Un réseau pour le suivi de la sécurité alimentaire.
La coordination des opérations agricoles d’urgence de la FAO compte sur un certain nombre d’antennes dans les provinces : Lubumbashi, Bukavu, Mbuji-Mayi, Kananga, Mbandaka, Kikwit, Goma, Kisangani, Kalemie, Kindu.. Ces antennes récoltent des informations sur la sécurité alimentaire et la consommation des ménages suivant une grille très simple et adaptée à chaque ville. Tout autre intervenant qui le désire peut recevoir un modèle de grille et nous envoyer les infos de la région où il intervient. Nous les résumerons ici.
Katanga
Lubumbashi. La coordination des opérations agricoles d’urgence de la FAO en RDC vient de clôturer une enquête à Lubumbashi, pour le mois d’octobre 2002, sur la consommation des ménages. L’enquête a touché 1205 ménages répartis dans les 42 quartiers des sept communes que compte la ville. Nous reproduisons ci-dessous, les principaux résultats :
La consommation moyenne des habitants de la ville est de 1335,1 calories et de 40,5 gr de protéines par personne et par jour. Par rapport aux standards établis par les nutritionnistes pour une vie active et saine ( 2300 cal. et 70 g de protéines par jour et par personne), cette consommation présente un déficit de 964,9 calories (42%) et de 29,5 g de protéines (42 %) (graphique).
Le tableau donne la situation alimentaire des différentes communes : seules les communes de Lubumbashi et de Ruashi ont une consommation dépassant les 1500 calories par personne et par jour.
Ceci est probablement dû au fait que la commune de Lubumbashi héberge la majeure partie de commerçants, de responsables de différents secteurs privés et de hauts fonctionnaires ; tandis que la commune de Ruashi abrite des trafiquants des matières premières ainsi que quelques employés du secteur privé.
Dans le bas du tableau, figurent la commune annexe et celle de la Kenya, habitées principalement par des semi-ruraux ; la consommation y est inférieure à 1132 calories et à 32,5gr de protéines par personne et par jour.
La taille moyenne du ménage est de 7,5 personnes. Le tableau ci-dessous donne les détails de la ration journalière moyenne : la farine de maïs occupe de loin la première place comme source de calories (1007,9). Elle est suivie de la farine de manioc (85,6) et d’autres céréales.
Les légumes les plus consommés sont par ordre d’importance décroissante : les feuilles de manioc, l’amarante, les feuilles de patate douce, la tomate ; ce sont essentiellement donc, les légumes locaux.
Il convient de signaler par ailleurs que l’essentiel des protéines consommées provient des céréales (70 %), tandis que les aliments d’origine animale n’apportent que 11,6 % contre à peine 5,4 % pour les légumineuses à graine. On note que les légumes (12,3 %) apportent davantage que les aliments carnés ! Et parmi ceux-ci, il faut relever l’importance du poisson alors que la viande d’élevage est pratiquement absente du menu.
Il convient de signaler également que la farine de maïs est importée à 80%, le haricot à 90%, l’arachide à 70%. La farine de froment, le chinchard, le lait sont importés à 100%. Ces chiffres donnent la mesure de la dépendance de la ville vis-à-vis des approvisionnements extérieurs dont 75 % viennent du sud du continent.
A la suite de la sécheresse qui a frappé l’Afrique Australe au début de l’année 2002, la Zambie et le Zimbabwe ont interdit les exportations des principales denrées alimentaires hors de leurs frontières. Cette mesure a fait craindre une véritable famine pour les habitants de l’hinterland minier du Katanga (bulletin d’information sur la sécurité alimentaire n°26). Heureusement pour ces populations, la Tanzanie est venue à la rescousse en ouvrant ses frontières aux exportations du maïs sur Lubumbashi.
Mais le très faible pouvoir d’achat des ménages ne leur permet pas un accès minimal aux denrées alimentaires présentes sur le marché. Sur 100 chefs de ménages, 44 sont sans emploi ou tous travaux ( sans qualification professionnelle), 24 sont des fonctionnaires de l’Etat avec des salaires symboliques, 21 sont des agents du secteur privé ou para- étatique en faillite (GECAMINES, SNCC), 6 pratiquent le commerce et 5 sont agriculteurs.
Moins de 20 % des familles ont une provision d’au moins un aliment de base ; 80 % se débrouillent au jour le jour en tout. Les stocks d’aliments concernent la farine de maïs (18 % des ménages), le riz (5 %), les légumes (7 %), le poisson (5%).
