant le comportement peu orthodoxe de certains éléments de nos forces armées en temps de guerre, la population a pris la fuite sans trop se faire prier. Elle a tout laissé derrière elle. En effet, les souvenirs macabres des années de souffrances sont si frais à sa mémoire qu’elle n’a pu résister à la tentation de partir, malgré elle, en exil forcé. Tout s’est arrêté à Kisele et dans les autres villages environnants. On craint les pillages des habitations, des réserves alimentaires et du peu d’infrastructures sociales réhabilitées par les ONG après 2006. A Mitwaba, des témoins anonymes attestent que certains biens de la population en fuite sont mis en vente clandestinement par des compatriotes en uniformes venant de la région abandonnée…

Le temps de la paix dans le tristement célèbre « triangle de la mort » n’aura duré que six ans, parce que de 2001 à 2006 cette population a connu les affres du phénomène Gédéon qui ont causé plusieurs morts et d’énormes pertes de biens. L’Abbé François Djikulu, prêtre du diocèse de Manono qu’accompagnait un catéchiste, tous deux en mission de bons offices dans la région, furent sauvagement assassinés. Cette paix ne peut être rétablie aujourd’hui que si Gédéon, dont on est sans nouvelle pour le moment, est mis hors d’état de nuire. Des hommes lourdement armés sont actuellement à ses trousses. Cependant l’état actuel de la jungle, sanctuaire naturel de ce seigneur de guerre, ainsi que les pluies abondantes qui s’abattent dans la région rendent leur mission difficile, mais pas impossible. Toute la population souhaite que la paix soit rétablie le plus rapidement dans la région ». [016/2012]