1. CONTEXTE EN RDC 1.1 Aperçu du contexte
La République démocratique du Congo (RDC) continue de faire face à l'une des crises les plus complexes et les plus oubliées du monde, après des années d'intensification d'une lutte qui dure depuis des décennies. La recrudescence des conflits armés et des affrontements intercommunautaires a entraîné d’importants déplacements de populations et des besoins humanitaires sans précédent, ce qui a exacerbé les barrières à l’accès des services de base (eau, assainissement, santé) et augmenté l’exposition aux risques de tous types. En 2024, environ 14,9 millions d’enfants sont dans le besoin.
Ils sont les plus touchés par les conflits violents et les risques de violence extrême, ce qui les expose à un risque accru d’abus dans des conditions de vie souvent précaires. Les déplacements de population continuent d’augmenter avec plus de 7 millions2 de personnes déplacées dans tout le pays dont 4,1 millions d’enfants, ce qui en fait la 2ème plus grande crise de déplacement en Afrique. La survie des enfants reste fragile en raison d’importantes limites dans le système de vaccination, des niveaux persistants de malnutrition aiguë et des épidémies récurrentes. Cette situation est aggravée par la persistance des conflits et la réduction des capacités du système de santé.
La MPOX (anciennement appelé Monkeypox) ou la variole du singe est une zoonose virale endémique dans certaines régions d’Afrique notamment en République Démocratique du Congo. Elle est causée par le virus du genre orthopoxvirus isolé pour la première fois chez un enfant de 9 mois au Danemark en 1958 chez des singes venus d’Asie. La maladie de MPOX a été décrite chez l’homme (zoonose) pour la première fois en République Démocratique du Congo (RDC) en 1970 dans la province de l’Equateur, à Basankusu. La contamination qui a commencé de l'animal vers l’homme après un contact avec le virus, s’est poursuivie par une transmission interhumaine, par des contacts directs (lésions, sécrétions) ou congénital ou indirects (outils contaminés par le virus). Chez l’homme, la période d’incubation est généralement de 7 à 21 jours avec une moyenne de 14 jours.
En République Démocratique du Congo (RDC) et dans les pays voisins, une variante plus mortelle et plus virulente issue d’une souche appelée Clade 1b serait en train de s’installer. Et le virus se propage actuellement dans plusieurs pays africains où la maladie n’avait jamais sévi. En outre, les responsables de la santé publique notent une transmission plus rapide chez les enfants, ce qui suggère que cette forme plus virulente devrait nécessiter moins de contacts physiques que l’autre version du virus.
Le ministère de la Santé Publique, de l'Hygiène et Prévoyance Sociale (MPHP) de la République Démocratique du Congo a déclaré l'épidémie de MPOX au niveau national, le 18 décembre 2022. À cette déclaration s’ajoutent les déclarations successives du Centres for Disease Control and Prevention (Africa CDC), le 13 août 2024 soulignant que le MPOX en RDC et dans d'autres pays africains constituait une urgence de santé publique de portée internationale3, et celle de l’OMS le 14 août que l'augmentation du nombre de cas constituait une urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC).
Plus de 95% des cas recensés en Afrique centrale jusqu’ici proviennent de la RDC, qui devient l’épicentre de l’épidémie. Néanmoins, dans les zones où la MPOX est endémique, la majorité des cas signalés répondant à la définition standard des cas MPOX implique principalement des enfants de moins de 15 ans soupçonnés d’être infectés par transmission zoonotique et/ou directe d’humain à humain. En RDC 80% des enfants de 6 à 11 ans fréquentent l’école primaire et la gratuité de l’enseignement de base a permis de récupérer environ 2 millions d’enfants non scolarisés. Sa population scolaire qui est immense, elle est une cible fixe et les écoles sont considérées comme des lieux de rassemblement avec un risque non négligeable de transmission de virus dans la communauté.
De nombreuses écoles se trouvent logées dans des bâtiments très dégradés ou des locaux de fortune, 23% ne disposant pas d’eau et 58% n’ayant pas de toilette. Il s’avère donc très important que toute action de riposte contre la MPOX implique suffisamment le PNSSU (Programme National de Santé Scolaire et Universitaire), qui est un mécanisme qui met en synergie le ministère de la santé et le ministère de l’Education-NC, y compris les soutiens techniques et financiers des autres partenaires pour contrôler l’épidémie en milieu scolaire.