La crise alimentaire est telle que même les liens de solidarité clanique bantoue si célèbres sont mis à rude épreuve : une seule famille sur 100 a reçu un don en farine de maïs.
La dépense alimentaire moyenne du Lushois se chiffre à 0,36 $US par jour, les extrêmes se situant à un minimum de 0,11 $US et un maximum de 1,15 $ US. Face aux prix des denrées alimentaires de base (tableau) cette dépense correspond à des quantités de nourritures insignifiantes.
Le nombre de femmes chefs de ménages est d’environ 20 %. Il semble que ce chiffre soit en augmentation, à cause des ruptures des ménages engendrées par la précarité des conditions de vie, mais aussi à cause d’une mortalité plus importante des hommes - qui seraient plus exposés aux risques de la débrouille ?-
Parmi les mécanismes de survie gagnant, il y a lieu de citer les activités champêtres : bon nombre des sans emploi, des fonctionnaires de l’Etat, des agents de la GECAMINES et de la SNCC ainsi que des femmes chefs de ménages trouvent refuge dans les activités de production agricole de proximité.
La Coordination des opérations agricoles d’urgence de la FAO a distribué en saison A 2002, 156 kg de semences maraîchères, 11710 canetons et 107 tonnes de semences vivrières à 15 078 ménages des plus vulnérables. Elle a également installé 5 ha de champs de manioc devant servir à multiplier des boutures appartenant à des variétés améliorées, susceptibles de résister aux différentes attaques, pour une distribution ultérieure.
Chaque ménage agricole bénéficiaire a eu en plus de semences, des outils aratoires (machette, houe, râteau...), tandis que les éleveurs obtenaient une ration d’aliments pour volaille qui devait assurer le démarrage de l’élevage.
En outre, il importe de signaler les activités des projets GCP/DRC/028/BEL « Appui au Développement de l’Horticulture Urbaine et Périurbaine « HUP » et PNUD/FAO/DRC/2000/001 « Projet d’appui aux producteurs du secteur agricole dans les provinces de Katanga, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental et Kinshasa « 4 K » qui ont tous les deux oeuvré dans le même sens.
Malemba-Nkulu. Le territoire de Malemba-Nkulu est situé dans le district du Haut Lomami dans la Province du Katanga. Il a fait face depuis le début de l’année 2002 à une recrudescence des affrontements opposant les différentes factions Mayi-Mayi et les troupes FAC (Forces armées congolaises) présentes dans la région.
Ce regain de violence a eu pour conséquence une augmentation des mouvements de la population à travers le territoire entraînant une dégradation des conditions de vie.
Le pillage systématique des maigres ressources matérielles de la population, des stocks alimentaires et de semences, la destruction de villages, ainsi que l’incendie des champs, le harcèlement de la population au niveau des barrières « militaires » sur les routes, le viol et l’extorsion ont été depuis le début de l’année le lot quasi quotidien d’une population condamnée à fuir en forêt et à se déplacer au gré des mouvements FAC et Mayi-Mayi.
L’état déplorable des infrastructures de santé, voire dans certains cas, l’inexistence de structures de ce type, la présence endémique du choléra dans certaines zones et un déficit alimentaire de plus en plus important, n’ont fait qu’aggraver une situation déjà fort critique.
Face à cette situation , une mission d’évaluation conjointe OCHA, UNICEF, PAM, FAO et de l’ONG ACF s’est rendue sur place, les 29 et 30 octobre 2002. Nous rapportons ci-dessous ses principales observations :
Peu d’ONG sont présentes dans la zone et ceci principalement en raison de l’insécurité et de l’inaccessibilité des victimes du conflit : le territoire entier souffre de son enclavement dû non seulement à la guerre mais aussi à l’état déplorable des infrastructures routières.
Trois ONG internationales y sont actuellement présentes, à savoir : Action contre la Faim, World Vision et Médecins sans Frontières-France. Le Comité international de la Croix-Rouge devrait d’ici peu ouvrir un bureau dans la zone.
Depuis le début de l’année, les populations du territoire de Malemba-Nkulu n’ont pas cessé de se mouvoir d’un coin à un autre du territoire, certains trouvant refuge au niveau des zones urbaines plus sûres , d’autres se réfugiant dans la forêt.
Des centaines de déplacés originaires du territoire se concentrent au niveau de Malemba-Nkulu, Lubundoy et Kabambulu, fuyant soit les combats , soit le choléra.
Au niveau de Songwé, la majorité des déplacés provient de l’autre côté du fleuve, de Kalemie, Kongolo, Kabalo et de Manono, territoire sous contrôle des rebelles du RCD.
