L’année 2012 a été caractérisée par une forte augmentation de la population déplacée interne. En effet, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) en RDC, en fin décembre 2012, est estimé à 2 626 207 contre 1 900 000 projeté lors de la planification 2012. Ces déplacements forcés, essentiellement observés dans les provinces de l’est, sont dus à de multiples facteurs dont entre autres :
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Au Nord-Kivu, les combats entre les FARDC et les différents groupes armés. Particulièrement avec la crise liée au M23 vers la fin du premier trimestre, le nombre de personnes nouvellement déplacées (depuis le mois d’avril) a atteint 500 000, amenant la population déplacée interne dans la province à 799 337 personnes dont environ 80% vivent dans des familles d’accueil.
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L’accalmie relative dans certaines zones du Nord-Kivu au dernier trimestre a permis le retour de 5% des PDI dans leur milieu d’origine, soit 40 330 personnes.
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Au Sud-Kivu, les défections des ex-CNDP, l’arrêt des opérations militaires conjointes et le redéploiement des FARDC vers les nouveaux fronts au Nord-Kivu ont créé un vide sécuritaire vite comblé par des groupes armés. Ainsi, les FDLR et les Mayi-Mayi Nyatura se sont positionnés à Kalehe, les Mayi-MayiYakutumba à Fizi et les Raia Mutomboki dans les territoires de Shabunda, Kalehe, Kabare et Mwenga. Des affrontements entre les différents groupes armés ou entre les groupes armés et les FARDC ont provoqué des mouvements de population. A la fin de l’année 2012, le nombre de PDI au Sud-Kivu a atteint 842 532 alors que 332 588 personnes ont pu retourner dans leurs milieux d’origine suite à l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines zones.
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Au Maniema, l’extension ou mieux les conséquences des conflits armés qui sévissent dans les Kivus ont causé des déplacements de populations notamment dans le Territoire de Shabunda. Le nombre de PDI a doublé au cours de l’année, atteignant 163 200 en décembre. Au même moment, certains signes d’accalmie observés par moment ont favorisé le retour d’environ 65 860 personnes.
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En Province Orientale, des récurrentes crises sécuritaires dues, d’une part, à l’activisme des groupes armés opérant dans la province (FRPI, LRA, …) et, d’autre part, à la proximité avec les zones d’instabilité comme le Nord-Kivu et la République Centre Africaine (afflux des réfugiés, LRA, Mbororo) sont à l’origine de plusieurs déplacements de populations. Au 31 décembre 2012, environ 497 568 personnes étaient déplacées particulièrement dans les districts de Haut-Uélé, Bas-Uélé et Ituri.
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Au Katanga, l’activisme des groupes Mayi-Mayi et les opérations militaires contre ces groupes ont rendu la situation sécuritaire tendue et volatile. Le District du Tanganyika et le centre du Katanga, notamment les territoires de Mitwaba, Manono, Pweto, Malemba Nkulu et Moba ont été le théâtre des opérations du groupe Mayi-Mayi Gédéon et de celui à velléité indépendantiste Kata Katanga. L’extension des activités de ces groupes armés vers de nouvelles zones a conduitau renforcement de la présence des FARDC, d’où la forte militarisation de la région et des fréquents accrochages entre les FARDC et ces groupes armés. Suite à cela, 11 des 22 territoires de la province ont été touchés par les mouvements de population. Au 31 décembre 2012, le Katanga comptait 316 537 PDI, soit une augmentation de 571% comparé à la situation une année plus tôt. Toutefois, dans certaines zones, notamment à la périphérie de Mitwaba, un élan timide de retour est observé. Dans l’ensemble, quelques 24 365 personnes sont retournées dans leurs milieux d’origine.