Lubarika, le 04 mai 2011 (caritasdev.cd) : L’Union des Paysans pour le Développement Intégré (UPADI) regroupe près d’une cinquantaine des membres à Lubarika, localité située à 60 Kms d’Uvira, au Sud-Kivu. Ex-combattants démobilisés et membres des communautés d’accueil s’attellent aux travaux des champs, sous l’encadrement technique de la Caritas, dans le cadre du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PNDDR). Samedi 09 avril 2011, ils étaient tout fiers de montrer le fruit de leurs champs collectifs de manioc et de maïs, à la satisfaction des représentants de l’UEPN-DDR, de la Banque Mondiale et de Caritas Congo, en mission conjointe de supervision, rapporte caritasdev.cd
Témoignages édifiants des bénéficiaires
Le fruit de ces champs est divisé en trois parties. La première est consacrée aux semences, le reste est vendu pour d’une part financer les activités de l’association et d’autre part servir de fonds de ristourne aux membres. Ces derniers se sont exprimés sur l’impact de ce travail en association, tant pour l’amélioration de leurs conditions de vie que pour la consolidation de la paix dans leur localité, sans oublier leur participation substantielle à lutte contre la mosaïque qui a sévi dans la région.
Mme Alphonsine, civile et membre de la communauté, reconnaît d’entrée de jeu que la mosaïque attaque les maniocs. « Voilà pourquoi nous nous sommes dit qu’il fallait nous joindre à ce travail. Il me permet en outre d’élever mes enfants. Et c’est depuis trois ans que je fais ce travail », a-t-elle indiqué. Parlant des relations entre les deux groupes associés, elle a souligné que « les ex-combattants sont ceux qui avaient pris les armes. Généralement, il est de notoriété publique qu’ils ont des drôles de comportements. Mais, ces allégations ne nous ont pas empêché de travailler avec eux. Lorsqu’il y a des problèmes, on se réunit et on se prodigue des conseils », a-t-elle souligné. En guise de plaidoyer, elle a demandé aux partenaires qui les appuient de les aider à acquérir un moulin pour la transformation de leurs produits.
«Ce qui nous a poussés à nous associer avec les ex-combattants, c’est le d’abord le fait qu’ils sont nos frères. Nous avons vu que nous devons les approcher et nous associer avec eux afin de partager les mêmes idées et nos expériences pour qu’ils puissent revenir facilement à la vie sociale », a déclaré pour sa part Monsieur Dieudonné Bisimwa.« Notre objectif est de contribuer au développement de notre milieu à travers cette culture de manioc. Nous voudrions aussi avoir des dépôts dans lesquels nous mettrons nos produits pour que les voyageurs puissent acheter», a-t-il conclu.
Tout gai et sans salopette comme ses collègues, Monsieur Fidel Lubarika, a aussi donné de la voix: «Moi, j’étais un ex-combattant. J’étais soldat depuis 1997 et j’ai quitté l’armée en 2003. Je remercie d’abord Caritas et ses partenaires pour l’aide que vous nous donnez. Je vous remercie surtout d’associer le génie des ex-combattants et des civils pour le développement communautaire. Je vous exhorte à poursuivre ce projet jusqu’à épuiser les fonds prévus pour cette association ». Donnant la preuve de sa nouvelle vie, il a évoqué le port de la salopette par ses collègues. « Regardez comment moi, ex-soldat dont on connaît la fougue et la capacité de nuisance, j’accepte volontiers de porter une tenue de champ ordinaire, alors que mes collègues sont en salopette. J’accepte cette situation grâce aux conseils que nous recevons dans notre association. Alors, s’il vous plaît, ne nous lâchez pas. Soutenez aussi notre agronome Christine". Fidel Lubarika a en outre noté qu’ils sont plus de mille démobilisés, mais ne profitant pas tous de cet appui de Caritas/UEPN-DDR. « Puissiez-vous aussi arriver à vous occuper aussi des autres. Ces derniers sont entrain de croire qu’ils sont injustement écartés par le Comité de l’association ou par l’agronome. Portez ce plaidoyer à Kinshasa jusque auprès du Gouvernement afin qu’il sache qu’il y a d’autres démobilisés qui ont besoin du même appui », a souligné le Chargé de suivi dans le comité de l’UPADI.
Ces déclarations sont soutenues par les résultats engrangés par cette association sur le terrain. A Lubarika par exemple, les 2 tonnes de maïs produites par les membres de l’association UPADI lors de la saison passée sur 2 ha, leur ont donné 800 dollars US, dont 300 sont aujourd’hui épargnés à la COOPEC, une coopérative locale, a précisé son Président.
Par ailleurs, les doléances exprimées par les membres de cette association ont trouvé des réponses satisfaisantes de la part de la mission conjointe. Ainsi, la remise prochaine par la Caritas à l’UPADI d’un hangar de stockage et d’un moulin, avec générateur, va encore booster ce travail. L’Administrateur de l’UEPN-DDR, Mr Grévisse Ditend, l’a confirmé en précisant que dans la phase actuelle de la réinsertion communautaire, le programme a budgétisé aussi la construction des hangars de stockage des produits aux associations et l’implantation des machines de transformation (moulins, décortiqueuses, etc) devant donner une grande valeur ajoutée à ces productions. «C’est là justement une des stratégies de sortie du programme. Voilà pourquoi dans cette phase d’extension, où les démobilisés se mettent ensemble avec les membres des communautés en associations productives, nous avons voulu mettre en place des éléments qui puissent permettre la pérennisation et la durabilité des activités des ex-combattants pour que les acquis du programme puissent rester pour longtemps encore, même après sa fin », a-t-il insisté.
Marie-Christianne Bukassa (Stagiaire à l’UCC) et Guy-Marin Kamandji