n République démocratique du Congo, les nouvelles mesures engagées face aux obstacles rencontrés dans la lutte contre la flambée épidémique de maladie à virus Ebola (MVE) produisent leurs effets. Le Ministère de la santé, l’OMS et leurs partenaires restent convaincus que, malgré les problèmes auxquels on se heurte, la flambée peut être endiguée.
Au cours de la semaine écoulée (7-13 novembre), la transmission s’est poursuivie dans plusieurs zones de la province du Nord-Kivu, l’emprise géographique de la flambée s’étendant parallèlement à deux nouvelles zones de santé (Kyondo et Mutwanga) (Figure 1). Les premiers cas signalés dans ces zones de santé avaient été en contact avec des cas à Butembo and Beni, respectivement.
Pendant la période considérée, 31 nouveaux cas confirmés de MVE ont été rapportés à Beni, Mutwanga, Kalunguta, Butembo, Vuhovi, Kyondo et Musienene. Quatre d’entre eux étaient des nouveau-nés et des nourrissons âgés de moins de deux ans, trois des enfants âgés de 2 à 17 ans et trois des femmes enceintes ou allaitantes. Trois agents de santé de Beni et de Butembo figuraient parmi les nouveaux sujets infectés ; 31 agents de santé ont été infectés à ce jour. Douze autres survivants sont sortis des centres de traitement d’Ebola (CTE) de Beni (9), Butembo (2) et Mabalako (1) et ont réintégré leurs communautés ; 103 patients se sont rétablis à ce jour.
Au cours de la semaine écoulée, les registres des cas ont été contrôlés et fait l’objet de rapprochements. Cet examen a débouché sur l’ajout de 14 cas probables, l’invalidation de 11 décès auparavant rapportés comme cas probables et l’exclusion de plusieurs doublons. En outre, certains cas confirmés et probables ont été reclassés afin de figurer sous les zones de santé où ils ont le plus vraisemblablement été infectés, plutôt que sous la localité du CTE dans lequel ils ont été admis.
Au 13 novembre, 341 cas de MVE (303 confirmés et 38 probables), dont 215 décès (177 confirmés et 38 probables),1ont été notifiés dans 11 zones de santé de la province du Nord-Kivu et trois zones de santé de la province de l’Ituri (Figure 1). Les tendances générales en matière d’incidence hebdomadaire des cas indiquent que la transmission au sein de la communauté se poursuit dans plusieurs villes et villages du Nord-Kivu (Figure 2). Compte tenu des retards attendus dans la détection des cas et des rapprochements de données en cours, les tendances, en particulier celles des semaines les plus récentes, doivent être interprétées avec prudence (Figure 2).
Le risque de propagation de l’épidémie à d’autres provinces de la République démocratique du Congo, ainsi qu’aux pays limitrophes, reste très élevé. Au cours de la semaine écoulée, des alertes ont été données au Soudan du Sud et en Ouganda ; à ce jour, la MVE a été exclue à chaque fois. La vaccination des agents de santé et des intervenants de première ligne a commencé le 7 novembre dans des sites prioritaires d’Ouganda, et des préparatifs sont en cours pour mener une telle opération au Rwanda et au Soudan du Sud.
Action de santé publique Le Ministère de la santé continue à renforcer les mesures de riposte, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires. Les priorités sont la coordination des interventions, la surveillance, la recherche des contacts, les capacités de laboratoire, les mesures de lutte contre l’infection, la prise en charge clinique des patients, la vaccination, la communication sur les risques et la participation des communautés, le soutien psychosocial, les enterrements dignes et sécurisés (EDS), la surveillance transfrontalière et les activités de préparation dans les provinces et les pays limitrophes. Pour aider le Ministère de la santé, l’OMS collabore intensivement avec un vaste ensemble de partenaires et parties prenantes multisectoriels et multidisciplinaires, à l’échelle régionale et à l’échelle mondiale, pour la riposte à la MVE, la recherche et la préparation urgente, y compris dans les pays limitrophes.
Pour obtenir de plus amples informations sur les mesures de santé publique prises par l’OMS et ses partenaires, voir les derniers rapports de situation publiés par le Bureau régional OMS de l’Afrique :
Rapports de situation sur l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo Évaluation du risque par l’OMS Cette flambée épidémique de MVE touche les provinces du nord-est du pays, à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda et du Soudan du Sud. Les facteurs de risque potentiels pour la transmission de la MVE aux niveaux national et régional sont : les liaisons de transport entre les zones touchées, le reste du pays et les pays limitrophes ; les déplacements de population à l’intérieur du pays ; et les déplacements de réfugiés congolais vers les pays limitrophes. Le pays est confronté actuellement à plusieurs autres épidémies (choléra et poliomyélite dérivée de souches vaccinales, paludisme, par exemple) et à une crise humanitaire prolongée. De plus, l’insécurité au Nord-Kivu et en Ituri entrave parfois la mise en place des activités de riposte. D’après l’évaluation de l’OMS, le risque est très élevé aux niveaux national et régional, mais il demeure faible à l’échelle mondiale. Sur la base des informations disponibles, l’OMS continue de déconseiller l’application de restrictions aux voyages et au commerce avec la République démocratique du Congo.
Comme le risque de propagation national et régional est très élevé, il est important que les provinces voisines et les pays limitrophes renforcent les activités de surveillance et de préparation. Le Comité d’urgence du RSI a averti qu’à moins d’intensifier ces activités de préparation et de surveillance, les conditions devraient s’aggraver et la propagation se poursuivre. L’OMS continuera de collaborer avec les pays limitrophes et les partenaires pour s’assurer que les autorités sanitaires sont en état d’alerte et prêtes à riposter sur le plan opérationnel.
Conseils de l’OMS Trafic international: Sur la base des informations disponibles, l’OMS déconseille d’instaurer toute restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la République démocratique du Congo. Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué pour protéger les gens contre le virus Ebola. Par conséquent, toute exigence de certificat de vaccination anti-Ebola ne constitue pas une base raisonnable pour restreindre la circulation transfrontalière ou la délivrance de visas aux passagers quittant la République démocratique du Congo. L’Organisation continue de surveiller attentivement les mesures prises pour les voyages et le commerce en relation avec cet événement, effectuant les vérifications nécessaires le cas échéant. Pour l’instant, aucun pays n’a pris de mesures entravant sensiblement les voyages internationaux à destination ou en provenance de la République démocratique du Congo. Les voyageurs doivent demander conseil à leur médecin avant de partir et respecter les règles d’hygiène.