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DR Congo

MONUC : Le gouvernement doit étendre son autorité sur tout le territoire de la RDC

Propos recueillis par Eoin Young / MONUC

Peter Swarbrick, Directeur de la Division de Désarmement, Démobilisation, Rapatriement, Réinstallation et Réintégration (DDRRR) des combattants étrangers depuis juin 2002, en RDC, quitte la MONUC. Il donne ses impressions sur le processus DDRRR au cours de ces dernières années, les défis auxquels doivent faire face les FARDC à l'Est et réfléchit sur ce que peut faire la MONUC contre les combattants étrangers qui sont encore en RDC.

ENTRETIEN

Pendant combien de temps avez-vous été dans à la MONUC?

J'ai intégré cette mission en juillet 2001, ce qui fait presque six ans. J'ai été chef du DDRRR pendant la majeure partie de ce temps. J'ai commencé comme Directeur des Affaires Politiques et puis comme Directeur de la Division séparée du DDRRR en juin 2002.

Quelle est votre impression du processus de DDRRR au cours des ces dernières années?

Je pense qu'elle a réellement été une réussite. C'est un succès qui n'a pas été exploité autant qu'il aurait pu l'être. Quand nous sommes arrives on nous avait dit qu'il y avait environ 40.000 à 50.000 Interahamwe éparpillés à travers le pays. Ils étaient perçus comme des combattants extrêmement violents. Ils étaient également perçus comme une menace militaire pour leurs pays d'origine, principalement le Rwanda, mais aussi pour la MONUC.

Cela pouvait être vrai à un moment donné, mais nous avons découvert que ce n'était plus le cas. Nous avons fait un rapport au Conseil de sécurité en avril 2002 notant qu'il y avait seulement près de 17.500 combattants étrangers, principalement Rwandais, et qui étaient surtout concentrés dans le Nord et le Sud Kivu.

A part Kamina, dans la province du Katanga, où il y avait environ 3.000 combattants rwandais déjà cantonnés et désarmés par le gouvernement, il n'y avait pas d'autre présence significative des combattants étrangers en dehors des Kivus.

Après avoir établi qu'il y avait environ 17.000 à 18.000 combattants étrangers dans le pays, nous avons alors procédé au rapatriement de plus de la moitié d'entre eux. A ce jour, nous pensons qu'il n'y a pas plus de 6.000 combattants étrangers, dont la plupart sont concentrés dans le Nord Kivu.

Nous avons rapatrié un peu moins de 15.000 personnes dans leurs pays d'origine - l'Ouganda et le Rwanda - y compris 3.200 combattants Burundais qui sont retournés volontairement, dans le cadre du processus de paix qui a heureusement réussi au Burundi.

Quels sont les principaux défis des FARDC en Ituri et dans les Kivus?

Le gouvernement doit maintenant étendre son autorité sur tout le territoire de la RDC, ce qui n'était pas le cas durant les années passées, parce que c'est le droit souverain et le devoir du gouvernement de protéger sa population civile, garder ses frontières, s'occuper de ses ressources naturelles, et d'avoir les FARDC bien structurées et bien formées.

Évidemment le gouvernement a le droit d'utiliser la force de manière légitime, particulièrement contre les groupes armés au cas échéant. Toutefois, il y a d'autres manières non militaires pour faire face à ces groupes, que j'espère que le gouvernement va explorer.

Les milices étrangères encore actives posent toujours un problème sécuritaire en RDC. Que pensez-vous que la MONUC peut faire?

Les combattants étrangers qui restent encore constituent une menace significative sur la sécurité de la population civile congolaise, comme nous avons vu en particulier au Sud Kivu où il y a le phénomène de Rasta.

Je ne sais pas dans quelle mesure les Rastas et les FDLR sont séparés les uns des autres. Là, il y a des avis contradictoires sur ce sujet, mais certainement dans les divers parties du Sud Kivu, ils se comportent d'une manière différentes de la manière dont ils se comportent au Nord Kivu. Ainsi on peut avoir une distinction pratique sur le terrain.

Quant au plan spécifique de la MONUC, nous avons le mandat général, sous le Chapitre VII, pour protéger la population civile. Il est beaucoup plus difficile de le mettre en oeuvre sur le terrain en raison des énormes superficies à couvrir et du manque de routes. Même avec deux brigades, nous ne pouvons pas être partout et prévoir toutes les menaces possibles sur la population civile.

Nous avons également un mandat plus général du Conseil de sécurité pour aider le gouvernement congolais. Il est du devoir du gouvernement, dans l'exercice de son droit souverain, d'établir son autorité sur toute l'étendue du pays et de proposer à la MONUC les façons par lesquelles la communauté internationale et la MONUC peuvent aider.

Ceci pourrait probablement inclure l'utilisation des moyens militaires. Pour cela, je pense que le gouvernement doit établir un plan militaire pour que la MONUC le prenne en considération et voit comment, sous son mandat et avec ses moyens, elle pourrait légalement aider le gouvernement. Mais je ne pense pas qu'il y ait un tel plan.