MONUC PIO
La situation humanitaire est toujours grave dans l'est de la République Démocratique du Congo, ont jugé, le 27 novembre 2008 à New York, plusieurs organisations non gouvernementales, qui ont demandé au Conseil de sécurité des Nations unies, d'agir afin de mettre un terme au conflit et venir en aide aux populations civiles.
Lors d'une conférence de presse conjointe organisée au Siège de l'ONU, Oxfam, Refugees International, World Vision et Human Rights Watch ont appelé, de même que les membres du Conseil de Sécurité, au renforcement des effectifs de la Mission des Nations unies en République Démocratique du Congo (MONUC), à une modification de son mandat afin de se concentrer sur la protection des civils, et à la prise en compte de l'aspect économique du conflit.
«La situation humanitaire est toujours aussi terrible. Les gens ont faim, ils n'ont pas accès aux soins médicaux, les femmes et les jeunes filles continuent d'être victimes de violences sexuelles terribles de la part de tous les acteurs», a déclaré Georgette Gagnon, Directrice exécutive de la division Afrique de Human Rights Watch.
Deux raisons principales expliquent la persistance de cette situation, a-t-elle affirmé. D'abord, le soutien apporté aux belligérants par des parties externes à la République Démocratique du Congo, a-t-elle expliqué, citant notamment le rôle du Gouvernement du Rwanda, des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), et «des compagnies engagées dans des activités minières et qui alimentent le conflit». Deuxièmement, «l'impunité qui règne» dans les rangs de l'armée régulière congolaise, qui est «l'un des principaux responsables de violations des droits de l'homme», a-t-elle ajouté.
En plus de l'envoi immédiat d'une «force de relais dans l'attente d'un renforcement de la MONUC», Mme Gagnon a donc appelé le Conseil de sécurité à redéfinir le mandat de la MONUC, notamment le volet concernant sa mission de soutien à l'armée régulière congolaise. «Il est évident que cela pose des problèmes quand ces forces commettent elles-mêmes des abus» contre les populations civiles, a-t-elle déclaré, réitérant la nécessité de mettre fin à l'impunité dont jouissent certains militaires.
Carina Tertsakian, de l'ONG Global Witness, a, de son côté, appelé la communauté internationale à prendre en compte la «dimension économique» du conflit. «Nous avons rassemblé des documents sur la manière dont l'exploitation illicite des ressources naturelles dans l'est du Congo alimente cette guerre», a-t-elle indiqué, rappelant que les provinces du Sud et du Nord Kivu sont riches en minéraux notamment en or. «Tous les principaux groupes armés, ainsi que l'armée congolaise, sont directement impliqués dans le commerce de minéraux», a-t-elle ajouté, soulignant que «ce commerce semble être devenu une fin en soi».
Charles Mampasu, Directeur du programme d'urgence d'Oxfam à Goma, a, pour sa part, affirmé que «des choses horribles se déroulent à Goma» et que «le nombre de personnes contraintes de quitter leurs villages est en augmentation». Il a appelé le Conseil de sécurité à «donner à la MONUC les moyens» de son mandat, et, dans l'attente d'un éventuel renforcement de ses effectifs, à «mettre en place une force qui sera capable de protéger les civils dans l'est de la République Démocratique du Congo».
Enfin, Stephen Crawshaw, de Human Rights, a plaidé «pour un renforcement des effectifs de la MONUC», jugeant que le coeur du problème ne réside pas dans la formulation du mandat de la Mission, mais «dans la réalité sur le terrain». «Certains gouvernements européens pourraient, s'il y avait suffisamment de volonté politique concertée, trouver le nombre relativement faible de soldats nécessaires sur le terrain», mais «nous n'avons pas vu la volonté politique», a-t-il déclaré.