KASAI – Même si la paix est revenue dans de nombreux territoires de la région du Kasaï, les conséquences de la crise sur les enfants se font encore sentir aujourd’hui. Crispin est infirmier au centre nutritionnel de la zone de santé de Tshikaji, à une dizaine de kilomètres de Kananga. La zone a beaucoup souffert de la violence.
Des mois sans accès aux services de base
Crispin lui-même a dû se cacher dans un petit local de son centre lorsque de violents combats ont fait rage à quelques mètres du centre. Lorsque plus tard, le centre a été occupé, il a fui pendant trois semaines. Aujourd’hui, la paix est revenue mais “la population ici continue à souffrir“.
Avant la violence, Crispin traitait en moyenne entre 10 et 15 enfants souffrant de malnutrition aiguë chaque jour. “Aujourd’hui, je dois prends en charge en moyenne 40 enfants“, souligne Crispin. “La population a dû se cacher pendant plusieurs mois dans la brousse, sans accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’assainissement. Il n’y avait presque pas de nourriture. Quand ils sont sortis de la brousse, beaucoup de jeunes enfants étaient sévèrement malnutris.”
Peu d’espoir à court terme pour les populations du Kasai
Le Dr Bruno Kapinga, médecin chef de la zone de santé de Thsikashi, estime que la situation risque de ne pas s’améliorer à court terme. “Les gens n’ont pas été en mesure de cultiver leurs champs l’année dernière. Il n’y a donc pas grand-chose à récolter et à manger. La population n’a rien qu’ils peuvent vendre sur le marché local. Il leur manque l’argent pour payer pour les soins de santé de leurs enfants.”
De nombreux territoires dans la région du Kasaï sont aujourd’hui en niveau 4 en termes d’insécurité alimentaire, le deuxième niveau le plus dangereux. Les conséquences se feront sentir au moins jusqu’en juin 2018. Peut-être même plus longtemps, car il y a encore beaucoup de gens qui n’osent toujours pas encore se rendre sur leur champ, de peur d’être confrontés à nouveau à la violence. C’est une situation dangereuse qui risque de faire augmenter le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë.
Objectif : sauver des vies
Crispin ne laisse se laisse pas décourager. Il est là pour sauver la vie des enfants. “Chaque matin, je commence par peser et mesurer les enfants qui viennent au centre. Chaque enfant qui prend du poids, me rend heureux. Avec la pâte thérapeutique d’arachides enrichie de minéraux et de vitamines que l’UNICEF met à notre disposition, je traite les enfants. Avec cette alimentation thérapeutique, un enfant peut être sauvé de la mort dans quelques jours.”
Dans un coin du centre, Crispin a créé un espace de cuisine où il donne aux mères des conseils pratiques pour assurer une alimentation saine et équilibrée à leurs enfants, avec le peu de nourriture qu’ils ont à leur disposition.
Monique est l’une des mères qu’aide Crispin. Elle s’est rendue il y a trois semaines au centre nutritionnel avec sa fille Tshitala, âgée d’un an et demi. Après avoir vécu trois mois en brousse, la petite fille était sévèrement ma nourrie et présentait des œdèmes sur tout le corps. Aujourd’hui Tshitala porte mieux mais Crispin précise que “sa maman va devoir s’assurer qu’elle donne à Tshitala une bonne alimentation pour qu’elle ne rechute pas dans la malnutrition.”
Lutter contre la malnutrition aiguë sévère au Kasaï
Avant la crise du Kasaï, quatre zones de santé dans la Province du Kasaï Central et de la Province voisine du Kasaï étaient en état d’alerte nutritionnelle, avec plus de 2% des enfants souffrant de malnutrition sévère aiguë. Aujourd’hui, ce nombre a augmenté à quinze zones de santé. L’UNICEF estime que 700 000 enfants sont touchés par la malnutrition aiguë dans toute la région du Kasaï. 350 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère. Sans assistance, ces enfants risquent de mourir.
L’UNICEF et ses partenaires ne disposent actuellement que de 15% des fonds nécessaires pour prendre en charge les enfants souffrant de malnutrition sévère aiguë à Tshikaji et dans le reste de la région du Kasaï. Il y a donc un besoin urgent de plus de fonds pour éviter que des milliers d’enfants dans la région du Kasaï meurent des conséquences de la malnutrition.