Chaque année, le paludisme fait de nombreuses victimes en RDC. Cette endémie touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Bien plus qu'un problème de santé publique, le paludisme constitue un fardeau socio-économique important dans un pays o=F9 une grande partie de la population est démunie. De ce fait, il contribue au processus d'appauvrissement des populations et par ricochet du pays, en baissant la productivité et en privant les communautés des moyens consentis à la prise en charge des malades.
Les chiffres disponibles au Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) sont évocateurs. Dans une enquête menée en 1998 dans les zones de santé, il y a eu 2.013.399 cas de malaria et près de 200.000 décès. Cependant, il est précisé que si l'on considère que 80 % des cas et décès surviennent à domicile, la réalité serait que ce chiffre devrait être cinq fois plus élevé, soit 1million de cas de maladie par an. Une autre enquête du PNLP menée au cours de l'année 2.000 renseigne que la prévalence chez les écoliers entre 5-9 ans était en moyenne de 34 % (14 à 71 %).
L'accessibilité aux soins pose problème
Dans un contexte de pauvreté accentuée, l'accès aux soins reste difficile pour les populations. Certains Congolais recourent à l'automédication, d'autres à la médecine traditionnelle à base de plantes (citronnelle, feuilles de papayer, « Kongo bololo ») ou d'une noix communément appelé «Ngadiadia »... Avec la prolifération des églises de réveil, d'autres encore cherchent leur guérison dans la prière.
Outre ces couches défavorisées, il existe des populations déplacées ou réfugiées qui vivent dans une telle précarité qu'elles sont d'autant plus vulnérables à toute maladie dont le paludisme.
Face à la menace que représente ce fléau, la RDC a une politique de lutte contre cette endémie qui s'inscrit dans le cadre de l'initiative mondiale « Faire reculer le paludisme » (FRP), lancé par l'OMS et ses partenaires en 1998. Les objectifs majeurs du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) sont la réduction de la mortalité et de la morbidité dues au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, ainsi que la réduction du fardeau socio-économique dû au paludisme. La RDC, pays post-conflit en proie à d'énormes difficultés, s'est approprié cette initiative mondiale, mais c'est un chantier o=F9 beaucoup reste encore à faire.
Pour réaliser son pari de faire reculer le paludisme, la RDC bénéficie de l'aide de nombreux partenaires. Parmi ceux-ci, il y a les ONG nationales et internationales, les coopérations bilatérales et multilatérales (Banque mondiale, Union européenne, USAID,...). C'est dans ce cadre que des moustiquaires imprégnées d'insecticide ont été distribuées ou vendues en marketing social. Des enfants et des femmes ont pu ainsi être traités, un personnel de santé plus efficace a été formé.
30 millions de dollars EU pour combattre le paludisme
La Banque mondiale a accordé un don de 150 millions de dollars EU à la RDC dans le cadre du Projet d'appui à la réhabilitation du secteur santé (PARSS). La population cible est estimée à environ 20 millions d'habitants, répartis en 161 zones de santé.
Le PARSS, en phase de démarrage, est placé sous la coordination du docteur Jacques Wangata. Il comporte une composante d'une hauteur de 30 millions de dollars EU visant à renforcer la lutte contre le paludisme. Cette composante prévoit
- une prévention paludique durant la grossesse à travers le traitement présomptif intermittent chez la femme enceinte ; et
- le traitement efficace du paludisme à travers l'administration de coordination thérapeutique à base d'Artémisine (CTA) en première intention.
Par ailleurs, le projet prévoit également la prise en charge de cas compliqués de paludisme par l'administration de quinine. Le PARSS va permettre à la population en général, aux enfants et aux femmes enceintes en particulier, d'accéder plus facilement aux moustiquaires imprégnées d'insecticide longue durée (MIILD). Ce projet prévoit de rendre disponible 2 MIILDs par ménage pendant quatre ans. Une autre partie du projet prévoit des actions de sensibilisation des communautés à la prévention et au bon usage de toutes ces interventions afin que la population s'approprie véritablement ces interventions.
La composante paludisme du PARSS appuie le plan stratégique « Faire reculer le paludisme ». Elle va s'exécuter en coordination avec d'autres initiatives internationales, notamment celle du Fonds mondial. Elle constitue ainsi une grande contribution à la lutte contre la pauvreté car elle va permettre à l'état et aux ménages de faire des économies. Et cela d'autant plus qu'au-delà de la prise en charge, l'accent sera surtout mis sur la prévention. Pour le Dr Wangata, la prévention du paludisme est importante et doit avoir une approche multisectorielle en vue de saisir toutes les opportunités pour sensibiliser la population à avoir un comportement conséquent qui ne permet pas le développement des gîtes larvaires.
Un montant supplémentaire de 13 millions de dollars EU sera affecté à la lutte contre le paludisme dans le cadre du nouveau projet d'urgence de réhabiltation urbaine et sociale (PURUS) approuvé le 29 Mars dernier. Ce montant financera notamment la distribution de trois moustiquaires imprégnées de longue durée pour chaque ménage à Kinshasa (environ 2 millions au total) afin d'atténuer la mortalité infantile due à la malaria. Il est important de souligner que tous ces financements restent encore insuffisants vu l'ampleur de la maladie en RDC. Il faudrait des ressources additionnelles du gouvernement et des partenaires pour atteindre les objectifs d'Abuja réitéré dans la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP)
Par Didier Munsala, Journaliste en collaboration avec Louise Engulu Mekonda, chargée de communication (Banque mondiale)