Le mouvement de retour reste fort timide, les gens craignant toujours les exactions des troupes armées. Le nombre total des déplacés de guerre et des sinistrés est estimé à 143 181 soit 20 496 familles.
La superficie cultivée par famille a fort baissé, passant de 200 ares environ en temps normal à moins de 30 ares. Les activités agricoles sont presque à l’arrêt pour les raisons suivantes :
- le manque de semences : les semences de haricot, de niébé et de maïs n’existent presque plus. Tout a été pillé ou brûlé. Tous les greniers sont vides. Les champs de manioc ont été brûlés. Le paysans espèrent qu’avant l’arrivée de la saison des pluies certains pieds de manioc vont reprendre;
- le manque d’outils agricoles. Dans certains villages trois familles partagent la même houe ;
- la peur qui paralyse la population, victime de trois pillages de champs et greniers en 10 mois car le risque de nouveaux affrontements entre les Mayi-Mayi et les FAC ne peut être définitivement écartés ;
- l’inaccessibilité d’une grande partie des terres les plus productives qui se trouvent dans la zone sous contrôle des May-May;
- la dégénérescence des boutures de manioc suite non seulement à la mosaïque mais aussi et surtout à l’incendie des champs.
Voir la carte "Mouvement IDP’s"
Les activités de pêche ont beaucoup diminué malgré la vocation de pêcheur des populations riverraines du fleuve et du lac Kisale . Ceci se traduit par la rareté des poissons sur le marché et une commercialisation presque nulle. Malemba Nkulu était dans le temps un des grands centres producteurs de poissons pour l’Hinterland minier du Katanga et les deux Kasaï.
Les raisons principales de la baisse des captures sont à rechercher dans :
- le manque de filets de pêche qui ont été soit pillés, soit brûlés par les factions belligérantes ;
- l’insécurité le long du fleuve qui constitue la ligne de démarcation entre la zone gouvernementale et rebelle et dont la démilitarisation reste théorique : présence de soldats et de patrouilles ;
- la vétusté des pirogues ;
La mission a recommandé entre autres :
- l’intervention en semences (maïs, haricot, niébé) et outils agricoles (houes, machettes, haches) ;
- d’intervenir à partir du mois de janvier (saison B) en partenariat avec ACF et CARITAS qui ont des structures et des moyens logistiques sur place. Une intervention immédiate n’aurait pas d’effet bénéfique à long terme, la population n’étant pas encore réinstallée chez elle et ne pouvant disposer de ses champs en toute quiétude pour y travailler.
Bandundu
Kikwit. La consommation par jour et par personne est de 1834,7 cal. et de 32,6 g de protéines. Par rapport aux seuils minimaux, le déficit est respectivement de 465,3 calories et 37,4 grammes de protéines, soit 20,2% et 53,4% (figure).
Les détails de la consommation moyenne journalière sont fournis au tableau . On y note un déséquilibre alarmant en protéines tant du point de vue quantitatif que qualitatif : l’apport des différents groupes d’aliments en protéines, dans l’ordre de grandeur décroissante, se présente comme suit : céréales et féculents (43,9 %) ; légumes (36,9 %) ; produits d’origine animale (17,1 %) ; légumineuses à graines (2,1 %).
La ration alimentaire, dominée par le manioc et le maïs, avec une consommation très faible des produits d’origine animale, est très monotone. Le déficit calorique constaté pourrait s’expliquer plus par la faiblesse de l’appétit due à la monotonie de la ration plutôt que par une faiblesse éventuelle des disponibilités en céréales et féculents. Le peu de protéines animales consommées est fourni essentiellement par du poisson de mer (chinchard : 1,8 g), du poisson fumé (1,7 g) et du poisson salé (1 g). Le chinchard importé arrive à Kikwit via Kinshasa, tandis que le poisson salé et fumé provient essentiellement du district de Maïndombe. Le très faible pouvoir d’achat des ménages ne leur permet pas d’acheter les quantités conséquentes de ces denrées. La dépense alimentaire moyenne par personne et par jour s’élève à 64 Fc, soit environ 0,18 usd. La taille moyenne des ménages est de 6 personnes.
