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DR Congo

Ituri : plus de 600 miliciens rejoignent le programme de démobilisation de la MONUSCO et de ses partenaires

Jean-Tobie Okala

Une lueur d'espoir se profile en Ituri, région meurtrie par l'insécurité depuis 2017. Mercredi 15 janvier 2025, à Mabanga, dans le territoire de Djugu, plus de 600 miliciens, membres du « groupe d'auto-défense » Zaïre, ont déposé les armes. Près de 85 armes légères et des munitions ont été récupérées lors de cette cérémonie organisée à 45 km de Bunia, capitale provinciale. Ce geste marque la volonté de ces anciens combattants de s'inscrire dans le processus de paix initié par le gouvernement, avec le soutien de la MONUSCO.

Jeanine Matsisi est l’un des visages emblématiques de cette initiative. Après quatre années passées dans un groupe armé, elle fait plus que ses 40 ans. « Mon mari et nos trois enfants ont été tués par des gens armés. Moi aussi, je voulais tuer la personne qui les avait tués », affirme-t-elle se rappelant de ce sentiment de vengeance. Pourtant, elle dit n’avoir jamais pris une vie et aspire désormais à un avenir pacifique : « Notre chef, Baraka, nous a demandé de déposer les armes et de remettre tous les équipements militaires. Donc, je suis heureuse de quitter cette vie pour me consacrer à la prière, à l’agriculture et à l’éducation des deux enfants qui me restent ».

David B. Lombu, un autre démobilisé de 26 ans, partage la même aspiration et se tourne désormais vers l’avenir avec des projets concrets. Il souhaite se lancer dans l'orpaillage, l’activité qu'il menait avant. « Avant, le processus n’était pas clair. Aujourd’hui, on y voit plus clair, et nous voulons la paix. »

« Dès qu’ils déposent les armes, l’armée/ECVA leur remettra un certificat de désarmement et d’éligibilité au programme de démobilisation. Ensuite, ils passeront à la phase d’identification et d’orientation. Nos partenaires, notamment des Nations Unies, de l’Union européenne et du STAR-EST, ont déjà mis à disposition des fonds qui serviront à soutenir la réinsertion des ex-combattants dans la communauté. Dans un premier temps, tous rejoindront dans la vie civile. Cependant, ceux qui souhaitent continuer à servir la nation pourront rejoindre la RAD (Réserve armée pour la défense). Enfin, une autre équipe du PDDRC-S national viendra de Kinshasa pour délivrer une carte de démobilisation, leur conférant officiellement le statut de démobilisés. », explique Flory Kotoko, coordonnateur intérimaire du PDDRC-S en Ituri

En parallèle, la MONUSCO et ses partenaires, dont l’Union européenne et le Fonds de cohérence pour la stabilisation, soutiennent la réintégration communautaire. Plus de 200 kits civils (vêtements, chaussures, etc.) ont été distribués et des fonds sont prévus pour des projets agricoles, des travaux à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO) ainsi que des activités génératrices de revenus.

« Nous recueillons les attentes des combattants, des jeunes à risque et des femmes afin de développer des projets adaptés. L’objectif est de stabiliser cette région et renforcer la résilience des communautés », explique François M. de la MONUSCO.

Un long chemin vers la paix

Cette cérémonie intervient alors que le processus de paix, lancé en 2021, avance lentement. En mai 2023, un dialogue à Aru avait réuni certains groupes armés, cependant l’absence des groupes d’auto-défense, comme Zaïre, avait limité l’impact des accords. Leur engagement actuel est donc perçu comme un signal fort pour la paix, bien que des défis subsistent.

Parmi les conditions posées par les milices : la reprise par les FARDC des zones sous contrôle d’autres groupes armés, la protection des déplacés et des programmes de relèvement communautaire pour éviter la délinquance.

Cette initiative de démobilisation intervient quelques jours après la publication d’un rapport du Groupe d’Experts des Nations Unies qui pointait certains leaders du groupe Zaïre. Malgré ces tensions, elle représente un pas important vers la stabilité en Ituri.

Ce soir, pour la première fois depuis des années, ces ex-combattants dormiront sans craindre des représailles, ni être une menace pour qui que ce soit. Leur message est clair : « La paix est porteuse d’espoir, elle ouvre la voie à une vie nouvelle ».