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DR Congo

Mettre fin aux crimes de masse, un pari de taille pour la CIRGL et les Nations Unies

Bukavu, le 13 avril 2015 — Mettre fin aux violations les plus graves des Droits de l’Homme en RD Congo, c’est le pari que se sont lancés la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) en organisant une série d’ateliers sur la prévention du génocide, des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et toute forme de discrimination. A Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, l’atelier a réuni différents acteurs étatiques et non-étatiques du domaine juridique et judiciaire du 13 au 15 avril 2015. Selon les organisateurs, l’atelier vise, d’une part, à «fournir un cadre d’échange (…)sur les bonnes pratiques et les expériences destinées à faire de cette province un espace de paix, de sécurité et de stabilité durable pour la croissance et le développement partagés pour les Etats et les peuples de la région des Grands Lacs . » Et d’autre part, à « renforcer les capacités des membres qui vont constituer l’antenne provinciale du Comité national pour la prévention du génocide… » Il s’agit pour les participants à cet atelier de trois jours de réfléchir sur «la problématique des violations les plus graves des Droits de l’Homme, à savoir le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et toutes les autres formes de discrimination, » explique M. Pierre Egide Bossale, président du Comité national de prévention contre les crimes de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité en République Démocratique du Congo (RDC). Selon lui, ces assises devraient permettre de « générer de meilleures stratégies et mettre en place des dispositifs adéquats qui permettront aux décideurs à tous les niveaux de réagir de manière efficace et efficiente pour prévenir tout risque d’atrocités graves et, le cas échéant, les réprimer. »

M. Baudoin Amuli, coordonnateur national de la CIRGL, a pour sa part évoqué la longue histoire africaine jusqu’aux années récentes, rappelant des crimes commis depuis la déportation des peuples indigènes jusqu’à ceux repris dans le Rapport Mapping des Nations Unies concernant la RDC sur la période comprise entre mars 1993 et juin 2003. M. Amuli a ainsi relevé que l’histoire de la RDC, après son indépendance, a été ponctuée de rebellions et de guerres, occasionnant des millions de morts, des centaines de milliers de cas de viol. Selon lui, « il est temps d’arrêter ce mauvais paradigme. »

Ensuite la parole est revenue à Mme Adama Ndao, Chef de l’Unité de Conduite et Discipline de la MONUSCO/Sud-Kivu, représentant à ces assis le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de toute discrimination. Mme Ndao a rappelé qu’ «en décembre 2014, la RDC est devenue le 6ème pays membre de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs à mettre en place une institution avec un objectif spécifique de prévenir les crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité… » Cela faisant suite au protocole sur la prévention et la répression des crimes de génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ainsi que toute forme de discrimination. Un protocole contenu dans le Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement de la Région des Grands Lacs. Ce pacte a été adopté en 2006 par les Chefs d’Etat dans le cadre du processus de la Conférence des Grands Lacs. « Il est important de s’assurer que les sensibilités du génocide ainsi que d’autres crimes graves soient surmontées et cela, pour donner priorité aux mécanismes précoces de prévention, » a estimé Mme Ndao. Elle a rappelé que « les Nations Unies, à travers le bureau du Conseiller spécial et à travers la MONUSCO, et d’autres entités des Nations Unies se sont engagées à travailler, avec le gouvernement de la RDC et d’autres parties prenantes, à intégrer les mesures aux mécanismes précoces de prévention. »

La séance d’ouverture des travaux de cet atelier a été lancée par la ministre provinciale en charge des Droits Humains, Mme Gisèle Nabozi Balegamire, au nom du Gouverneur Marcellin Cishambo empêché. Son allocution a également retracé l’histoire sanglante de la RDC. A en croire la ministre provinciale, « ces atrocités comme celles qui se perpétuent encore aujourd’hui dans [la] province du Sud-Kivu, choquent la conscience collective et permettent [au]gouvernement congolais de mesurer à sa juste valeur toute initiative tendant à prévenir la perpétration de crimes de masse tant en RDC que dans d’autres pays de la région ou à travers le monde. »

Il reste à voir ces mesures et cette volonté politique se traduire en actes concrets tant dans l’Est de la RDC que dans la Région des Grands Lacs.