La région de Kikwit est grande productrice de maïs, de manioc et d’autres produits vivriers qu’elle fournit essentiellement à Kinshasa et à Tshikapa, au Kasaï-Occidental. La production de l’année 2002 a été estimée bonne, grâce en partie, aux intrants agricoles distribués par la FAO. Selon le Commissariat Fluvial de Kikwit, au total 48 bateaux ont acheminé de Kikwit à Kinshasa, entre janvier et novembre, de l’huile de palme (1238 tonnes) , du maïs (1391 tonnes ) et du manioc (1758 tonnes) (tableau), sans compter les évacuations par voie terrestre.
Il n’a pas été possible d’évaluer le tonnage transporté par routes, mais vraisemblablement, les évacuations par cette voie ont été ralenties suite au mauvais état de la route nationale n°1 vers Kinshasa et de la défectuosité du bac qui assure la navette sur la rivière Loange vers Tshikapa. Les véhicules mettent entre 4 et 5 jours pour couvrir ces parcours, contre 2 à 3 en temps normal. Ces difficultés ont eu pour conséquence la difficulté d’évacuation des produits agricoles présents dans les villages, aggravée par le mauvais état des routes de desserte et une relative abondance à Kikwit qui a contribué à la stabilisation des prix. Cette année, la période de soudure est passée inaperçue et le millet qui sert d’aliment de soudure a eu du mal à s’écouler à Kikwit.
Maniema
Kasongo. Dans la province du Maniema, les combats qui ont opposé les Mayi-mayi au RCD-Goma, n’avaient pas directement touché les territoires ou zones de santé du sud, depuis 8 ou 10 mois environ. Mais vers la fin du mois d’août, la guerre connu une escalade au nord de la cité de Kasongo, affectant les populations civiles, vivant sur la ligne de front ou aux alentours, avec son cortège de massacres d’innocents, de pillages, de viols, de violations des droits de l’homme et d’exactions de tous genres dans le chef des deux parties belligérantes. Aujourd’hui, des milliers de familles ont trouvé refuge dans la forêt.
En plus de l’insécurité, l’enclavement du Sud- Maniema constitue une autre contrainte majeure aggravée par la guerre. Avant la seconde vague de guerre de 1998, le Maniema était considéré comme l’un des greniers du Congo ; c’était avant la fermeture du trafic ferroviaire et fluvial, avant que les routes de desserte agricole ne soient complètement détruites. Aujourd’hui, la bicyclette est devenue le mode de transport le plus courant pour amener les marchandises à Kasongo, peuplé de 46 000 habitants.
Une mission mixte, composée de la FAO, OCHA,UNICEF, PAM, OMS, CARE International, CONCEM, et FOMETRO, s’y est rendue du 19 au 22 nov. 2002, pour évaluer la situation humanitaire. Elle rapporte ce qui suit :
Selon plusieurs sources oeuvrant dans le territoire de Kasongo, la situation humanitaire à Pangi et à Kibombo serait pire que dans le territoire de Kasongo. Une rapide évaluation de la situation alimentaire faite par la FAO a montré que 30 % des ménages à Kasongo consomme deux repas par jour, alors que la grande majorité doit se contenter d’un maigre repas, constitué essentiellement de tubercules de manioc.
Environ 131.020 personnes nouvellement affectées dans le seul territoire de Kasongo et alentour ont besoin d’une assistance d’urgence. Outre les 131.020 personnes, 61 000 déplacés récents se cachent en forêt fuyant d’être massacrées, pillées et traquées par les Mayi-mayi et d’autres bandes armées, pendant qu’un autre groupe de 16 000 personnes se déplace le long du rail entre Kibombo et Samba.
Kindu. Au mois d’octobre 2002, l’antenne de la FAO à Kindu a mené une enquête sur la situation alimentaire des ménages. L’enquête a couvert deux communes sur trois, à savoir : Kasuku et Mikelenge. La commune d’Alunguli n’a pas été touchée pour des raisons sécuritaires. Nous donnons ci-dessous les principaux résultats :
La taille moyenne des ménages est passée de 5,5 en temps normal à 10 actuellement. En effet, depuis mai 2001, la ville de Kindu est prise en tenaille par les Mayi-mayi qui contrôlent et harcèlent les populations de l’hinterland (Lokandu, Kaîlo, axe Kilima). De ce fait, les ruraux fuyant l’insécurité affluent vers Kindu. Dans la ville même, on note un mouvement de populations allant des quartiers périphériques vers les quartiers centraux, pour les mêmes raisons.
Cette situation a profondément perturbé la production des vivres, les circuits d’approvisionnement de la ville et l’accessibilité des ménages aux denrées alimentaires.
