CS/10929
Conseil de sécurité
6928e séance – après-midi
Relevant de la MONUSCO, la Brigade mènera des opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est du pays, précise M. Ban Ki-moon
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a appelé le Conseil de sécurité, cet après-midi, à autoriser le déploiement d’une brigade internationale d’intervention en République démocratique du Congo (RDC), laquelle serait chargée de mener des « opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est » du pays, et de « fournir à la brigade l’appui politique nécessaire ».
« La situation sécuritaire demeure fragile et exige des actions urgentes », a déclaré M. Ban, qui présentait son rapport spécial sur la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs*.
Le Secrétaire général a affirmé que cette brigade d’intervention, relevant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), et dont l’établissement avait été demandé par les acteurs régionaux, devra « contenir la progression des groupes armés tant congolais qu’étrangers, les neutraliser, et les désarmer ».
Il a précisé que des consultations avec les actuels pays contributeurs de contingents de la MONUSCO et avec des contributeurs potentiels de la brigade internationale avaient lieu afin de préparer, si le Conseil donne son feu vert, le « déploiement rapide » de celle-ci.
M. Ban a également annoncé qu’il nommerait un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs qui travaillera en étroite collaboration avec les gouvernements des États de la région pour accompagner la mise en œuvre des mesures prévues aux niveaux national et régional.
Le représentant de la République démocratique du Congo, M. Ignace Gata Mavita, a expliqué, de son côté, que son pays plaçait « beaucoup d’espoirs » dans les deux initiatives qui découlent de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, signé le 24 février à Addis-Abeba, « à savoir l’ajout de drones aux capacités de surveillance de la MONUSCO ainsi qu’une brigade d’intervention dont le mandat serait beaucoup plus robuste que les mandats traditionnels de maintien de la paix de l’ONU ».
Tenant compte de la « fragilité de la situation sur le terrain et de l’urgence », le représentant a demandé aux membres du Conseil de sécurité de « prendre rapidement une résolution autorisant le changement du mandat de la MONUSCO » pour en faire ce « mandat beaucoup plus robuste », ainsi que d’autoriser le déploiement rapide de la brigade d’intervention pour « éradiquer les forces négatives, dont le M23, et aider à assurer une surveillance accrue des frontières orientales de la RDC ».
M. Gata Mavita a, de même, appelé les États de la région à exécuter de bonne foi les engagements auxquels ils ont librement souscrit.
« En RDC, des milliers de personnes continuent chaque jour d’être victimes de la guerre. Avec plus ou moins 8 millions de personnes tuées en 15 ans de guerres successives, les massacres des civils de mon pays présentent l’un des tableaux les plus sombres que l’humanité ait jamais connu depuis la seconde Guerre mondiale », a-t-il conclu.
« La rébellion du M23, qui a commencé en avril 2012, a amené une nouvelle vague de malheurs dans l’est de la RDC », avait auparavant déclaré le Secrétaire général, au début de son intervention. « Il est en notre pouvoir de rompre ce cycle et de modeler quelque chose de différent », a-t-il dit, estimant que la stabilité à long terme était « possible » mais exigeait de « s’attaquer aux causes profondes de cette violence ».
Une solution durable passe par quatre ingrédients, a indiqué Ban Ki-moon: elle doit être « ancrée dans la volonté politique des dirigeants de tous les pays de la région »; elle doit « examiner les causes structurelles nourrissant l’instabilité à l’intérieur de la RDC elle-même »; elle doit « respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et les préoccupations et intérêts légitimes de tous les pays concernés »; et elle exige « un engagement et un appui à long terme de la part de la communauté internationale ».
M. Ban a de fait préconisé l’adoption d’une « approche globale et innovante », laquelle, a-t-il précisé, est présentée dans son rapport spécial et forme le socle du cadre de coopération conclu à Addis-Abeba.
La signature de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région représente une « chance historique », a dit le Secrétaire général, rappelant que 11 pays des Grands Lacs « se sont engagés à respecter la souveraineté et l’intégrité de leurs voisins, à renforcer l’intégration économique et à ne plus tolérer ni fournir d’appui aux groupes armés ».
- S/2013/119