Joseph Tshimanga/Monuc
Ils sont des milliers, hommes et femmes,
éparpillés dans les missions de maintien de la paix du monde, en provenance
de nombreuses différentes nationalités. Ce sont des soldats, tous grades
confondus. Les officiers d'état-major, les observateurs militaires... directement
employés par l'ONU- en général en détachement de leurs forces armées nationales.
Le gros de troupes, plus connues sous le nom de «Casques bleus», demeure
sous l'autorité de leurs gouvernements et participe aux opérations de maintien
de la paix des Nations Unies dans les termes qui sont soigneusement négociés
avec ces gouvernements.
Les observateurs militaires sont toujours non armés. Ils peuvent être engagés uniquement dans des missions d'observation ou- avec des contingents armés- dans des forces mixtes de maintien de la paix. Appelés couramment bérets bleus, ils sont considérés comme le bras avancé du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les soldats et leurs commandements sont déployés comme contingents nationaux qui rendent compte au commandant de la force de la mission, et indirectement, au Représentant spécial du Secrétaire général. Toutefois, l'autorité concernant l'envoi ou le retrait des Casques bleus reste aux mains des gouvernements respectifs qui assurent également le paiement des soldes, les mesures disciplinaires et les questions de ressources humaines.
Qui fournit du personnel?
La Charte des Nations Unies stipule que pour contribuer au maintien de la paix et la sécurité dans le monde, tous les Etats Membres de l'ONU doivent mettre à la disposition du Conseil de sécurité les forces armées et les équipements nécessaires. Depuis 1948, près de 130 nations ont fourni du personnel militaire et de police aux opérations de maintien de la paix. Depuis 1948, on estime à plus d'un million le nombre de soldats, policiers et membres du personnel civil ayant servi sous le drapeau de l'ONU au cours des 56 dernières années.
Même si un grand nombre d'Etats Membres contribuent aux opérations de maintien de la paix, le fardeau le plus lourd en matière de troupes est porté par un noyau de pays en voie de développement.
En mars 2004, 94 pays fournissaient environ 51 000 casques bleus. Le nombre de troupes le plus élevé depuis 1995.
Les dix principaux fournisseurs de contingents étaient le Bangladesh, le Pakistan, le Nigeria, l'Inde, le Ghana, le Népal, l'Uruguay, la Jordanie, le Kenya, et l'Ethiopie. Seulement 10 pour-cent des effectifs militaires et de police déployés dans les opérations de maintien de la paix sont originaires de l'Union Européenne et 1 pour-cent vient des Etats -Unis.
Constatant une hésitation de la part des pays développés à engager leurs troupes dans les missions des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, a rappelé aux Etats Membres que « l'approvisionnement en militaires et policiers bien équipés et entraînés aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies repose sur la responsabilité collective des Etats Membres. On ne peut et ne doit donc pas attendre des pays du Sud qu'ils assument seuls ce fardeau.»
Comment les Casques bleus sont-ils rémunérés?
Contrairement aux membres de la police et le reste du personnel civil qui sont payés sur le budget de maintien de la paix établi pour chaque opération, les Casques bleus sont payés par leurs gouvernements conformément à leur propre grade et à leur échelle de salaire nationale respective. Les pays qui fournissent du personnel militaire aux opérations de maintien de la paix sont remboursés par l'ONU au tarif net d'un peu plus de 1000 dollars par soldat et par mois et reçoivent des compensations pour l'équipement. Mais ces indemnités sont parfois différées en raison du manque de liquidités causé par le non paiement par les Etats Membres de leur quote-part. Comme la majorité des Casques bleus sont fournis par des pays en voie de développement, ces retards de paiement constituent pour eux un poids financier supplémentaire.
Les casques bleus peuvent-ils recourir à la force?
Selon la conception traditionnelle du maintien de la paix, les forces de l'ONU étaient peu ou non armées et ne pouvaient employer la force qu'en cas de légitime défense. Toutefois, plusieurs événements survenus ces dernières années ont suscité d'intenses débats sur la manière d'améliorer l'efficacité des casques bleus engagés dans des missions complexes et dangereuses tout en assurant leur impartialité.
L'expérience a démontré que les opérations ne disposant pas de ressources et du personnel suffisants, ni des règles d'engagement fortes n'ont pas été en mesure de contenir les factions armées qui se sont soulevées dans les situations d'après conflit, à la fin des guerres civiles. Dans certains cas, les casques bleus eux-mêmes ont été la cible d'attaques et ont subi des pertes dans leurs rangs.
De plus en plus fréquemment, le Conseil de sécurité confie aux opérations de maintien de la paix des mandats votés en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies intitulé "Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression". Il définit les conditions selon lesquelles le Conseil de sécurité peut autoriser l'emploi de la force pour "donner effet à ses décisions" en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix ou d'acte d'agression.
La Charte des Nations Unies peut donc autoriser autorise les casques bleus à recourir à des actions robustes à l'aide d'armements dissuasifs. Les règles d'engagement définissant l'emploi de la force ont été consolidées de façon à permettre aux casques bleus, dans certaines circonstances, d'utiliser « tous les moyens nécessaires » en vue de protéger les civils dans les zones de déploiement de leurs unités et d e prévenir tout acte de violence contre le personnel des Nations Unies.
Actuellement, les missions de maintien de la paix en Côte d'Ivoire, au Kosovo, au Libéria, en République Démocratique du Congo et en Sierra Leone disposent de mandats adoptés en vertu du chapitre VII.
Bien qu'ayant réaffirmé la nécessité que les casques bleus soient adéquatement équipés pour pouvoir se défendre et protéger les populations placées sous leur protection, le Secrétaire général a souligné que cette nouvelle «doctrine» ne devait en aucune façon être interprétée comme un moyen de transformer les Nations Unies en une machine de guerre et que l'emploi de la force devait toujours être considéré comme une solution de dernier recours.