La consommation moyenne journalière par personne est de 1.116 calories contre le minimum requis de 2300 et de 22,4 g de protéines contre 70 g. La dépense alimentaire moyenne par personne et par jour se chiffre à 0,35 $.
Les champs situés loin de la ville sont devenus inaccessibles. Le trafic ferroviaire, fluvial et routier s’est arrêté, cédant la place au mode de transport par vélo, par pirogue ou à dos d’homme. Les élevages et les champs sont régulièrement pillés, de sorte que les prix des denrées alimentaires ont pris l’ascenseur (tableau). Le ravitaillement de la ville est devenu très difficile et les produits importés par avion sont hors de portée de la bourse des ménages moyens, exceptés le fretin et le haricot en provenance de Goma. Il convient de noter que le trafic entre Goma et Kindu a pris de l’essor ; pour les mois d’août et de septembre, 46 tonnes de fretins et 42 tonnes de haricot ont été transportés sur Kindu.
Parmi les mécanismes de survie développés par la population, on retient le maraîchage, l’agriculture péri-urbaine et la pisciculture familiale. La FAO accompagne ces efforts et a distribué des semences à 10 000 ménages sur les 255 000 que compte la ville.
Nord Kivu
Béni. Suite à la guerre qui fait rage actuellement en Ituri (encadré), le nombre de personnes qui se déplacent vers le Nord Kivu s’accroît sans cesse. Les humanitaires estiment à 40 000 le nombre de nouveaux arrivants à Béni. A leur arrivée, ils sont accueillis par les communautés religieuses qui organisent une collecte de vivres pour leur survie. La ration alimentaire est principalement constituée de la pâte et des feuilles de manioc, prise en un seul repas par jour.
Devant cette catastrophe, les autorités locales ont mis en place une cellule de crise qui est dépourvue de moyens nécessaires pour venir en aide à cette population sinistrée.
Les donateurs locaux commencent à se lasser. A part les quelques familles qui ont pu recevoir des vivres du PAM et non-vivres de l’UNICEF par l’intermédiaire de World Vision, les déplacés sont obligés de se présenter comme main d’oeuvre agricole pour pouvoir bénéficier d’une rémunération en nature de la part de la population d’accueil (vivres, habits, savon, ustensiles...)
Initialement prévue pour les 8.000 personnes identifiées au mois de juillet 2002, l’aide en vivres du PAM et non-vivres de l’UNICEF distribués par l’ONG World Vision, est devenue insuffisante devant le nombre actuel de déplacés.
« Lors d'assaut des militaires du MLC sur Mambasa (district d'Ituri) le 12 octobre, des populations civiles ont été égorgées à l'arme blanche sur base ethnique parce qu'elles étaient Nande - de la même ethnie que le chef du RCD-Kis/ML, Mbusa Nyamwisi. Selon une source qui vient d'effectuer une mission sur place, les témoins d'atrocités commises comme les viols, mutilations et massacres sont nombreux à Mambasa et les fosses communes sont encore visibles. Plusieurs femmes ont été violées en présence de leurs maris, des filles en présence des parents. Selon la même source, plusieurs familles ne peuvent pas retrouver leurs filles disparues avec les militaires de Bemba. En plus, la population civile a été dépouillée de tous ses biens lors du passage des militaires MLC qui sont passés de maison en maison pour piller les biens de la population civile et détruire ce qu'ils ne pouvaient pas prendre. »
OCHA, nov. 2002
La FAO a programmé deux interventions : une assistance aux sinistrés de l’axe Beni - Eringeti par la distribution de 23 tonnes de semences de maïs et de haricot à 3255 familles d’accueil ainsi que 100 kg de semences maraîchères et 2150 houes à 5450 ménages déplacés. Ces distributions seront assurées par World Vision ; une autre intervention se fera en faveur des déplacés de l’axe Béni-Mangina-Mambasa. 1680 familles recevront 31 kg de semences maraîchères et 840 houes, via CESVI.
Informations récoltées et résumées par la Coordination des opérations agricoles d'urgence de la FAO en RDC.
Tel: 00243/ 8805164, 8805089, 8805401
Fax: 00243 43353
e.mail : faourg.rdc@ic.cd
Jean-Pierre Renson, Jérôme Kasongo Banga, Pierre Musulubila, Bugomvi Kamalebo, Vangu Lutete, à Kinshasa.
Philippe Bakunzi, Alexis Bonte, Ngandu Kabadi, Vunabandi Kalenzi, Dieudonné Katusi, Michel Ngongo, Mutombo Tanganik, Paulin Kitungwa, Mbongo Mbantshi dans les provinces.