Pour mettre fin à la violence qui sévit à l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), la communauté internationale doit nommer de toute urgence un envoyé spécial de haut niveau et fournir un soutien militaire supplémentaire à la force de maintien de la paix des Nations Unies, la MONUC.
Oxfam appelle la communauté internationale à immédiatement faire pression pour stopper les combats, garantir la sécurité de la population de l'Est de la RDC et initier un processus de paix véritable et durable.
"Pour résoudre le conflit au Congo, un changement majeur s'impose dans l'engagement de la communauté internationale", déclare Stefaan Declercq, Secrétaire Général d'Oxfam-Solidarité et porte parole d'Oxfam-en Belgique. "Au cours des dix dernières années, il y a bien eu des accords de paix et des troupes de maintien de la paix, mais le soutien international à ces initiatives a toujours fait défaut."
"Les grands perdants en sont les 5,4 millions de morts ainsi que les millions d'autres personnes forcées de fuir leurs maisons. La communauté internationale ne peut plus rester impassible devant de telles souffrances", poursuit Declercq.
Oxfam International appelle :
- Le secrétaire Général de l'ONU à nommer immédiatement un envoyé spécial de haut niveau dans la région, mandaté pour : ramener tous les protagonistes à la table des négociations, trouver un accord de paix durable et s'attaquer aux causes profondes du conflit.
- A un soutien militaire supplémentaire pour la MONUC afin qu'elle puisse répondre de manière efficace aux assassinats ciblés de civils, aux viols de masse, ainsi qu'aux pillages systématiques de la part de tous les groupes armés.
- A des mesures pratiques destinées à améliorer l'efficacité de la MONUC en terme de protection des civils.
Il faut renforcer la MONUC !
"Il n'y a pas de solution purement militaire à ce conflit ; il ne peut être résolu par le simple envoi de troupes ou de matériel militaire. Cependant, s'il est déployé correctement, un soutien militaire supplémentaire pourrait contribuer à l'amélioration de la sécurité, à l'application du cessez-le-feu et à la distribution par les agences humanitaires de l'aide à ceux qui en ont désespérément besoin " ajoute Thierry Dethier, responsable du plaidoyer humanitaire d'Oxfam-Solidarité.
Jusqu'à présent, la MONUC n'a pas été capable d'assurer la paix et de protéger les civils de l'Est du Congo. Sans un véritable projet politique accompagné d'un engagement diplomatique adéquat pour résoudre à la fois la crise actuelle et les facteurs à son origine, même l'envoi de troupes supplémentaires de la MONUC n'aura vraisemblablement que très peu de résultats.
Des conséquences humanitaires dramatiques
Depuis le mois d'août, quelques 200 000 personnes ont dû fuir leurs maisons à cause des combats entre le Congrès National de la Défense des Peuples (CNDP) de Laurent Nkunda et l'armée congolaise.
Les combats se sont intensifiés autour de Goma et dans l'Est du Kivu depuis quelques jours, obligeant des milliers d'autres à fuir leurs maisons ainsi que les camps dans lesquels elles cherchaient refuge.
Les combats ont également empêché la distribution d'aide essentielle à ceux qui en ont besoin et des agences humanitaires ont été forcées de suspendre leurs opérations dans la zone.
Au Nord Kivu, Oxfam-Solidarité intervient depuis 2005 dans le Territoire de Rutshuru, une des zones les plus affectées par les récents événements. Une identification des besoins a été réalisée récemment et un nouveau projet est toujours planifié dans les villages les plus vulnérables au début de l'année 2009, afin d'apporter un soutien efficace à des milliers de familles.
Au vu des récents événements, les partenaires d'Oxfam-Solidarité à Goma ont été en contact avec le bureau de Bukavu. Actuellement, ils identifient les besoins auxquels ils pourraient répondre dans les jours qui viennent à la crise actuelle avec l'appui d'Oxfam-Solidarité.
Trois autres affiliés d'Oxfam International sont actifs dans l'Est du Congo. Oxfam Grande-Bretagne fournit de l'eau potable et des installations sanitaires à quelques 65 000 personnes réfugiées dans quatre camps autour de Goma. Jeudi, le personnel international a dû déménager temporairement en dehors de Goma, mais le personnel national est resté sur place et des mesures ont été prises afin que l'accès à l'eau et aux installations sanitaires ne soit pas coupé à l'intérieur des camps.
Notes aux rédactions :
1. Le 23 janvier, le gouvernement congolais et 22 groupes armés ont signé l'accord de paix de Goma, qui les engageait à un cessez-le-feu immédiat et au respect des lois internationales sur les Droits de l'Homme. L'accord de Goma faisait suite à l'accord du mois de novembre 2007 entre les gouvernements du Congo et du Rwanda, aussi connu sous le nom de communiqué de Nairobi, qui avait pour but de résoudre la question de la présence des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé rwandais, à l'Est du Congo.
2. Avant même la recrudescence récente de la violence, il ne faisait pas bon être civil en République Démocratique du Congo. Depuis 1998, le conflit a entraîné la mort de 5.4 millions de personnes, notamment à travers des maladies et des famines. Environ un million de personnes a été déplacé à l'Est du pays. Le viol est endémique. Cette année, chaque mois plus de 1.100 femmes ont rapporté avoir été victimes de viols, et les chiffres exacts sont susceptibles d'être encore plus hauts.
3. Oxfam-en-Belgique (Oxfam-Solidarité, Oxfam-Magasins du Monde et Oxfam-Wereldwinkels) est membre d'Oxfam International. Celle-ci est une confédération de 13 organisations* à but non lucratif indépendantes, apolitiques et non confessionnelles qui, aux côtés de nombreux partenaires dans plus de 100 pays, travaillent ensemble pour trouver des solutions durables à la pauvreté et à l'injustice en s'appuyant sur le respect des droits fondamentaux.
Les Oxfams revendiquent une approche intégrée des problèmes et sont actives à la fois dans les domaines de l'aide humanitaire d'urgence, l'éducation au développement, les projets de développement à long terme et le plaidoyer.
*Allemagne, Australie, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Hong Kong, Irlande, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Québec.
Personnes de contact
En Belgique (Bruxelles) :
Thierry Dethier, responsable du plaidoyer humanitaire d'Oxfam-Solidarité
: +32 497 45 18 31
En RDC (Bukavu ou Goma) :
Michel Luntumbue, représentant d'Oxfam-Solidarité en RDC (à Bukavu) :
+243 999 270 307
Sur la situation humanitaire et sécuritaire à Goma et Rutshuru, deux représentants de nos partenaires locaux (à Goma) :
Michel Ramazani, Chef d'Antenne Plate-forme Diobass au Nord-Kivu : +243998611846
Etienne Mbakulirahe Kyalenga, Secrétaire Exécutif Permanent de la Fédération des Organisations des Producteurs Agricoles au Nord Kivu (FOPAC) : +243 998 623440