Zone géographique : Nord-Kivu et Sud-Kivu
Période de couverture : 6 mois
Risques couverts : conflit armé et déplacements massifs de populations à la suite de l'avancée du M23
PRÉSENTATION DU PAYS
Aperçu de la situation
La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays marqué par des conflits récurrents, particulièrement dans l'est du pays, où les groupes armés, notamment le M23, intensifient leurs actions, entraînant des déplacements massifs de populations et une détérioration alarmante de la situation humanitaire. Selon la dernière enquête nationale de nutrition réalisée en septembre 2023, le pays fait face à une crise nutritionnelle persistante, avec une prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) au niveau national estimée à 8,2 % [7,5- 9,0], avec 2,6 % [2,2-3,1] des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS), un taux dépassant le seuil d’urgence humanitaire. En RDC, un enfant de moins de cinq ans sur dix souffre de malnutrition aiguë, et un sur deux présente un retard de croissance. Cette situation est exacerbée par l'insécurité, avec plus de 1,7 million de déplacés recensés dans les sites autour de Goma. Par ailleurs, le système de santé est sous pression en raison d'épidémies telles que la rougeole, le choléra et le Mpox, tandis que l'insuffisance de la production alimentaire, conséquence directe du conflit touchant plusieurs provinces, limite l'accès à une alimentation adéquate. La situation nutritionnelle dans les provinces affectées par le conflit armé à l’Est du pays depuis plusieurs années, notamment en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, demeure extrêmement précaire, en raison de facteurs multidimensionnels. Depuis fin janvier 2025, on a enregistré une escalade du conflit armé dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu ayant entrainé successivement le contrôle des principales villes de Goma et Bukavu par le M23 avec des conséquences humanitaires dramatiques :
- Pillages des stocks d’intrants nutritionnels : de nombreux entrepôts humanitaires et centres de santé ont été saccagés et vidés de leurs stocks d’intrants nutritionnels (Plumpy’Nut, farines enrichies et suppléments nutritionnels, lait thérapeutiques F100 et F75) et de médicaments essentiels destinés aux enfants malnutris. Ces pillages compromettent gravement les programmes de lutte contre la malnutrition.
- Accès limité aux services de base : les infrastructures de santé, d’éducation et d’approvisionnement en eau sont sous pression.
- Épidémies et crise sanitaire aggravée : la recrudescence des cas de choléra est particulièrement préoccupante, avec une augmentation de 70 nouveaux cas enregistrés en une semaine près du site de déplacés de Bulengo. De plus, le démantèlement des Centres de Traitement du Mpox (CTMpox) dans les camps de déplacés a fragilisé la riposte contre l’épidémie.
- Accès restreint à l’aide humanitaire : la fermeture de l’aéroport international de Goma et de Bukavu empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire.
- Démantèlement de tous les sites de déplacés existants à Goma et alentours et aussi à Minova au sud Kivu, avec pour conséquence le retour précipité les populations vivant dans les sites de déplacés vers leurs zones d’origines ou à rester dans les familles d’accueil sur les axes de mouvement et dans les villes.
La situation nutritionnelle des populations vivant dans les sites déplacés de Goma était déjà préoccupante avec une prévalence de la MAG combinée estimée à 9.5 % [6.8 - 13.1] et 2.1 % [1.1 - 4.2] pour la MAS, selon la dernière enquête SMART réalisée dans les sites en décembre 2024. Dans le cadre de la réponse humanitaire, les provinces du Nord Kivu et du Sud-Kivu contiennent le plus de zones de santé ciblées pour le HRP 2025 avec une situation nutritionnelle précaire avec plus facteurs aggravants.